La French Touch revient à New York marier investisseurs et entrepreneurs de la tech

c51c909ce94d5a4cdb22b850f24edf660a6eafb2.jpg
AXA center de New York le 24 juin 2015 (Photo : TIMOTHY A. CLARY)

[24/06/2015 21:17:39] New York (AFP) Des centaines d’acteurs de l’économie internet se retrouvaient mercredi et jeudi pour la deuxième édition de la French Touch Conference organisée à New York, décidés à multiplier les passerelles entre les savoir-faire et les investisseurs de part et d’autre de l’Atlantique.

Signe de la priorité accordée par le gouvernement français à ce secteur, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron était attendu mercredi soir à New York, prenant la suite de la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire, “marraine” de cette manifestation venue en matinée appeler la “diaspora française” à appuyer le développement de l’économie numérique en France.

L’entrepreneur Gaël Duval (JeChange.fr), à l’origine de la French Touch, s’est félicité d’avoir pu réunir plus que les quelque 400 participants venus à la première édition l’an dernier pour “construire un pont entre les communautés de la tech”, sur les deux piliers de développement que sont “la capacité de pouvoir accéder très rapidement à beaucoup d’argent” à New York, et “un monde d’ingénieurs et créativité hors norme” formés en France.

Selon Frédéric Montagnon, fondateur basé à New York de SecretMedia, une entreprise qui aide les annonceurs à contourner les logiciels de blocage de publicité, les liens sont déjà étroits: “7% des startups de NYC qui ont levé de l’argent auprès de capitaux risqueurs ont été fondées par des Français”.

Par ailleurs, assure-t-il, les trois quarts des start-ups franco américaines implantent leurs activités commerciales aux Etats-Unis pour conquérir un énorme marché, mais maintiennent en France leurs activités de recherche et développement, où affaiblissement de l’euro aidant, il revient 2,5 fois moins cher de localiser ces activités.

– échange de recettes –

Eric Hippeau, survivant de la bulle internet de 2000, ancien directeur général du Huffington Post et associé du fonds Lerer Ventures, a été le premier mercredi à exposer ses tactiques d’investissement lors de cette conférence, qui a rapidement pris l’allure d’un séminaire approfondi de haut vol pour réussir le démarrage ou la croissance d’une entreprise technologique.

Il a expliqué que Lerer Ventures investissait peu dans des entreprises basées en France, car “le code fiscal est trop compliqué”, “mais nous avons investi sur des entrepreneurs français”, a-t-il souligné, citant Pierre Valade, qui a vendu à Microsoft pour une centaine de millions de dollars son application de calendrier Sunrise.

M. Valade, basé à New York, est venu donner quelques unes des recettes de son succès. “Je ne pense pas à bâtir des entreprises, mais à construire un produit et pour cela trouver la bonne équipe”, a-t-il assuré.

Patron de BlaBlaCar, l’une des rares “licornes” françaises, ces jeunes entreprises de la tech valorisées à plus d’un milliard de dollars, Frédéric Mazzella a exposé pour sa part son modèle de croissance: acquisition de concurrents pour se développer rapidement à l’international, et entretien d’une forte culture d’entreprise à coup de rassemblements annuels au ski de tous les collaborateurs mondiaux.

Aujourd’hui présent dans 19 pays et fort de 300 employés, BlaBlaCar embauche pour accompagner sa croissance exponentielle, a martelé M. Mazzella, et serait prêt à récupérer des talents français qui se sont développés ailleurs, à commencer par les Etats-Unis.

L’occasion de redonner de la visibilité à la campagne #ReviensLéon, qu’il a lancée le mois dernier pour faciliter le recyclage en France de Français ayant réussi dans le domaine de la Tech à l’international.

Pour M. Mazzella, cette campagne, qui repose sur une plateforme de recrutement avec site internet de petite annonces ciblées, vise à assurer une “circulation des compétences” et vanter l’écosystème des jeunes pousses françaises, “qui n’ont rien à envier à 90% des startups américaines”.

M. Duval a annoncé que, fort du succès de la conférence new-yorkaise, qui l’an dernier a directement permis à trois entreprises de lever des investissements en plus de multiplier les prises de contact, il lancerait en novembre une French Touch Conference à Tel Aviv. Il espère ensuite jeter ses passerelles à Shanghai, puis à Rio et en Afrique.