étéorologique sur les hauteurs de la station de Vars dans les Alpes du sud de la France, le 26 juin 2015 (Photo : Jean-Pierre Clatot) |
[28/06/2015 11:14:27] Vars (France) (AFP) Perchés sur les sommets, ils décortiquent en temps réel les précipitations qui s’abattent sur les versants et alertent en cas de danger: des radars hydrométéorologiques nouvelle génération permettent d’anticiper les dégâts potentiels des pluies torrentielles en montagne.
Plus compacts et dotés d’une portée d’onde raccourcie pour épouser les profils accidentés, ces outils faciles à installer sur les reliefs escarpés sont testés depuis 2010 en trois points culminants de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Leur système de calcul se base sur l’analyse instantanée du cumul des précipitations en un lieu ou une zone. Il offre la possibilité aux acteurs de la montagne de disposer d’un faisceau de données éclairant sur l’imminence de phénomènes naturels liés à la pluie: mouvements de terrains, crues soudaines ou encore “laves torrentielles” (l’écoulement violent d’un mélange d’eau, de boues et de rochers).
“C’est un outil d’anticipation en tête d’une chaîne de décision. Il va qualifier la +gravité+ de la pluie, à savoir son abondance sur un point donné, et prévenir les risques”, précise Frédéric Atger, pilote du projet “Rhytmmes” – Risques hydrométéorologiques en territoires de montagne et méditerranéens – chez Météo France.
Exposée à ces aléas climatiques, la zone isolée de Vars, dans les Alpes du sud, où a été installé, à 2.500 mètre d’altitude, le dernier des trois radars, manquait jusqu’alors de chiffres pluviométriques fiables en raison de l’incapacité du réseau de radars de plaine – au nombre de 29 en France – à dompter la complexité du relief montagnard.
“Le réseau de pluviomètres est dense, mais pas en Rhône-Alpes, où la distance entre deux éléments est parfois étendue à cause des massifs alpins”, ajoute Frédéric Atger, protagoniste de ce projet engagé en 2008.
– Une cartographie des zones à risque –
Concrètement, le radar émet des ondes se déplaçant à la vitesse de la lumière qui lui sont renvoyées par les gouttes de pluie, permettant ainsi de relever l’intensité de la précipitation, mais aussi de repérer son positionnement et son sens de déplacement.
Les données recueillies par son antenne parabolique, capable de distinguer la pluie de la neige ou de la grêle, sont actualisées toutes les cinq minutes. Elles sont ensuite modélisées afin d’être reportées dès réception sur une cartographie consultable directement par l’utilisateur depuis une plateforme internet.
étéorologues regardent les images transmises par les radars hydrométéorologiques de Vars dans les Alpes du sud de la France, le 26 juin 2015 (Photo : Jean-Pierre Clatot) |
“Nous sommes également en mesure de calculer le débit de rivières ou de torrents – qui récoltent la pluie ruisselante des pentes -, et prédire le comportement du cours d’eau toutes les 15 minutes”, explique Catherine Fouchier, chercheur-hydrologue à l’Irstea, l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, partenaire du projet.
En période hivernale, ces radars permettront également de mieux connaître la quantité d’eau présente dans le manteau neigeux et ainsi d’évaluer sa stabilité avec plus de précision. “Mais ce n’est pas leur cible principale”, fait remarquer Frédéric Atger.
L’été, en revanche, la détection d’une absence prolongée de précipitations permettra de repérer les zones affectées par la sécheresse et donc exposées aux feux de forêt. “L’objectif, c’est également de fournir une cartographie des zones à risques en montagne en se basant sur la pluviométrie”, conclut Catherine Fouchier.
Ce système et sa plateforme web, qui aura une déclinaison sur téléphone mobile, connaîtra d’abord un déploiement progressif auprès des acteurs locaux – maires, services de l’État, etc. – des communes des Hautes-Alpes et du Var, puis sur d’autres départements montagneux de la région Paca en 2016.
Toujours en phase de qualification, les trois radars seront quant à eux intégrés au réseau déjà en place dans les mois prochains. Au total, le projet a coûté 10,4 millions d’euros.