L’offre tunisienne de textile/habillement est presque absente sur le marché local, avec une part qui n’excède pas les 10% contre une offre de 90% provenant de l’importation, y compris les importations clandestines qui représentent 50% de l’offre totale. C’est Belhassen Gherab, président de la Fédération nationale du textile (FENATEX), qui l’a déclaré.
Après plus de 4 ans de manque de visibilité, à la suite de la révolution (17 décembre 2010-14 janvier 2011), le secteur du textile/habillement est aujourd’hui l’un des secteurs les plus touchés de l’industrie tunisienne. Il a perdu au cours de cette période 300 entreprises et 30.000 emplois sur les 200.000 existants, a-t-il précisé dans un entretien accordé à l’agence TAP.
D’habitude, les familles célèbrent l’Aid El Fitr (prévu cette année pour le 18 ou 19 juillet) appelé aussi Aid Esseghir (la petite fête), en arborant des vêtements neufs, une coutume ancrée dans les traditions de la société tunisienne, à l’instar des autres pays arabes.
Mais ces dernières années, les Tunisiens ont montré une préférence marquée pour les vêtements importés.
Le Tunisien à l’assaut des vêtements importés
La joie de l’Aid se fait déjà sentir notamment avec la fièvre acheteuse du tunisien observée dans les magasins des vêtements qui ont déjà ouvert leurs portes, deux semaines et même plus avant l’avènement de l’Aid. Ils sont pris d’assaut par les acheteurs à la recherche notamment de vêtements pour enfants.
Au centre commercial d’El Menzah 6, des femmes accompagnées de leurs enfants, en quête des vêtements de l’Aid, ont témoigné à l’agence TAP, de leur prédilection pour les produits importés. Elles ont affirmé avoir renoncé à l’achat d’habits tunisiens “qui sont d’une qualité médiocre alors que leurs prix demeurent élevés”, au moment où le marché est submergé d’articles étrangers divers de sources connues et inconnues.
«On voudrait acheter des articles fabriqués en Tunisie, mais malheureusement à cause de la médiocrité de la qualité du produit tunisien et de son prix élevé, on a recours aux articles importés, malgré leur cherté. J’ai payé environ 300 dinars pour mes achats», souligne cliente…
«Certes les prix des habits importés sont plus chers que les vêtements fabriqués en Tunisie, mais je préfère ajouter une petite somme d’argent pour acheter un article de bonne qualité et qui dure longtemps», a-t-elle souligné.
Les vendeuses de prêt-à -porter confirment la désaffection des acheteurs pour les produits nationaux… “les clients ne demandent que les habits importés… je ne sais pas pourquoi les Tunisiens préfèrent les vêtements importés? Cela pourrait être à cause de la qualité mais en réalité, notre production est la meilleure sauf que le marché du textile habillement en Tunisie pâtit de certaines défaillances telles que l’absence de la main d’oeuvre et de mesures incitant à la production locale”…
Par contre, Olfa Jmail (40 ans), femme au foyer n’est pas satisfaite de l’offre sur le marché que ce soit des articles importés ou locaux: «On trouve des prix de vêtements gonflés par rapport à une qualité médiocre. Je consacre des centaines des dinars pour les vêtements de l’Aid, alors qu’ils se déchirent dès la première utilisation. Le problème de la qualité est en train de s’aggraver une année à l’autre, surtout avec la prolifération des produits contrefaits qui sont vendus dans les circuits de distribution organisés».
Les problèmes de la qualité sont dus à une offre non organisée
Au sujet de la qualité des produits nationaux, le président de la FENATEX évoque la difficulté de parler d’une qualité de l’offre sur un marché “déboussolé” caractérisé par une variété d’offres éparses, entre importation légale, clandestine, marché parallèle, friperie et production locale, car la bonne qualité demeure liée à un marché organisé et contrôlé.
Selon Gherab, la qualité de l’offre tunisienne vendue sur le marché local ne peut être que bonne car l’industrie du TH tunisien dispose de la culture de la qualité et du savoir-faire des marques européennes, d’autant que les entreprises tunisiennes spécialisées en textile habillement fabriquent et vendent des articles de marque à l’étranger.
Il propose de “créer une synergie entre les manufactures travaillant pour l’export et celles travaillant pour le marché local, pour fabriquer un produit TH de qualité adapté aux besoins du tunisien”.