Six ans après l’échec d’une première tentative, l’ouverture du capital de la Société tunisienne de sidérurgie «El Fouladh» est de nouveau à l’ordre du jour.
En effet, un appel à manifestation d’intérêt vient d’être lancé dont la date limite de réception des réponses a été fixée au 10 août. L’opération est pilotée par l’International Maghreb Merchant Bank (IMBANK) choisie comme conseiller exclusif.
Une fois la short-list établie, un appel d’offres sera lancé pour concrétiser l’opération d’ouverture du capital.
Une première tentative, conduite par la Banque d’Affaires de Tunisie (BAT), avait eu lieu en 2009 qui n’avait pas abouti malgré l’intérêt manifesté par plusieurs investisseurs internationaux (Arcelor Mittal, les italiens Beltrame, Sicilferro, le français Fercométal, etc.).
Le moment est-il vraiment propice pour remettre sur le métier le projet d’ouverture du capital de cette société? La question s’impose étant donné qu’El Fouladh n’est pas au mieux de sa forme. Car la société est victime, en plus de la concurrence du secteur privé qui ne traîne pas les mêmes boulets qu’elle et décisions erronées –notamment du gouvernement- qui lui ont coûté cher, comme la fermeture en 2003 d’un haut-fourneau –lui a contraint El Fouladh à importer un type d’acier qu’elle fabriquait par le passé-, de multiples maux endémiques, dont en particulier l’importation illégale d’acier à béton et le sureffectif –aggravé par l’intégration après le 14 janvier 2011 de 250 ouvriers jadis employés dans le cadre de la sous-traitance.
Il n’est de ce fait guère étonnant qu’El Fouladh souffre d’un endettement endémique qui oblige l’Etat régulièrement à voler à son secours. Sa dernière intervention date de 2013 et avait porté sur 60 millions de dinars dus aux trois banques publiques (Société Tunisienne de Banque, Banque Nationale Agricole et Banque de l’Habitat), auxquels s’ajoutent une dette de 29 millions de dinars à l’égard de l’Etat lui-même.
Sa trésorerie étant en conséquence négative, la Société tunisienne de sidérurgie «El Fouladh» éprouve les pires difficultés à financer son activité.
N’ayant pas, faute de moyens, honoré ses engagements vis-à-vis de ses fournisseurs, la société s’est trouvé à court de matières premières et de pièces de rechange et a dû, le 22 juin 2015, arrêter totalement la production.
Pourtant, El Fouladh avait obtenu début mars 2015 un prêt de 34 millions de dinars de la Banque islamique de développement (BID) destiné justement à financer l’achat de matières premières. Mais le prêt n’aurait pas encore été débloqué en raison, semble-t-il, de divergences sur ses conditions jugées «sévères» par le syndicat d’El Fouladh.
Est-il réaliste, dans ces conditions, d’escompter pouvoir intéresser d’éventuels investisseurs à une entrée au capital d’une entreprise si mal en point? A priori, non. Et à supposer que certains manifestent de l’intérêt, les conditions de leur entrée au capital comme partenaire stratégique risquent de n’être guère favorables à El Fouladh.
En fait, pour s’assurer les meilleures chances de réussite dans cette opération, il aurait fallu préalablement remettre d’aplomb la société moyennant un plan de restructuration nécessitant forcément des décisions douloureuses, donc impopulaires.