Elle est facile à visualiser. C’est une ville pour cyberman, avec éco-logement et entreprise 3.0. C’est une matrice de vie, de travail, d’enseignement et d’affaires. Elle serait facile à vivre car sans congestion de flux. Quand l’index urbanistique devient le cadre de la création de valeur!
En matière de Smart city, on ne parle pas de fiction mais d’expériences concrètes. Il y a un groupe de villes pilotes qui ont su basculer vers le statut de Smart city. Ce sont les villes qui offrent un mix de commodités selon un index urbain né des exigences de la société du savoir.
Visite guidée dans les dédales de la e-city où les IT façonnent notre univers quotidien.
Le “Concept City“ de l’avenir, la ville intelligente
C’est Stockholm (Suède) qui a donné le ton. Elle a piloté son switch sous le regard médusé de l’opinion internationale. Londres lui a emboîté le pas et s’est aussitôt jetée dans la course. Cela lui a pris plusieurs années avec comme point d’orgue les Jeux olympiques de 2012. Et, c’est sans surprise qu’elle est la capitale la plus visitée du monde.
Barcelone s’est faufilée en s’autoproclamant Smart. Elle n’a toutefois pas été désavouée. Montréal se tient sur les starting blocks. Mais songez donc que ni Franckfort, ni Milan, ni Los Angeles, pas même Paris encore moins Sao Paulo ou Sidney ne le sont.
Smart c’est donc devenu un must have. Mais c’est dans le même temps une sacrée gageure. Une ville Smart c’est une ville à la fois connectée, pour e-travail avec e-gov et e-médecine. Elle est branchée, car toutes les activités qu’elle loge dans ses quartiers, ses tours, ses technoparks et autres espaces de spectacles sont tournés vers l’avenir. Tout y respire l’innovation et la qualité. Elle n’est pas encombrée, on y circule bien, réduisant au maximum les pertes de temps notamment sur le trajet domicile travail. On y respire bien car l’environnement y est protégé et entretenu. On n’y gaspille pas.
Au final, c’est la ville intelligente. Elle exerce un effet d’appel sur les compétences qui s’y plaisent et cherchent à s’y installer car elle leur offre un cadre idéal pour produire de la haute valeur ajoutée et s’y réaliser. C’est cela qui ressort d’une magnifique démo sur la Smart city, organisé par le Cabinet Deloitte, au demeurant fort engagé dans les thématiques fortes dont le PPP, et qui a été magistralement assuré par Soumaya Beltaifa, membre du Cabinet. Mais alors comment se mettre en trajectoire de Smart city?
La Smart Sity, la nouvelle ingénierie urbaine
Il faut d’abord savoir penser le concept de Smart City pour pouvoir l’implémenter à sa ville. Cela nécessite beaucoup d’expertise car il ne s’agit pas de faire au petit bonheur la chance. Une smart city c’est un projet et donc son plan ou plutôt un business plan. Basculant dans un autre schéma économique, cette métropole nouvelle a son canevas. Dans l’univers urbain Smart, finies les zones industrielles. On développe des clusters pour les métiers courants et traditionnels. Et tout le monde sait qu’un cluster est un concept éprouvé pour susciter une synergie autour d’une entreprise leader et son orbite d’entreprises collatérales. Quant aux secteurs d’activités à haute valeur ajoutée, elles se logeront dans des technopoles. Le cadre de vie doit y être accueillant, hospitalier et attachant pour fixer une population de hauts cadres, chercheurs et savants et les retenir. Le génie urbain smart fera de ses citoyens une nouvelle race de pionniers pour un ordre urbain nouveau. Il y faut également des universités de premier plan. Cet ensemble ne doit pas être coupé de la ville et doit contribuer à son animation et à sa prospérité. Le linkage entre université, entreprises et cité avec ses espaces de vie, de jeu et de divertissement culturel, y est harmonisé. D’ailleurs les deux doivent contribuer à entretenir une dynamique conjointe. Et, physiquement ils sont imbriqués l’un dans l’autre. La principale artère de la ville doit pouvoir conduire vers le technopôle pour perpétuer cette symbiose bienfaisante. L’exemple auquel on réfère ici c’est la route 128 à Boston, qui mène du centre ville au campus de Harvard. Bien entendu l’environnement type étant celui de Silicon Valley.
