L’image est malheureusement fort symbolique : un jeune étudiant fringant et vivace qui sème la mort parmi les touristes étrangers et seulement les étrangers avec le sourire et, semble-t-il, sans se rendre compte de ce qu’il fait et a en face de lui; un grand-père qui puise dans ses tréfonds l’énergie nécessaire pour essayer de sauver ce pays qu’il a contribué à construire de ce massacre et de tous les massacres…
Sommes-nous en train de vivre un drame œdipien dans toute sa splendeur où ON a ordonné au fils impie de tuer le père et la mère Tunisie; car si le pourquoi de la chose semble pratiquement claire, c’est le comment qui l’est encore moins. Ce jeune, mort dans son inconsciente captagonerie, je ne lui en veux pas ou presque…
Mais je le dis et le répète, j’en veux à mort à ceux qui l’ont formaté, bourré de comprimés, initié aux armes, et ceux-là sont bien vivants et sont à mille lieues de toutes considérations religieuses. Car si ce gosse s’imagine bénéficier au paradis de 80 vierges par touriste abattu, lui qui devait en baver tous les jours dans cette misère ambiante d’où même l’ascenseur social ne pouvait pas l’en sortir, a cru à celui ou celle qui lui a promis un super ascenseur pour d’autres cieux plus cléments s’il obéissait aux ordres, maintenant il est parti le pauvre hère laissant une famille dans le désarroi et un pays dans le doute.
Et ces commanditaires sont toujours là dans l’ombre prêts à recommencer, et ce avec un calme et une plénitude effroyable. Et comme on dit chez nous, «faut accompagner le voleur jusqu’à la porte de la maison». Pourquoi et comment ces gens opèrent, mais surtout s’ils vont démolir ce pays, où vont-ils aller et que gagnent-ils à le démolir?
Je veux bien croire que la vengeance est un plat qui se mange froid mais ce pays a toujours existé et ses limites géographiques quasi immuables depuis des siècles aux considérations coloniales près.
J’avoue rester perplexe, et ce que je peux constater, c’est que depuis ce jour fatidique où ZABA, l’immuable homme fort, a préféré s’éclipser, je constate qu’un seul agenda est en train d’être appliqué avec presque le respect des dates et des délais comme si un marché avait été passé avec des forces du mal riches et puissantes. Tout ce qui est arrivé depuis cette date semble être programmé, organisé et prévu, et ressemble à un scenario écrit par un auteur sûr de son fait et qui a fait son casting dans le large panel de la classe et société politique tunisiennes qui semblent faire la queue pour se faire recruter: les uns pour des raisons idéologiques les autres pour un intérêt bassement matériel.
Cet auteur-compositeur affine régulièrement le contenu de son triste feuilleton au fur et à mesure, audi-met oblige! D’autant plus qu’il utilise des acteurs qu’il n’est pas obligé de payer vu qu’ils crèvent avant la fin de l’épisode.
Ce producteur-distributeur, auteur, metteur en scène en bave devant le rayonnement et l’impact de ses actions à travers le monde, et le succès de son film et on le voit se sent même une âme de poète quand on l’entend déclamer:
Vous n’avez rien vu et attendez-vous au pire
Ceci est mon cadeau à ce pays et c’est tout mon plaisir
J’y mettrai toute ma haine et la déverserai à la pelle
Même si je dois y laisser mes bras droits et même mes fils spirituels
Je démolirai ce pays et l’œuvre du combattant suprême
Je sévirai pour le carême, et dans mon califat y aura que des harems
Ca sera ca sinon vous subirez la colère et mon courroux
Si vous n’obéirez pas à la loi du gourou!