Elles sont 13 universités tunisiennes et pas des moindres à avoir fait le déplacement à Abidjan du 4 au 6 août 2015 pour participer au Salon CAMPUS TUNISIE, une manifestation dédiée à l’enseignement supérieur et aux formations diplômantes organisée par l’agence d’événementiel économique tuniso-ivoirienne Azcom et le parrainage du CEPEX.
MSB, ESPRIT, TIME, POLYTECHNIQUE, PARIS DAUPHINE, IINA, IHET, TIME, IINA, ECOLE POLYTECHNIQUE, etc. sont toutes des universités venues recruter des étudiants sur les quelque 60% des nouveaux 82.000 bacheliers ivoiriens, dont la plupart doivent partir faire leurs études hors de leur pays pour cause d’indisponibilité de places et de programmes.
Autant dire que l’occasion est à saisir. Mais tout le monde ne l’a pas forcément compris!
Dans le bus qui mène la délégation tunisienne à CAMPUS TUNISIE, en plein cœur du Centre-ville d’Abidjan, les idées fusent autour de la mise en place d’un plan d’action pour être plus efficaces et proactifs sur l’Afrique subsaharienne. Comme si ce Salon avait déclenché une prise de conscience parmi la dizaine d’opérateurs présents mais aussi comme si d’autres n’avaient pas donné l’exemple avant. Pourtant, deux opérateurs tunisiens réussissent brillamment au Sénégal et au Cameroun où ils ont ouvert leurs établissements depuis quelques années.
Le secteur de l’enseignement supérieur privé tunisien se compose d’une soixantaine d’opérateurs qui traitent 30.000 étudiants tunisiens et 5.000 étrangers. Ceux qui sont présents à CAMPUS TUNISIE et à quelques heures du début du Salon sont là pour comprendre le marché, évaluer leurs chances, recruter et promouvoir leurs entreprises.
Il s’agit pour certains d’entre eux de promouvoir le modèle bourguibien de l’école, et pour d’autres de repositionner la Tunisie, car les premières approches dans la sous-région datent des années 2003/2006. Du temps où, se souvient Abdelatif Khamassi, président de la Chambre nationale de l’enseignement supérieur privé à l’UTICA, la Tunisie avait commencé à mettre au point une stratégie, qui n’a jamais abouti du reste, pour s’implanter en Afrique.
Les moyens financiers encore et toujours…
Conscients du potentiel, les exposants sont autant enthousiastes qu’inquiets. Enthousiastes, car ils savent le marché incontestablement juteux. Inquiets, car ils ne s’y sont pas particulièrement préparés, s’y sont pris à la dernière minute et que le forfait financier engagé est conséquent en raison du prix du séjour, du billet d’avion, du coût du stand…
«Ici, tout est cher. Tout est très cher et il faut faire avec. L’Afrique se mérite, il faut la travailler au corps, investir de l’argent et de soi-même et ne pas être pressé. Une fois que ça prend, cela peut aller très vite et gagner fort. Mais sachez qu’en Afrique, la prospection individuelle ne peut pas ouvrir un marché!» Voilà ce que répète en boucle Riadh Azzaiez à tous ceux qui sont tentés par l’aventure africaine.
Le Commissaire du Salon qui vit entre Tunis et Abidjan depuis plus de 11 ans s’est déjà essayé aux secteurs des TIC, de la pharmacie, du bâtiment…
La Côte d’Ivoire sait attirer…
Les opérateurs tunisiens s’intéressent de plus en plus sérieusement à la destination. Plus de 32 entreprises tunisiennes y opèrent déjà et la tendance se confirme. Ce chiffre pourrait être rapidement multiplié par deux, trois, quatre tellement les besoins sont énormes et les opportunités nombreuses. Il faut juste s’en donner les moyens. Le nombre d’entreprises tunisiennes qui prospectent se multiplie autant que les contrats d’experts qui se signent surtout dans le domaine des TIC. Il faut dire que la Côte d’Ivoire sait recevoir et attirer: pas de visa, un climat des affaires qui s’assainit de plus en plus et un taux de croissance à deux chiffres qui fait pâlir bien des pays.
