Hizb Ettahrir, parti islamiste tunisien, se comporte, ces temps-ci, comme un Etat dans l’Etat. Ce parti dont les troupes auraient participé activement aux récentes émeutes du sud, à Fawar et à Douz, vient de tenir en grande pompe son 4ème congrès à Tunis sur un thème controversé «L’Afrique du Nord, noyau d’un grand Etat», sous-entendu le califat. C’était, le samedi 13 juin 2015.
Lors de ce congrès, bizarrement hyper-médiatisé par les médias publics et privés, rien n’indiquait qu’on était en Tunisie. Il n’y avait aucune référence à la Tunisie, à son régime laïc et républicain, à ses signes de souveraineté, à son drapeau, à ses institutions et à ses frontières territoriales. On était tout simplement dans une zone offshore et hors temps.
Un congrès aux couleurs de Daech
La logistique utilisée (banderoles, slogans, discours, accoutrements) rappelaient par contre le sinistre et macabre mode de vie du mouvement terroriste Daech.
Tout y était, à l’exception des armes et de la coutellerie traditionnelle des bouchers daechistes.
Les seuls étendards brandis par des congressistes de tous les âges sont les drapeaux noirs des djihadistes, le tout sur fond de chants liturgiques, de takbir à gogo (Allah Akbar) et de cris stridents à gorge déployée appelant à l’application de la Chariaa et à la restauration du Califat et de la Omma.
Les discours étaient à la hauteur du décor. Ils étaient dans leur ensemble takfiristes (apostasiants) accusant tous les pouvoirs qui se sont succédé à la tête d’«El Omma» de traitres et de collaborateurs avec l’Occident qui a spolié les ressources naturelles des pays (pétrole et autres) et appauvri en conséquence «les peuples».
Hizb Ettahrir, un parti takfiriste
Celui du gourou, le porte-parole du parti Hizb Ettahrir, Ridha Belhaj, a été fortement applaudi par une foule enflammée laquelle était beaucoup plus encline à chahuter, à se donner en spectacle et à bêler à tue-tête qu’à écouter leur gourou.
Utilisant à merveille sa théorie préférée, celle du complot impérialo-sioniste, le gourou a mis en garde contre une nouvelle colonisation de la Tunisie et une nouvelle mainmise de l’Occident sur le pétrole.
Sachant pertinemment que son auditoire était pour la plupart inculte et loin de faire la différence entre membre permanent de l’OTAN et allié majeur non membre de l’OTAN -objet du mémorandum conclu entre la Tunisie et les Etats-Unis lors de la récente visite dans ce pays du président de la république Béji Caïd Essebsi-, il s’est fait un vilain plaisir à stigmatiser avec virulence cet accord et à y voir, dans des termes à peine voilées, une scandaleuse compromission. Il est allé jusqu’à proférer des menaces: «nous ne laisserons pas la Tunisie entre les mains d’une laïcité, meurtrière, pécheresse et menteuse! Jamais!», a-t-il menacé.
Hizb Ettahrir, judas de la démocratie
Ridha Belhaj, ce judas de la démocratie, ne s’est pas arrêté là. Au lendemain du congrès, il a fait le tour de tous les plateaux des radios et télévision pour fustiger, en toute impunité et de manière ostentatoire, toutes les institutions démocratiques: partis, Parlement, Constitution, lois…
Cela pour de demander au final: Hizb Ettahrir et son porte-parole sont-ils soumis aux lois tunisiennes?
Cette secte et son gourou sont devenus réellement dangereux. Ils ont franchi toutes les lignes rouges. Ce parti, qui exploite les avantages de la démocratie et du pluralisme politique auxquels il n’a jamais contribué pour saper ces mêmes avantages.
Finalement, on ne peut déplorer que la présidence du gouvernement qui ne rappelle pas à l’ordre ce parti d’autres temps et hors lieu.
Haro également sur ces médias qui accordent, généreusement, une précieuse tribune au porte-parole de ce parti moyenâgeux.
La solution réside dans la séparation du politique de la religion
En toute franchise, je pense que la meilleure solution, voire la solution radicale pour finir avec ce genre de secte serait de restaurer l’article 3 du chapitre premier de la loi portant organisation des partis politiques au temps de Ben Ali.
Selon cet article, «un parti politique ne peut s’appuyer fondamentalement dans ses principes, activités et programmes sur une religion, une langue, une race, un sexe ou une région».
L’idéal demeure toutefois de séparer définitivement la religion du politique.
A bon entendeur.