Attentats terroristes du Bardo et de Sousse : L’Etat a assuré, aux professionnels de faire le reste

tunisie-economie-reparable-2014-680.jpgLe tourisme secteur sinistré! C’est presque une catastrophe nationale! Tant les dégâts matériels et humains sont importants! Deux coups très durs (Bardo et Sousse) qui prouvent sans équivoque le plan machiavélique des terroristes et de leurs théoriciens de faire plier la Tunisie en s’attaquant à un secteur névralgique.

Quant au PIB, les premières estimations fixent à au moins un milliard de dinars le manque à gagner.

Ce n’est pas un hasard si les terroristes formatés à bonne école, celle des frères musulmans, formés dans des camps d’entraînement libyens comme celui qui vient de perpétrer l’attentat de Sousse, s’investissent aujourd’hui dans la destruction de l’économie tunisienne. L’objectif était clair dès le début: créer le chaos pour occuper le terrain.

C’est aujourd’hui que nous réalisons plus que jamais que les mots “Sixième Califat” prononcés par le discours de Hamadi Jebali, sont plus qu’un lapsus révélateur, tout au contraire, ce sont l’essence même du projet islamiste en Tunisie.

Le gouvernement actuel, lui, avance sur des œufs tant le terrain de l’Administration publique et des autorités locales a été miné de bout en bout . Il essaye de désamorcer bombe sur bombe et encore, Ali Larayedh aurait veillé à laisser des sentinelles partout, question de préserver les intérêts de la fratrie.

Aux grands maux, les grands moyens et à situation exceptionnelle des mesures exceptionnelles. Ce sont les mesures prises par le gouvernement dans le cadre d’un plan de sauvetage du secteur touristique et annoncées lundi 29 juin par Salma Elloumi lors d’une conférence de presse organisée dans la soirée.

Des mesures auxquelles les bénéficiaires doivent associer tous leurs efforts pour que les deniers publics n’aient pas été sacrifiés pour assister un secteur qui s’est toujours complu dans l’assistanat et la victimisation. Les professionnels doivent honorer leur part du marché en assumant leurs responsabilités dans la relance du secteur. Un secteur que notre consœur universitaire Rachida Ennaiefar a dépeint ainsi: «Tourisme sans conscience n’est que ruine du pays. Cela a commencé par les agressions multiples contre l’environnement durant plus d’un demi-siècle et continue maintenant en exposant des centaines de vie humaine au danger et à la mort dans l’impunité la plus totale. La législation tunisienne en matière de tourisme est à connotation foncièrement productiviste, favorable aux hôteliers au détriment des utilisateurs et des citoyens en général. Aujourd’hui plus que jamais la responsabilité des hôteliers et de l’Etat doit être invoquée. Pour sauver le tourisme tunisien, il faut stopper les crimes commis en son nom. Aussi bien législateur que décideurs et magistrats doivent se mettre à la tâche».

Les professionnels ont aujourd’hui l’obligation et le devoir d’assumer leurs responsabilités en mettant en place eux-mêmes un plan de sauvetage touchant à leur secteur d’activité.

L’Etat a plus qu’assumé, il a osé prendre des mesures révolutionnaires alors que les finances publiques souffrent et le pays est aux abois.

Des mesures exceptionnelles pour sauver la saison touristique

Lors du dernier CMR tenu lundi 29 juin, nombreuses ont été les mesures prises par le gouvernement pour limiter les dégâts sur le secteur. Ainsi on a décidé:

– le report des remboursements du principal des prêts contractés par les professionnels et de leurs taux d’intérêts jusqu’à fin 2016 avec un rééchelonnement qui prendra en compte les capacités des établissements touristiques à rembourser les dus;

– prêts exceptionnels dont le remboursement s’étale sur 7 ans pour financer les activités des établissements touristiques pour les saisons 2015 et 2016. Ces prêts sont accordés sur la base d’opérations de refinancement auprès du marché financier. C’est l’Etat qui se porte garant et assume les risques en cas de non remboursement à titre exceptionnel;

– dans le cadre de la gestion prudentielle en matière de management, plus de souplesse sera accordée dans l’application des règles avec maintien des établissements touristiques dans leur classement de 2014.

Sur le plan fiscal et financier, le gouvernement a décidé ce qui suit :  

– baisse de la TVA dans le secteur touristique de 12 à 8%;

– rééchelonnement des créances fiscales;  

– rééchelonnement du remboursement des dettes de la STEG et de la SONEDE;

– abrogation des timbres fiscaux de 30 DT imposés aux touristes en partance de la Tunisie. Mieux encore, pour encourager les TRE (Tunisiens résidents à l’étranger) à venir nombreux cette année en Tunisie, il a été décidé de réduire de 30% des tarifs du transport maritime et terrestre en direction des Tunisiens résidents à l’étranger. Avec répartition des frais engendrés par cette mesure entre les transporteurs (Tunisair et CTN) et l’Etat pour l’année 2015;

– pour soutenir le social, l’Etat s’engage à assurer la couverture des frais de la CNSS pour les établissements disposés à garder leurs employés et permettre au personnel en chômage technique de bénéficier de rétributions sans exiger la fermeture de l’établissement, ce qui n’était pas d’usage jusqu’aujourd’hui;

– rééchelonnement du principal des engagements avec la CNSS sur 7 ans à la demande de  l’établissement défaillant et amnistie accordée sur les indemnités de retard dès paiement final à condition de respecter l’échéancier pour ce qui est du remboursement.

Enfin et dans le but d’encourager les touristes à venir nombreux en Tunisie, des visas seront délivrés aux frontières aux ressortissants chinois, indiens, iraniens et jordaniens ainsi que des visas sur une année pour les investisseurs et les hommes d’affaires en provenance de ces pays.

D’autre part et dans le but d’encourager le tourisme médical, l’Etat a décidé la suppression des visas pour les ressortissants de l’Angola, du Burkina Faso, du Botswana, Chypre, de la Biélorussie et du Kazakhstan.

Les mesures décidées à moyen terme consistent à permettre aux fonds d’investissement à risques (SICAR) de profiter des privilèges fiscaux pour qu’ils puissent participer aux capitaux des établissements touristiques qui désirent procéder à une recapitalisation dans le but d’une restructuration financière.

Des négociations ont été, d’autre part, engagées en Russie pour des opérations de clearing; l’Algérie est tout autant concernée.

Sur le plan sécuritaire et dans un premier temps, 1.000 agents de l’ordre seront déployés sur les 600 hôtels qui fonctionnent. Les opérateurs auront également un rôle à jouer dans la sécurisation de leurs propres unités.

L’Etat a assuré après la tragédie de Sousse en prenant des mesures inhabituelles, voyons voir ce que les professionnels comptent faire.

Wait and see.