La recapitalisation de la Société tunisienne de banque (STB) et de la Banque de l’habitat (BH), deux des trois banques publiques du pays, a été débattue, mercredi 15 juillet 2015, par la Commission des finances de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Une enveloppe de 1 milliard de dinars a été allouée à cette recapitalisation dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2014. Cependant, l’utilisation de cette enveloppe a été soumise par le pouvoir législatif à la condition de la présentation des résultats de l’audit de la situation financière de chaque banque et de son business plan, a rappelé le ministre des Finances Slim Chaker au démarrage de la séance.
L’adoption du projet de loi relatif à cette recapitalisation dans les délais prévus permettra de lancer la souscription au capital le 3 septembre prochain pour la STB et le 27 juillet pour la BH, a précisé le ministre. Selon les business plans présentés par le ministre, la STB bénéficiera, dans le cadre de cette recapitalisation, de 757 MDT ou bien de 382 MDT si les privés qui détiennent 49,5% du capital acceptent de participer à l’effort de recapitalisation.
Le business plan de la STB porte sur des interventions aux niveaux financier, de l’organisation, du système d’information (72 MDT) et de la gestion des créances douteuses dans l’objectif de les réduire à 21% en 2019, contre 29% actuellement. Il prévoit, également, le renforcement des ressources humaines de la banque avec au programme la création de 1.700 nouveaux postes, notamment dans les nouveaux métiers bancaires, le départ volontaire de 520 agents et le départ à la retraite de 570 autres.
Quant à la BH, une enveloppe de 62,7 millions de dinars a été consacrée à sa recapitalisation. Cette enveloppe sera réduite à 37,3 MDT si les privés qui détiennent 43% de son capital acceptent de contribuer à cet effort, a indiqué M. Chaker.
Quant au business plan relatif à la recapitalisation de cette banque, il prévoit des interventions aux niveaux des ressources humaines, du système d’information, de la gouvernance et de l’organisation avec l’adoption de nouveaux processus de contrôle et de respect des normes de prudentielles. Les créances douteuses de la BH sont estimées actuellement à 24% et devraient atteindre 14% en 2018, d’après M. Chaker.
Selon le PDG de cette banque, Ahmed Rjiba, des actionnaires privés y compris un actionnaire américain ont exprimé leur disposition à contribuer à cette recapitalisation.
Les critiques des députés…
De leur côté, des députés ont critiqué l’absence de vision stratégique quant à l’avenir du secteur bancaire et la présence de banques tunisiennes à l’étranger, notamment en Afrique. Mohamed Ben Salem et le président de la Commission des finances, Mongi Rahoui, ont estimé que le projet de recapitalisation intervient alors qu’aucun effort n’a été entrepris en matière de reddition de compte quant à la détérioration de la situation financière de ces banques publiques dans le passé.
D’autres députés ont soulevé des questions relatives au respect des délais à la lumière de l’absence de note de synthèse du rapport d’audit relatif à la situation de la BH et de la STB, affirmant que ce rapport remis à la Commission, la veille de la réunion, ne permet pas aux députés d’avoir une idée précise sur la question.
Pour le député Mohsen Hassen, la mise à niveau du secteur bancaire est appelée à être globale et à ne pas se limiter à la recapitalisation de certaines banques de la place, s’interrogeant sur le rôle de certaines SICAR régionales dans la promotion du développement dans les régions. Il a aussi appelé à une intervention rapide de l’administration pour sauver la «Tunisian Foreign Bank» (TFB), la banque publique tunisienne opérant sur le territoire français ainsi que pour résoudre les problèmes des deux banques spécialisées dans les micro-crédits, en l’occurrence la BFPME (Banque de financement des petites et moyennes entreprises) et la BTS (Banque tunisienne de solidarité).