Suggestions pour une nouvelle stratégie de la Tunisie en Afrique

Par : Autres

tunisie_afrique-20154.jpgAfin d’être réaliste sur la future stratégie qui pourra être adoptée pour l’Afrique, je préconise la démarche suivante :

1. Partenaires de la Stratégie vers l’Afrique 

En plus des ministères des Affaires étrangères et du Transport, il faudra associer celui de l’Intérieur, car la politique des visas et de séjour est déterminée par ce ministère.

Pour information, notre politique des visas date de 1963 et n’a pas changé ou mise à jour.

2. Politique de visas 

Nous les Tunisiens, en imposant des visas de rentrée pour plusieurs ressortissants africains, on subit la règle de la réciprocité. En effet, on n’est obligé de se déplacer dans d’autres pays pour avoir un visa. Par exemple, pour aller au Tchad, on doit aller faire la demande en Algérie, ce qui fait qu’un simple visa avec 1 seule entrée coûte 480 dinars, frais de billet d’avion + déplacement et 1 nuit d’hôtel à Alger: 250 euros + 150 euros frais du visa, soit un coût total  de 1.500 DT pour 1 seul voyage. Et c’est le cas de plusieurs pays africains.

En outre, il faudra présenter une invitation du pays à visiter qui doit être visée par la Police du pays. Parfois il est difficile d’avoir ce document qui nécessite le règlement d’une taxe et d’une démarche administrative, surtout pour un pays qu’on souhaite visiter la première fois.

3. Absence d’ambassades et de consulats de Tunisie en Afrique

Tout en imposant des visas d’entrée en Tunisie, on ne dispose d’aucun moyen pratique de les délivrer. Un exemple : pour un Tchadien souhaitant se rendre en Tunisie, il doit se déplacer en Egypte ou en Ethiopie, y passer 3 nuits et faire les démarches nécessaires pour obtenir, éventuellement, un visa.

Nos suggestions :

– Supprimer les visas pour tous les Africains: chaque fois que c’est possible, surtout que l’argument “sécurité et terrorisme” ne tient pas, vue que les ressortissants de certains pays potentiellement dangereux et ayant des combattants de Daech rentrent en Tunisie sans visa, c’est le cas de la Libye, d’Algérie, du Mali, du Niger, de la Mauritanie et du Maroc.

– En outre, l’argument “immigration” ne tient pas (ou plus), car le coût de voyage est assez prohibitif pour un immigrant africain, dépassant souvent les 2.000 dinars pour le billet d’une personne et vue que la Tunisie n’a jamais été un pays d’accueil.

–  Faire délivrer les visas dans les pays où on ne possède pas une ambassade, ou bien un consulat honoraire, ou un pays ami comme l’Algérie ou la France, ou encore simplement via l’Agence Tunisair si elle existe, ou via internet par une application E-visa. C’est le cas du Rwanda qui fournit un visa au bout de 3 jours via des requêtes web et on fait l’impression du visa et on s’acquitte des frais du visa à l’arrivée à l’aéroport.

– Instituer 3 types de nouveaux visas:

Visas d’affaire: sur simple invitation d’une entreprise tunisienne pour un Africain;

Visas de santé: sur simple lettre de clinique ou de médecin ou de document prouvant des soins en Tunisie;

Visas d’études: sur simple présentation d’un certificat d’inscription + preuve de paiement des frais de scolarité.

4. La politique d’accueil et de séjour des Africains, notamment des étudiants, est à revoir complètement. La Tunisie est un pays très raciste et c’est l’objet de plusieurs plaintes ou réflexions de nos amis africains lors de nos voyages.

L’accueil est froid sinon méprisant, on considère l’Africain comme un sous-individu. Il faudra plus de respect et de courtoisie dans les avions, l’aéroport et dans les administrations.

Les conditions de séjour sont lamentables, aucune couverture sociale pour les résidents, la politique de délivrance des cartes de séjour est humiliante. J’en ai fait l’amère expérience pour 2 étudiantes maliennes faisant leurs études en Tunisie.

Pendant 4 ans, la durée de leurs études et malgré tous les documents administratifs exigés, et en dépit de leur déplacement chaque année au poste de police de leurs résidences, elles n’ont jamais pu obtenir une carte de séjour. Elles ont vécu pendant toute cette période avec un récépissé provisoire.

Il y a lieu de mettre en place une application informatique pour la délivrance de cartes de séjour avec carte à puce. Au Congo, par exemple, tout Tunisien résident se fait délivrer une carte de séjour de 3 ans au bout de 4 jours de démarches.

5. Nouvelles lignes aériennes vers l’Afrique

Il y a lieu de créer au moins 5 nouvelles ligne, chaque ligne dessert 2 voire 3 pays en même temps. Je préconise d’avantager: le Tchad, la Guinée-Conakry, le Niger, le Cameroun, le Congo et le Nigeria.

Ensuite, une augmentation des rotations vers la Mauritanie, Mali et Côte d’Ivoire avec un vol quotidien, à l’image de la RAM et Turkish Airlines. Souvent en voulant se déplacer en Mauritanie, ou au Mali, on est obligé de passer par Casa et par la RAM faute de places disponibles sur Tunisair.

Créer des vols charters en début et à la fin de chaque année universitaire pour ramener les étudiants africains vers et hors Tunisie.

Faute d’une stratégie, de mesures pratiques et d’une politique claire, volontariste et réellement pro-africaine, on demeurera toujours et encore dans le discours creux.