Après avoir anéanti des milliers d’hectares d’oliveraies en Italie, «la terroriste» Xylella fastidiosa, une bactérie tueuse responsable de maladies mortelles ou potentiellement mortelles chez diverses espèces de plantes cultivées d’intérêt commercial, notamment la vigne, l’olivier et les agrumes, vient d’être détecté en Corse (France), il y a une semaine.
La Xylella fastidiosa aurait ait été importée de Costa Rica (Amérique du Sud). Cette bactérie, transportée par un insecte dénommé Philaneus Spumarius, par l’effet de son venin injecté dans les arbres, provoque leur dessèchement et, partant, leur mort et arrachage immédiat.
La Xylella peut migrer d’un pays à un autre
La Tunisie, pays oléicole, viticole et agrumicole depuis des siècles, est concernée par la prolifération de cette bactérie contre laquelle aucune parade n’a encore été trouvée. Pour s’en prémunir, elle a intérêt à déclencher, même à fonds perdus, un plan d’urgence. Et pour cause.
Le premier cas en France a été identifié dans une zone commerciale de la commune de Propriano en Corse, et ce en dépit de la mise en œuvre, depuis 2014, d’un plan de surveillance et de contrôle phytosanitaire renforcé à la frontière franco-italienne, et en dépit de la mobilisation de toute l’Union européenne qui a adopté, le 28 avril 2015, des mesures fortement renforcées et communes à tous les Etats membres. Elle estime que la bataille contre Xyllela ne peut être efficace que si elle est collectivement combattue.
Cela pour dire que cet insecte peut migrer facilement d’un pays à un autre, ici de l’Italie à l’île de Beauté (Corse), à la faveur des moyens de locomotion et de la mobilité des personnes. En clair, cette bactérie peut voyager en bateau, en voiture, en avion et par train.
Cela pour dire également que si les Européens, forts de leur puissance financière et intransigeance en matière de contrôle phytosanitaire, ne sont pas parvenus à limiter à l’Italie les dégâts occasionnés par la Xyllela, que peut faire un tout petit pays comme la Tunisie si jamais cette bactérie tueuse travers la méditerranée?
Conséquence: le risque est hélas très élevé d’autant plus que la Tunisie compte une importante colonie en Italie et en Corse. A titre préventif, il serait conseillé de procéder déjà à des prélèvements, d’intensifier le contrôle phytosanitaire aux postes frontaliers et de solliciter, à cette fin, la coopération de l’Union européenne.
L’heure est à la vigilance
Cette question doit être traitée avec la plus grande vigilance et avec le plus grand sérieux, et ce en raison de l’importance socio-économique que revêtent l’oléiculture, l’agrumiculture et la viticulture en Tunisie.
Est-il besoin, à titre indicatif, de rappeler qu’au terme de la saison 2014 – 2015, les recettes record des exportations de l’huile d’olive, l’équivalent de 1,5 milliard de dinars, ont permis de réduire cette année, de manière significative, le déficit de la balance alimentaire?
Dans le même ordre d’idées, la Tunisie pourrait tirer profit l’année prochaine de la récente décision de l’Union européenne d’augmenter le quota annuel de l’huile d’olive tunisienne exportée vers l’UE, de 25.000 tonnes, ce qui portera les quantités exportées à 80.000 tonnes/an.
Certains observateurs de l’agriculture tunisienne estiment que les ravages occasionnés par la Xylella aux oliveraies italiennes pourraient profiter, à court terme, à la Tunisie pour peu qu’elle s’emploie à valoriser ses produits agricoles exportables (huile d’olive, vin…) et à cesser de les commercialiser en vrac comme de vulgaires breuvages.
Moralité: la Tunisie est appelée à agir sur deux plans. Il s’agit de tout faire pour dissuader la migration dans le pays de la bactérie tueuse Xylella Fastidiosa et de valoriser en sa faveur le recul de la production oléicole en Italie pour renforcer sa présence sur le marché.