Aziza Htira… en vedette
Ceci dit, les entreprises tunisiennes engagées à l’export sont souvent soutenues. Pourraient-elles l’être mieux, plus rapidement et efficacement? C’est la question sur laquelle planche la PDG du CEPEX et ses équipes.
Sur CAMPUS TUNISIE, les entreprises sont très motivées par la présence de Mme Export Tunisie, Aziza Htira, qui fait le déplacement pour l’occasion. Fortement appréciée, sa présence attire la presse locale, le patronat et son homologue ivoirien.
Le voyage est aussi pour elle une occasion pour booster les équipes en place, rencontrer la communauté tunisienne à Abidjan et s’entretenir de stratégie et d’avenir avec les opérateurs et affiner sa stratégie qui mijote à Tunis.
Alors que le spot promotionnel de CAMPUS TUNISIE passe en boucle sur la première radio nationale ivoirienne, la question qui taraude l’esprit de tous sur le stand concerne la présence du ministre de L’Enseignement supérieur. Sa présence est déterminante car d’emblée, elle placerait le Salon sous une sphère plus importante et que tout l’arsenal officiel ivoirien se déploiera alors pour donner des ailes à l’événement.
TIME University rafle déjà la mise…
Les craintes étaient justifiées. Le ministre fait faux bond et cela s’en fait ressentir. L’inauguration officielle par le ministre ivoirien est alors annulée et sur le Salon, bien que les étudiants commencent à affluer, la déception est palpable.
Pourtant, Mohamed Damak, grand patron de TIME, est aux anges. Il a plus de 250 préinscriptions en cette première journée du Salon. Ce n’est certes pas le cas de toutes les entreprises, car il faut préciser que son université est bien connue des étudiants africains. Sur les réseaux sociaux, ils se passent le mot et discutent de l’expérience universitaire tunisienne. Nombreux sont dans le cas de Soro Yeguignan Adama, à être confiants dans la qualité de la formation qu’il vient de choisir.
Le Maroc, encore lui…
CAMPUS TUNISIE continue demain. Quel sera le bilan de l’opération? Bien qu’il soit trop tôt pour le dire, il s’agit aujourd’hui aussi de l’imaginer comme un début et non comme une fin en soi. L’objectif est de viser d’autres pays et d’organiser une caravane pour décrocher des parts de marché conséquentes dans la sous-région comme le fait le Maroc.
Dans la ville, les affiches et banderoles d’un Salon similaire à CAMPUS TUNISIE organisé par les Marocains à la mi-juillet sont encore accrochés: «Ils ont toujours une petite avance sur nous, sont bien positionnés et ont mis l’Afrique au cœur de leur diplomatie économique», affirme le DG d’IINA, non sans une pointe de jalousie.
Le «Made In Tunisia» se construit en commun…
Dans les murs de l’ambassade de Tunisie à Abidjan, qui a grandement besoin d’un coup de frais, les lycéens et leurs parents sont en moyenne 2 à 3 à se présenter quotidiennement pour demander des informations, comprendre l’offre, approcher le pays. Les réponses qu’on leur donne sont approximatives. Là aussi une mise à niveau s’impose et elle est très urgente.
La diplomatie économique est un slogan que l’on utilise dans le gouvernement et les partis politiques et que la Tunisie est bien loin d’avoir implémenté.
Tant que tous les intervenants n’auront pas appris à travailler en concertation pour porter au plus haut le «Made In Tunisia», «Le Tunisian Way of life» et à connaître l’ADN tunisien, nous ne serons en mesure de gagner aucun défi. A fortiori celui de l’économie, de l’export et donc celui du développement et de la démocratie. A fortiori celui de l’AFRQUE.