Smart City, le défi architectural
Dans cette ville le résidentiel et le commercial ainsi que l’administratif s’imbriquent, dans une symbiose intelligente. Après que la Zone industrielle eut cédé la place au technopark voilà le bloc administratif qui se mue en un immeuble intelligent avec des bureaux de classe ‘’A ‘’dédiés au télé-travail, conçus dans un esprit Big Data où la réunion est relevée par la conférence call et les documents sont sous format GED*. Tout doit contribuer à ce qu’on délivre une forte productivité et de la haute valeur ajoutée. L’espace et la convivialité y sont dans une relation optimisée. Il faut savoir que le cadre de travail en bureau classe A est extrêmement incitatif. La City de Londres dans sa nouvelle texture urbaine, futuriste et esthétique, génère prés grâce aux services financiers près de 10 % du PIB anglais. A Smart city, le résidentiel est sweet home car éco logement avec des techniques de bâtiment économes en énergie. Dans cette nouvelle urbanité le citoyen est responsable. Il est comptable de ses comportements. On n’en est plus à faire attention à ne pas jeter les mégots de cigarettes par terre, à ne pas déverser sa poubelle devant la porte du voisin. Les déchets ménagers sont méthanisés pour fabriquer de l’électricité. Les hôpitaux et autres collectivités publiques sont en cogénération, mode économe en énergie. Les citoyens savent entretenir une solidarité urbaine avec le covoiturage. Le ramassage des écoliers est intelligemment organisé à la manière dont est organisée la convivialité dans une ruche d’abeilles. Le développement durable est dans leurs mœurs. Pour faire court on va dire que Smart on est dans le XXIème siècle. C’est la ville de son temps.
Comment financer les Smart cities
Smart bouleverse les habitudes du citoyen et du travailleur mais également de la gestion collective et du pouvoir. Le changement du paradigme urbain s’accompagne d’une refondation de la gouvernance dans la gestion publique. Il faut une autre forme de participation où le public doit siéger avec le privé et la société civile. C’est le mix financier du salut. Naturellement cette nouvelle composition ouvre des possibilités de financement alternatif des infrastructures collectives. Le 3P peut activer le basculement de la capitale vers le concept nouveau.
Par ailleurs, la collégialité devient obligatoire. Et le recours à un marketing collectif devient une nécessité. Dans ce nouvel ensemble il faut injecter de la vie et du dynamisme. Il ne faut pas se tromper sur le peuplement d’un parc techno et miser sur les acteurs gagnants et prospères. Le flop guette tout le temps et chaque faute prête à conséquence. Intégrée dans la marche du siècle, la Smart doit être intégrée dans la logique de la mondialisation et la promotion de ce cadre de vie doit capter les meilleures compétences et les enseignes les plus dynamiques. L’effort de promotion n’est pas à négliger. Un plan urbain smart est un véritable business plan et par conséquent il doit être porté par des opérateurs prospères.
L’expérience tunisienne en Smart urbanisme: Deux initiatives remarquables
La Tunisie surfe sur la vague et c’est un signe de santé. Deux initiatives sont sur pied. Toutes deux proviennent du secteur privé. On cite le prototype d’éco quartier à la Soukra promu par Fethi Ben Yedder. Le projet est encadré par Lotfi Rejeb architecte DESA, expert international en écoconstruction et grand prescripteur des éco-matériaux. Et on trouve un projet intégré, promu par un fonds d’investissement international. Il s’agit de ‘’Tunis International Knowledge City ‘’ qui s’étend sur une superficie de 250 ha aux alentours de Sebkhet Ariana avec une enveloppe d’investissement voisine de 2,5 milliards de dinars. Le projet comporte une importante composante ‘’activités économiques’’ avec notamment un cluster d’excellence abritant des start-up innovantes en IT et pour lesquels il sera réservé une part de 0,5 milliard de dinars. Ce cluster s’adossera à un campus de 16 ha qui abritera des écoles de business parmi les top 10 ou 20 du monde. Ces établissements pourront accueillir 4.000 étudiants dont 1/3 d’étrangers. Les deux aspects “Melting Pot“ et “Cosmopolitan“’ sont partie intégrante de la Smart City, par définition ville ouverte sur le monde. Il est prévu une infrastructure dédiée avec un schéma routier optimisé et un génie urbain smart. Le business district s’étendra sur 40 ha pour accueillir 220.000 m2 de bureaux soit 22 Ha. Il est équipé d’immeubles intelligents constitués de bureaux de classe A. Le complexe sportif et culturel est grandiose. Il est prévu un golf et un ensemble de loisirs, varié à souhait et intelligemment doté. Ce projet procurera un boost remarquable au PIB de la métropole tunisoise. Ce sera un troisième poumon de prospérité pour l’ensemble du grand Tunis. Le projet est en phase d’étude avec les pouvoirs publics.
L’impératif du moment : Ou Smart, ou déclassé !
“Tunis Knowledge City“ est une chance que nous offre la vie. C’est peut être un premier retour sur investissement du slogan chéri de ce pays qui se veut “Start up democracy“ et à la deuxième république qui appelle à investir en démocratie car il faut garder à l’esprit que l’objectif Smart est devenu une ligne de démarcation. On voit d’ailleurs une “Smart Divide’’, lisez une fracture Smart, se préparer. Il faut désormais se positionner par rapport à ce clivage. Ou l’on affiche une volonté Smart ou on est déclassé du radar des IDE. Cela deviendra le premier critère de délocalisation. Donc si on veut rester dans la course, il faut arrêter une stratégie Smart dans les meilleurs délais, sinon on fera comme Don Quichott lequel passait son temps à se battre contre des moulins à vent désespérément vides. Le temps nous est compté. Nous avons raté les délocalisations des constructeurs automobiles, ne ratons pas cette dernière chance de montrer qu’il y a une vie après la révolution.