Les échos des préparatifs pour le lancement du nouveau Canal de Suez ont fait le tour du monde, atteignant des millions de personnes d’horizons différents. L’impact économique de ce projet a été reconnu, sa construction appréciée et son leadership salué. Mais qui sont les véritables héros du nouveau Canal de Suez?
«Je ne suis pas là pour l’argent. Je suis très fier de participer au projet phare de mon pays», a expliqué Mostafa Abd Almaugoud, citoyen égyptien habitant Ismailia.
Il travaille sur le projet du nouveau Canal de Suez depuis six mois comme ingénieur assistant. C’est une journée très chaude de la mi-juin, le soleil tape fort sur le site de construction et l’inauguration du nouveau Canal est à tout juste quelques semaines. Mostapha a le moral haut. Il fait partie d’une équipe de trois, travaillant inlassablement à habiller les berges du Canal de pierres locales. C’est un volet essentiel du projet, qui doit être complété en entier sur les 35 kilomètres de la voie navigable avant le passage du premier navire.
Mostafa, à l’instar des milliers de personnes comme lui qui travaillent tous les jours afin de finir le chantier à temps, est un citoyen fier. Il a souligné l’importance culturelle du nouveau Canal, une opinion largement partagée par les habitants de la ville d’Ismailia.
«L’Egypte mérite un tel projet», a expliqué de son côté un caméraman travaillant sur le projet. «Le pays est passé par des moments difficiles ces dernières années. La réalisation de ce projet d’envergure signifie un nouveau départ».
Ce nouveau départ est sur toutes les lèvres depuis que le président égyptien Abdel Fattah El-Sissi a annoncé la nouvelle en août 2014. Mais rendra-t-on assez hommage aux personnes travaillant sur le terrain, collaborant à ce chantier gigantesque depuis 11 mois, un exploit historique de taille.
De tels efforts ne sont pas nouveaux dans cette partie du monde. Khéops a ainsi lancé la construction de la Grande pyramide pendant la première partie de l’Ancien empire d’Egypte aux alentours de 2589-2566 av. J.-C.
Vingt ans ont été nécessaires à l’aboutissement d’un monument pesant plus de 6,5 millions de tonnes. La Grande pyramide est l’emblème de l’Egypte sur le plan local et international. Cette détermination à édifier un projet phare pour le pays, un symbole de grandeur et un emblème étudié, visité et admiré par des personnes du monde entier, en dit long sur le peuple égyptien.
Ce trait de caractère a résisté à l’épreuve du temps. Le projet du nouveau Canal de Suez en est une parfaite illustration. Le calendrier initial du projet du Canal de Suez prévoyait trois ans pour l’achèvement des travaux. Toutefois, le président El-Sissi, soucieux de montrer la détermination du peuple égyptien, a ordonné l’exécution du projet en trois fois moins de temps.
43 000 travailleurs, comprenant un nombre important d’ingénieurs, étaient mobilisés peu après – des effectifs impressionnants basés dans les alentours des villes de Port Said, de Suez et d’Ismailia. Contrairement à de nombreux grands projets de construction, l’Egypte a rapidement suscité l’intérêt et l’engouement de sa propre population et peut se vanter d’avoir pris en charge localement le projet du nouveau Canal de Suez.
«Nous dirons au monde entier, venez voir ce que les Egyptiens ont construit», a expliqué Mostafa, interrogé sur l’importance du projet pour lui.
«Tout le monde parlera de notre exploit, de ceux qui ont construit le Canal de Suez»
Mostafa a expliqué qu’il racontera à ses enfants sa participation au projet. «Ils en parleront à leur tour à leurs enfants».
Il s’est accroupi près du lit du Canal, alors que deux de ces collègues sont aux commandes d’une pelleteuse, déplaçant le sable. En plus de la stabilisation des lits, ils installent des cabestans de mouillage pour les navires de transit.
«Vive l’Egypte ! Vive l’Egypte!», clame Sayd Abd Al Hamid, 51 ans, originaire de la ville de Mansoura dans la région de Daqahlia. Il travaille sur le site de construction du nouveau Canal depuis le début des travaux, affrontant des conditions climatiques rudes, surtout pendant les mois les plus chauds. Mais, ni lui ni les autres travailleurs ne semblent être affectés pour autant.
Il a déclaré : «Ce projet aura des retombées positives sur l’Egypte et le monde. Il augmentera le revenu national et créera des offres d’emploi pour les chômeurs». Sayd s’est dit déterminé à rester et finir son travail sur le Canal jusqu’à son inauguration le 6 août.
Etant donné le grand nombre de travailleur et la cadence effrénée adoptée par le peuple égyptien afin de finir ce projet, les risques encourus par les travailleurs sont importants. Mais, «nous sommes fiers de l’état de notre santé et du bilan de sécurité enregistré durant la phase de construction, a expliqué un porte-parole de l’Autorité du Canal de Suez. La sûreté et la sécurité des travailleurs sur le site du projet sont de la plus haute importance pour l’Autorité».
Par ailleurs, des centaines de civils sont accueillis quotidiennement, sillonnant le Canal à la découverte de ce projet. Une zone avec places assises a été aménagée près de nombreuses nouvelles statues et monuments, où les Egyptiens peuvent se rassembler et assister à des interventions, tout en suivant le cours des travaux.
Le travail n’est pas encore fini. Mostafa a expliqué que le projet a besoin de l’implication d’un plus grand nombre d’Egyptiens. Il a appelé plus de locaux à venir et faire partie de l’histoire de ce pays.
Mais, avec une inauguration prévue pour le 6 août, le plus gros du travail herculéen est déjà effectué. Les 43.000 personnes impliquées dans la construction de ce projet pourront prochainement contempler le fruit de leur dur labeur.
On appellera cela aimer sa patrie.
Vous avez saisi le clin d’oeil!