Le ministère de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques a lancé une stratégie nationale pour lutter contre la pêche anarchique qui menace la pérennité et le développement du secteur. «Les grandes lignes de cette stratégie portent sur l’installation de systèmes de contrôle “GPS” dans 1.000 bateaux, dont la longueur dépasse 15 mètres et la mise en place d’équipes régionales assurant le contrôle humain dans les régions côtières», a déclaré Youssef Chahed, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture chargé de la Pêche.
S’exprimant, mercredi 15 juillet, au cours d’une journée de formation sur le thème «la pêche anarchique : ses impacts sur l’environnement maritime et les moyens de sa lutte», il a souligné que l’objectif recherché à travers cette stratégie est de détecter les infractions commises par les pêcheurs et de garantir le contrôle des opérations de déchargement et de distribution des produits de la pêche.
M. Chahed n’a pas manqué de rappeler en ce sens que ces équipes sont parvenues, dernièrement, à saisir dans les circuits de distribution, 1.900 kilos des produits halieutiques capturés illégalement.
D’après lui, cette stratégie, qui constitue une approche globale, vise à sensibiliser les pêcheurs qui devraient renoncer à l’utilisation de moyens de pêche interdits. Il s’agit en outre de mettre à leur disposition les outils de pêche légaux, notamment les instruments de pêche traditionnelle.
Sur un autre plan, le secrétaire d’Etat a fait savoir que le ministère a suspendu les procédures de renouvellement et d’octroi des autorisations de pêche « car il devient impossible de connaître leur juste emploi. «Près de 90% des pêcheurs sont ceux qui pratiquent la pêche anarchique», a-t-il encore précisé.
Pour sa part, Mohamed Ghorbel, représentant de l’Institut national des sciences et technologies de la mer (INSTM), a mis l’accent sur la pression exercée, depuis l’indépendance (1956), sur la production halieutiques, laquelle est passée de 15.000 tonnes à 122.000 tonnes en 2013. «Cette hausse de production s’est accompagnée des dépassements axés principalement sur la surexploitation des produits halieutiques et la pêche anarchique», a indiqué le responsable. Et que «les impacts de la pêche anarchiques (la pêche au chalut et la pêche à la senne) sont très graves, s’agissant principalement de la destruction du couvert végétal et la disparition de certaines espèces».
Ghorbel appelle donc les pêcheurs à éviter l’utilisation d’équipements de pêche anarchiques qui défavorisent la biodiversité, à respecter les saisons et les zones de pêche, outre à rationaliser l’exploitation des réserves halieutiques pour assurer leur renouvellement.
Ines Ben Hafsia, chef service à la direction générale de la pêche et de l’aquaculture (DGPA), a évoqué les perspectives de développement du secteur de la pêche en Tunisie, faisant savoir que des projets sont en cours d’exécution. Il s’agit de “Nemo” (mars 2014/février 2017), réalisé par l’Institut agronomique méditerranéen de Bari (Italie) en coopération avec la direction générale de la pêche et de l’aquaculture relevant du ministère de l’Agriculture. L’objectif du projet est d’améliorer le développement socioéconomique et la stabilisation sociale dans les zones côtières rurales afin d’éviter leur abandon par les jeunes pêcheurs.
Il s’agit également du projet “Ready med Fish” (novembre 2013/ novembre 2015) qui a pour objectifs la professionnalisation des jeunes opérateurs de la pêche et la stimulation de l’entrepreneuriat.