Ils s’appellent Mohamed, Tarek, Aymen, Mohsen… Ils sont arrivés en Côte d’Ivoire il y a 30, 11, 2 ans ou 9 mois. Ce qu’ils ont en commun, c’est d’avoir osé s’installer en Afrique, avoir changé leur destin et pris le pari de réussir ailleurs, là où ils (certains d’entre eux) n’ont pas forcément des relais et des appuis nécessaires. Ils ont mis en jeu leur confort et ont réussi à se construire.
Parcours de Tunisiens qui composent une communauté encore embryonnaire mais oh combien ambitieuse !
Qu’est-ce qui fait courir cette poignée de Tunisiens basés à Abidjan et que l’on rencontre dans le cadre d’un dîner offert par Aziza Htira, PDG du CEPEX, et Riadh Azzaiez, directeur général de l’agence évènementielle économique « AZCOM » dans le cadre du Salon CAMPUS TUNISIE ? Une envie d’entreprendre et de se réaliser. Ceux qui n’ont pas un sens inné de l’entreprenariat ont juste saisi une occasion et ont fini entrepreneur alors qu’ils sont venus il y a plus de 3 décennies enseigner dans le cadre de la coopération technique, comme Mohamed CHAMMARI, aujourd’hui manager de général de Transit & Shipping, une entreprise qu’il a lancée il y a 7 ans. « Cela fait 30 ans que je vis à Abidjan. J’y suis bien, mes enfants y sont heureux et nous y avons une qualité de vie exceptionnelle. L’Afrique s’apprend, il faut respecter ses codes, saisir la finesse de ses rapports humains et travailler avec efficacité et sans vagues. Les opportunités sont énormes ».
Si Mohamed est venu enseigner l’éducation physique dans un lycée ivoirien, Mohsen BEN CHOUIKHA est arrivé en Côte d’Ivoire à pied ou presque. Il y a plus de 25 ans, il voulait voir le pays. Il prend un sac à dos et commence un long périple à travers le désert algérien, la Guinée, le Sénégal, le Mali… pour finir à Abidjan où un certain charme opère : « A l’époque, Abidjan était déjà une vraie capitale très avancée par rapport au reste des villes que j’ai connues et traversées. C’était un pays qui faisait la différence et je m’y suis établi. Mon domaine de prédilection était celui de la sécurité. Ma référence était bien entendu la SOGEGAT et j’ai commencé tout de suite à créer mon entreprise », se souvient Mohsen.
Aujourd’hui son entreprise « Phoenix Sécurité » est officiellement retenue (sur une liste de 500) et accréditée par le ministère de tutelle ivoirien parmi 67. Elle emploie entre 250 à 350 agents de sécurité et de gardiennage sur tout le pays et son chiffre d’affaires avoisine les 500 millions de CFA.
Dans la vague des derniers arrivants, on retrouve des profils atteignant à peine la trentaine comme Ayman, qui suit son épouse, cadre à la BAD, et qui découvre les potentialités énormes en matière de productions audiovisuelles. Il crée alors son entreprise en 24h, chrono en main, et a produit, en moins de 6 mois, deux ou trois spectacles qui cartonnent. Confiant, Abidjan le retient. Ses idées fusent et il démultiplie les contacts pour amener des techniciens, créer des programmes Tv…
A 32 ans, Amine Amara est aujourd’hui une référence dans le secteur du Consulting et de l’intelligence économique. Arrivé à Abidjan il y a 5 ans en tant que formateur, il s’est tout de suite retrouvé en plein cœur de grosses opportunités qu’il a su saisir et convertir notamment avec la Douane ivoirienne et un premier contrat à 500 millions de CFA : « Un sacré contrat pour l’époque. Nous étions deux consultants à avoir pris un billet allocation touristique. Nous avons ramé très dur pendant les 6 premiers mois et ensuite un contrat en appelle un autre. L’expertise et le sérieux payent. Il n’y a pas d’autre secret !»
Désormais, Amine ne compte plus ni les contrats ni les opérations juteuses au vu de la réputation et des références de son entreprise sur le marché. A sa droite, durant le dîner, un autre jeune tunisien est en train de monter son entreprise dans le secteur du mobilier de bureau. Amine s’empresse de le soutenir et de lui faire part de son expérience.
Entre cette petite communauté de 450 personnes et de 32 entreprises tunisiennes installées en Côte d’Ivoire, la cohésion et la solidarité sont encore légion. Pour vu que cela dure et se renforce.
Ce qu’ils réclament, c’est davantage de soutien des institutions et des politiques tunisiens afin d’ouvrir des portes encore entrebâillées. Ils ont en projet la création d’un Club des Tunisiens résidents à Abidjan. Une affaire à suivre.