“Il ne faut pas considérer le marché touristique russe comme une alternative aux défaillances des marchés européens classiques mais en tant que marché émetteur potentiellement important et prioritaire”. C’est ce que demande Afif Kchouk, président de l’Observatoire national du tourisme, et ce lors de la table ronde organisée mardi 18 août sur le thème “Les perspectives du marché russe” en présence d’Ali Goutali, ambassadeur de Tunisie en Russie, et Abdellatif Hmam, DG de l’ONTT.
La Russie est le pays le plus vaste du monde avec plus de 120 nationalités et une population de plus de 143 millions de personnes. 75 millions de Russes et d’Ukrainiens partent en vacances (55 millions de Russes et 20 millions d’Ukrainiens). Parmi eux, 8 millions de Russes en direction de quelques destinations méditerranéennes. 1,5% seulement viennent en Tunisie. Plus de 2,21 de millions vont en Egypte, c’est comparé l’incomparable, et pourtant sur le plan sécuritaire les deux pays se valent si ce n’est que le terrorisme en Egypte perpétré par la mouvance islamiste est de loin plus virulent qu’en Tunisie.
Ce n’est donc pas le facteur sécuritaire qui est déterminent mais d’autres : l’information, le lobbying, le coût du transport aérien, et bien évidemment le niveau de vie des Russes dont le pouvoir d’achat a considérablement progressé ces 10 dernières années.
En matière de lobbying, les opérateurs tunisiens, a indiqué Hichem Driss, opérateur touristique, “nous avons assuré, c’est ce qui explique que, entre 2011 et 2014, nous soyons passés du simple au double”. Ainsi, de 120.000 en 2011, on est passé à 296.696 en 2013 pour retomber en 2014 (crise ukrainienne oblige) à 262.895.
La part de la Tunisie du marché russe est de l’ordre de 1,5%. Notre pays, qui péchait par une absence de communication, a élevé le budget marketing en direction de la Russie à 5 millions de dinars. Il n’empêche, la concurrence est acharnée entre les différentes destinations méditerranéennes. Pour y remédier, la Tunisie a décidé d’ouvrir une représentation de Tunisair à Moscou tout en renforçant les actions promotionnelles de l’ONTT.
Pour l’ambassadeur de Tunisie en Russie, ce pays a repris sa place en tant que première puissance internationale. “La Russie jouera un rôle déterminant dans l’élaboration du nouvel ordre mondial. La crise économique ou politique actuelle est conjoncturelle et la Russie est promue à un grand avenir surtout grâce à son alliance avec les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et la création d’un nouveau fonds monétaire par l’axe Russie/Chine”.
La Russie est riche, racée, solide et s’impose de plus en plus en tant que leader incontournable à l’international avec une croissance économique qui ne tardera pas à reprendre, selon Ali Goutali. Pouvons-nous espérer mieux en tant que marché?