Une étude de Public Health England, un organisme affilié au Ministère de la Santé de Grande-Bretagne, a publié hier des résultats en faveur de l’utilisation de la cigarette électronique.
La cigarette électronique serait 95% moins dangereuse pour la santé que le tabac, et les très faibles dégagements de nicotine ne comporteraient pas de risque pour les «vapoteurs passifs» : l’étude de Public Health England, signalée aujourd’hui par Les Echos, semble affirmer son désaccord avec ce que préconisait jusque-là l’Organisation Mondiale de la Santé. L’OMS s’était en effet prononcée en août 2014 en faveur d’une interdiction de la cigarette électronique aux mineurs, et les experts étaient allés plus loin en interdisant son utilisation dans les lieux publics fermés, «jusqu’à ce qu’il soit prouvé que la vapeur exhalée n’est pas nocive pour les tiers». L’OMS mettait notamment en garde les enfants, les adolescents, et les femmes enceintes.
L’étude de Public Health England présente au contraire la cigarette électronique comme un produit de sevrage tabagique efficace. En Grande-Bretagne, un adulte sur 20 utiliserait la cigarette électronique, dont 60% de fumeurs actuels et 40% d’anciens fumeurs. L’équipe de recherche montre que l’utilisation de la cigarette électronique chez les non-fumeurs de long terme est considérablement plus basse que chez les vapoteurs ayant récemment arrêté de fumer. S’il n’est pas encore prouvé que la cigarette électronique soit un moyen plus efficace que d’autres prescriptions médicales déjà reconnues et autorisées, il est mis en avant que la cigarette électronique est bien plus connue et appréciée du grand public. The Guardian publiait d’ailleurs hier des témoignages enthousiastes de vapoteurs et de leurs proches.
Le vapotage comme remède au tabagisme ?
La recherche s’est intéressée aux craintes majeures suscitées par la cigarette électronique, notamment en ce qui concerne la jeunesse. L’étude rappelle que seulement 2% des mineurs vapotent au moins une fois par mois, 0.5% au moins une fois par semaine. S’il est vrai que certains jeunes commencent par la cigarette électronique, il s’avère que l’utilisation régulière (au moins une fois par mois) ne concerne que 0.3% de ces nouveaux utilisateurs. Selon Public Health England, la cigarette sociale pourrait être un outil social de santé publique : l’augmentation de la dépendance au tabac concerne en particulier les «groupes défavorisés», pour qui la cigarette électronique pourrait être un remède progressif et surtout bon marché. Des mesures très concrètes sont de ce fait proposées, comme la fin de l’interdiction d’utiliser la cigarette électronique aux abords des centres médicaux et dans les prisons en Angleterre.
Ce type d’interdiction découle selon Public Health England d’une «habitude de traiter la cigarette électronique de la même manière que le tabac», qui empêche les praticiens de considérer la cigarette électronique comme un outil de santé publique. «Il y a eu cette dernière année un glissement général, chez les jeunes comme chez les adultes, vers l’idée inexacte que la cigarette électronique est au moins aussi dangereuse que la cigarette», affirme l’étude, qui évoque l’influence de la médiatisation de certaines recherches scientifiques imprécises, et insiste sur la nécessité de faire davantage d’investigation pour comprendre la perception du grand public à ce sujet.
Cette étude, indépendante du marché de la cigarette électronique puisque financée par des fonds publics, est dirigée par des chercheurs affiliés au Centre des études sur le tabac et l’alcool en Grande-Bretagne, et à deux universités de Londres, l’Université Queen Mary et le King’s College. L’ambition de modifier la législation qui régule l’utilisation de la cigarette électronique en Grande-Bretagne est claire : l’étude va jusqu’à recommander d’autoriser les médecins à prescrire le vapotage comme remède au tabagisme.