La Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation internationale du cacao (OIC ou ICCO par acronyme en anglais) travaillent à développer les opportunités d’affaires que recèle le secteur cacaotier africain – ciblant notamment l’emploi des jeunes et une participation accrue des femmes.
Les deux institutions se sont récemment réunies à Abidjan, en Côte d’Ivoire, afin de définir une coopération qui favorise la transformation de l’industrie du cacao en Afrique.
Le cacao est l’un des 5 «C» (cacao, café, coton, manioc et noix de cajou) que la BAD a décidé d’appuyer dans le cadre de son nouveau projet de stratégie pour l’agriculture et l’agro-industrie.
L’Afrique produit 73% du cacao mondial – Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun et Nigeria représentent à eux seuls plus de 70% de cette production.
Si le cacao représente une source majeure d’exportation, sa production demeure, en revanche, encore tributaire de modestes agriculteurs vieillissants, et affiche des pertes de productivité de plus de 70%, résultat d’une multitude de difficultés.
À l’inverse, la transformation et la commercialisation sont aux mains d’investisseurs étrangers.
Alors que la production mondiale de cacao est évaluée à 12 milliards de dollars EU environ sur le marché de l’exportation, les cultivateurs engrangeant 8 milliards de dollars EU de revenus, le marché mondial du chocolat représenterait quant à lui 110 milliards de dollars EU.
En d’autres termes, la valeur ajoutée du cacao, depuis le stockage jusqu’aux réseaux de vente au détail de chocolat en passant par la production et l’emballage et toute la logistique associée, est dix fois plus importante que la valeur des exportations africaines de cacao.
«Le fort potentiel et les opportunités offertes par le secteur du cacao n’ont pas été pleinement exploitées par les pays producteurs, qui en outre n’ont pas autant profité des progrès et innovations technologiques que d’autres produits de bases», a déclaré Chiji Ojukwu, directeur de l’Agriculture et de l’Agro-industrie à la BAD.
À ce jour, le cacao reste produit par de petits agriculteurs pauvres, et la plupart des pays producteurs de cacao continuent à exporter les fèves en vrac, sans aucune valeur ajoutée. Dans la chaîne de valeur mondiale, l’essentiel du chiffre d’affaires est réalisé après que les fèves atteignent le Nord. Or, de nombreux cultivateurs de cacao et travailleurs du Sud doivent vivre avec moins de 1,25 dollar EU par jour, en dessous du seuil de pauvreté absolue.
Les producteurs de cacao reçoivent aujourd’hui environ 6 % du prix que les consommateurs dans les pays riches paient pour le chocolat. Dans les années 1980, c’était quasiment le triple: 16%.
En conséquence, le secteur cacaotier africain est confronté à des défis de taille, qui doivent être résolus afin de maintenir, voire d’augmenter, sa contribution aux économies des pays producteurs.
«Il est nécessaire de lancer un programme de transformation du secteur, où les producteurs de cacao adoptent une approche d’affaires et où les activités à valeur ajoutée foisonnent, générant de la croissance, de l’emploi et des revenus supplémentaires pour tous les acteurs de la filière sur le continent», a estimé Aly Abou-Sabaa, vice-président de la BAD chargé de l’Agriculture, de l’Eau, du Développement humain, de la gouvernance et des ressources naturelles.
Le potentiel de hausse de la valeur ajoutée du secteur cacaotier est immense en Afrique, et les retombées en seraient décuplées : diversification économique, création d’emplois, hausse des recettes fiscales et, indirectement, amélioration des revenus des agriculteurs. L’offre de nouveaux produits à base de de cacao et de chocolat aux consommateurs africains devrait également entraîner une hausse de la consommation sur le continent, qui ne représente que 4% de la consommation mondiale.
La BAD et l’OIC sont convenues de renforcer leur coopération dans une série de domaines, tels que la création de valeur et la promotion de la consommation de cacao et de chocolat en Afrique, l’accès au crédit, l’accès au marché et aux bourses des matières premières, l’adoption de modèles rentables de production de cacao, le développement de coopératives prospères, la logistique et le transport (avec de plus grandes exigences de traçabilité).
Les deux institutions se sont également engagés à autonomiser davantage les femmes dans la chaîne de valeur du cacao. La production de cacao est une activité à forte intensité de main d’œuvre et donc une importante source d’emplois en milieu rural. Les activités de production de cacao, le traitement post-récolte, les actions de marketing et la création de valeur ajoutée pourraient représenter une source de revenus pérenne pour les femmes, favorisant leur autonomisation économique.
Source : BAD