Deux statuts postés par Ahmed Ibrahim, ancien secrétaire général d’Al Massar et universitaire. Deux statuts édifiants à plus d’un titre car ils évoquent l’approche culturelle en matière d’attentats terroristes chez les djihadistes que semblent exclure de leurs analyses les experts nationaux et internationaux de la question terroriste.
«Dans la tradition, le 12 ramadhan “coïncide” avec le jour de la sortie de la Mecque (Hijra au sens de “migration” et non “Hégire”) vers Médine. Les fous manipulés pour tuer et mourir pourraient être tentés de passer à l’acte. Donc vigilance! J’ai averti qui de droit.
Ceux qui ont lu attentivement le post précédent auront compris, j’espère, que faute d’avoir compris le “modus operandi” du point de vue “idéologique” et mental des escadrons de la mort, les décideurs sécuritaires à Tunis, comme à Washington, Londres ou Paris, se sont involontairement privés de prévoir, prévenir ou déjouer un nombre probablement important d’actes terroristes. Vendredi dernier, pour l’auteur de la tuerie et ses gourous et/ou commanditaires, on n’était pas au mois de juin du calendrier solaire en 2015 exactement comme en 827. C’est ce que penserait toute personne douée de raison. Dans le cerveau de Seyf, le grand savant et général qu’était Asad Ibnu – l-Furat débarquait vaillamment en ce 9 Ramadhan à la tête de 10.000 hommes et commençait le siège de la ville «impie» de Syracuse! Ses gourous le savaient-ils et se sont-ils gardés de lui expliquer que le mois de ramadhan de cette année-là avait déjà lieu en janvier? Ont-ils expliqué à leurs “disciples” que Asad avait observé le jeûne 6 mois auparavant et précisé qu’il allait mourir de la peste? On ne sait pas… Il y a fort à parier qu’ils étaient aussi manipulés que leurs élèves!»
Je n’arrive pratiquement plus à dormir depuis vendredi 26 juin. Je suis profondément choqué -incohérences, remake des mêmes erreurs depuis 2011- en plus inquiétant: gesticulation, signe d’impuissance et d’irresponsabilité dénonce Ahmed Brahim avant d’ajouter «Arrêtez de courir dans tous les sens sous les caméras. Et du peuple. Arrêtez cette platocratie cacophonique. “Quand les blés sont sous la grêle / Fou qui fait le délicat / Fou qui fait le délicat / Fou qui songe à ses querelles / Au cœur du commun combat!”
Tous à côté de la plaque. Gouvernement, Parlement, partis, syndicats, associations.
«L’institut Ibn Malik créé par une association : la racine du mal?
Prenez le temps de réfléchir. Tous ceux qui ont lu les classiques de la stratégie depuis Sun Zu: si tu t’obstines à ne pas vouloir te mettre dans la peau de ton ennemi (qu’est-ce que je ferais si j’étais lui?), tu cours à ta perte! “Loup solitaire” ou hyènes? Vous êtes-vous demandé comment ça fonctionne, ces bêtes? Le jour même au soir, je crois, on a su que Seif était inscrit, non à Kairouan, ça c’est la “couverture”, mais à un certain Institut Ibn Malik des sciences charaiques (c’est à quelques mètres et sur le même trottoir que le local d’El Massar d’El Menzah 9!)… L’annexe de cet institut (Malik aS-Saghir) se trouve sur la grande avenue du cheikh Abdelaziz Thaalbi (ce grand réformateur et patriote doit se remuer dans sa tombe, Allah yarhmou).
Jusqu’à vendredi dernier, le pays facebookien ne vivait que de et sur un sujet: les “fattaras”. Personne n’a réagi, pas plus les jeunes et moins jeunes partisans de la liberté individuelle que notre gouvernement pressé de montrer qu’il était à l’écoute de la “rue”. Tous ont oublié Daech! Je fulminais. Je me disais pourvu que le 17 ramadan (4 juillet) se passe salamaat! Mais la commémoration de Badr, comme celle de «Lailet al Qadr» (La nuit du destin) auraient été des dates prévisibles, les terroristes ont donc choisi une autre date. Et ce fut ce terrible vendredi. A coup de dizaines de lectures liées à ce fameux Institut Malek (c’est-à-dire les mêmes textes que l’assassin), je n’ai pas tardé à ouvrir le disque dur de ce daéchien… Je complète mon information par le fameux Ibn Al’Athir et de divers textes d’histoire et j’utilise pour la concordance des 2 calendriers la vieille formule H=H-3H/100+622 (cf. Dictionnaire français-arabe Al Mujib de mon ami Ahmed El Ayed). Tout devient parfaitement clair. Eureka! Pourquoi le 9 ramadhan? Pourquoi Sousse? Eureka, me répétais-je, car Archimède a aussi quelque rapport avec notre sujet.
Seif a fréquenté l’Institut Imam Malik, on l’a mis sur la voie… C’est “la faute à Voltaire”, comme dirait l’autre. C’est la “faute” à Asad Ibn Al Furat qui commanda, à 69 ans, la flotte qui arriva avec 10.000 hommes aux portes de Syracuse, capitale de la Sicile, et en commença le siège le 9 Ramadhan 212 (le 1er janvier 827). Asad Ibn Al Furat, originaire de Mosoul (Albaghdadi qui occupe la ville depuis un an doit jubiler!), était venu dès son jeune âge avec son père à Kairouan! C’est un grand savant du Hadith, qui fut disciple de l’Imam Malik, et fit son Mouatta dans la capitale des Aghlabides et métropole de tout le Gharb (l’Ifriqia de la Libye à l’Andalousie! Je te salue O Archimède de Syracuse (Saracusa, en it. Sarausa, repris par Ibn Al Athir, Ibn Khouldoun, etc.).
On voit que nos responsables, nos “experts”, ont tout faux. Les nôtres mais aussi les Américains, les Britanniques, les Français. Depuis des décennies, tout le monde est hors sujet. Vos “grandes oreilles”, vos ordinateurs, vos spéciaux, vos forces armées, vos moyens colossaux, n’ont rien vu venir. C’était pourtant “l’œuf de Colomb”! Vous n’avez pas intégré une idée toute simple: une guerre ne peut être menée comme il se doit que si les protagonistes partagent le lieu et le temps. Ici il y a la co-spatialité, mais deux temporalités opposées.
Pourtant il suffisait de penser comme le feraient les terroristes! Bien sûr ils ne sont pas stupides pour faire des communiqués du type: ” En ce jour mémorable du 9 ramadan, nos sabres d’Allah (c’est le sens littéral de l’auteur de la tuerie)!»