La Tunisie célèbre, le 25 juillet 2015, le 58ème anniversaire de la proclamation de la République, un certain 25 juillet 1957. L’heure est au bilan. Ce dernier est globalement positif. La Tunisie est le seul pays arabe à avoir réussi l’exploit d’une double migration: celle d’un système féodal à un système républicain despotique, d’une part, et celle d’un système républicain autoritaire vers un système républicain démocratique, d’autre part.
Les récentes élections législatives et présidentielles transparentes et l’acceptation de leurs résultats, par les partis politiques en lice, en sont une illustration éloquente.
Néanmoins, les républicains tunisiens ne sont pas au bout de leur peine. Le chemin demeure long. La République est, hélas, toujours fragile. L’esprit républicain n’est pas ancré de manière immuable dans l’esprit de tous les Tunisiens. Certains d’entre eux sont attirés par d’autres formes d’organisation politique telles que l’islam politique. En témoignent les milliers de djihadistes tunisiens en Syrie, en Irak, en Libye, au Yémen, au nord du Mali…
La Tunisie s’est forgé la sinistre réputation d’être exportatrice de terroristes. Le retour éventuel au pays de ces terroristes fait peser sur la République une sérieuse menace.
La République a bien résisté aux crises
Il faut dire que dans l’ensemble et après plus d’un demi siècle de gouvernance, la République tunisienne a bien résisté aux moult crises générées par les errements des politiques, les agressions étrangères et des tentatives des trois composantes du pouvoir (armée, religieux et régions-tribus) de prendre le pouvoir.
Parmi ces crises déstabilisatrices, il y a lieu de citer le coup d’Etat militaire avorté en 1962, l’agression armée commanditée, en 1980, par la Libye contre la Tunisie, la révolte du pain en 1984, la banqueroute de 1986, le putsch médical de 1987…
Au temps de Ben Ali, la Tunisie est parvenue à contenir d’importantes crises dont les attaques terroristes islamistes contre des hôtels à Monastir et à Sousse et contre des hommes politiques à Bab Souika (Tunis) et leur corollaire la répression des intégristes au début des années 1990, les attaques de Slimane par des salafistes djihadistes en 2006, la révolte du bassin minier en 2008 et le soulèvement de tout un pays au mois de décembre 2010….
Après le soulèvement du 14 janvier 2011, la République a été ébranlée mais reste toujours debout, et ce en dépit de l’émergence du terrorisme, la démocratisation de la corruption et la recrudescence de la contrebande (trafics d’armes et de drogues).
Mention spéciale ici pour le projet pernicieux des nahdhaouis et dérivés de mettre fin à la République (non célébration de la fête de la République et non reconnaissance des couleurs nationales), de la déstructurer par l’islam politique et de l’intégrer dans la mouvance internationale islamiste…
La République tunisienne aurait pu pâtir davantage n’eut été la survenance dans le monde arabe de certains évènements politiques majeurs. Au nombre de ceux-ci, figure en bonne place la déposition par l’armée égyptiennes du président islamiste Morsi et l’élimination politique des frères musulmans, alliés stratégiques des nahdhaouis en Tunisie.
A signaler également la classification des frères musulmans par certains pays du Golfe comme association terroriste.
La solution réside dans la séparation de la religion du politique
Malgré ces apports significatifs pour la préservation de la République, celle-ci encourt malheureusement des risques de déstabilisation.
Ces risques sont consignés dans un rapport commandité par le Congrès américain. En voici les principales conclusions.
Ce rapport, qui qualifie la Tunisie de «zone de conflits», révèle que le pays, en proie à la polarisation, pourrait connaître des heurts entre camps idéologiques opposés et groupes extrémistes misant sur le désordre et la division.
Ainsi, l’affrontement entre laïcs et islamistes demeure réel, et ce pour une raison très simple. La soi-disant révolution tunisienne n’a pas résolu l’essentiel, «la rupture avec l’islam institutionnalisé».
Vient ensuite l’animosité ancestrale qui règne entre le littoral et l’arrière-pays, entre l’administration centrale et les régions de l’intérieur, entre les communautés du sud et celles du nord (problématique du tribalisme et du clanisme), entre les femmes émancipées et les conservateurs, et entre les jeunes et une police génétiquement violente.
Conséquence: la Tunisie est toujours en butte aux clivages idéologiques, aux inégalités socio-économiques et au déséquilibre régional, ces mêmes clivages qui ont été à l’origine des émeutes de 2010-2011. Ces émeutes, pour peu qu’elles se reproduisent, risquent de porter des coups durs à la République et à donner une nouvelle marge de manœuvre à ses ennemis, particulièrement, qui luttent pour l’instauration du 6ème calfat et de l’application de la Chariaa.
La solution réside dans la séparation définitive de la religion de la politique comme c’est le cas au Maroc (les prédicateurs doivent choisir entre la politique et la prêche), l’interdiction définitive des discours apostasiants dans les mosquées, la fermeture des écoles coraniques qui forment de futurs terroristes, la non autorisation des associations aux desseins inavouables… l’interdiction de la zakat aux mosquées comme c’est le cas en Algérie, et la proscription du Niqab comme c’est le cas au Tchad.
Finalement, tout est une question de volonté politique. En plus clair, pour préserver la République, nos politiques sont appelés tout juste à imiter nos voisins.