Le leader de l’hébergement entre particuliers s’associe à deux fonds d’investissement chinois pour renforcer sa présence sur le premier marché mondial en termes de dépenses touristiques à l’international.
Quoi de mieux pour renforcer sa présence sur le marché chinois que de s’associer à deux poids lourds du capital-risque local ? Valorisée 25,5 milliards de dollars (23 milliards d’euros) après sa dernière levée de fonds, la «licorne» Airbnb – ces start-up non encore cotées en Bourse dont la valorisation dépasse 1 milliard de dollars – vient d’annoncer la signature d’un partenariat avec les fonds d’investissement chinois Broadban Capital et Sequoia Capital China, qui ont notamment permis au réseau social professionnel LinkedIn de s’implanter en Chine.
Avec 600 millions d’internautes, le pays représente un marché plus qu’attractif pour la plateforme communautaire de location de logements entre particuliers. D’autant que la Chine a enregistré 109 millions de séjours à l’étranger en 2014, soit 11% de plus que l’année précédente, et que ses touristes, en hausse de 11% dans le monde en 2014, sont ceux qui dépensent le plus hors de leur pays depuis 2012. PDG de l’entreprise et cofondateur du site, Brian Chesky l’a clairement expliqué dans un billet sur le blog du site : il est difficile de résister à l’envie de «mettre en contact [la population chinoise] avec des hôtes incroyables et de [lui] offrir des expériences de voyages mémorables dans le monde entier».
Le site est pourtant déjà présent sur le marché chinois, avec une hausse de 700% des réservations à l’international réalisées via la version chinoise d’Airbnb en 2014. Mais ce développement reste délicat en raison des restrictions chinoises en matière d’utilisation d’Internet et de la surveillance des usagers de la Toile dans le pays. Ce partenariat devra notamment aider l’entreprise à mieux communiquer avec le gouvernement. Le groupe pourra notamment bénéficier de l’expérience de Neil Shen, fondateur du très populaire site de voyage chinois Ctrip.com, désormais employé de Sequoia Capital China. Brian Chesky a également annoncé que le groupe allait recruter un nouveau directeur général en charge de la filiale chinoise.
Données utilisateurs
Une stratégie déjà adoptée par le réseau social professionnel LinkedIn, qui a amorcé son implantation dans le pays début 2014. Si la start-up n’a pas encore une idée précise des conditions de développement imposées par le gouvernement, elle sait déjà qu’il lui sera impératif de conserver les données des utilisateurs sur le territoire chinois. L’Etat pourrait alors exiger d’obtenir des informations sur les réservations intérieures, mais aussi extérieures, des utilisateurs.
Airbnb devra donc faire preuve de prudence pour apprivoiser un marché qui a déjà refroidi les plus ambitieux des géants du Net américain. En 2010, Google avait refusé la censure exercée sur sa version chinoise, entraînant le blocage total de ses services par les autorités.