Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) et la Tunisie vont examiner, à la fin du mois de septembre 2015, un accord sur la sixième revue de l’accord de confirmation. «A la conclusion de la revue, 214,87 millions de DTS (environ 303,08 millions de dollars) seront mis à la disposition de la Tunisie». C’est ce qu’a déclaré, à Washington, Amine Mati, chef de la mission du FMI pour la Tunisie.
Un document du FMI, publié vendredi 28 août 2015, indique qu’«une mission du FMI a achevé les consultations de 2015 au titre de l’article IV avec la Tunisie et annonce un accord de principe avec les autorités tunisiennes sur la sixième revue de l’accord de confirmation». Mais «cet accord doit être soumis à l’approbation de la direction et du Conseil d’administration du FMI, l’examen de la revue étant provisoirement prévu pour fin septembre», précise la même source.
Détermination inchangée, mais…
Sur un autre volet, «la mission se félicite de la détermination inchangée des autorités tunisiennes de mettre en oeuvre leur programme économique national après avoir mené à bien la transition politique», et se réjouit «de poursuivre son étroite coopération avec les autorités tunisiennes pour atteindre les objectifs du programme, à savoir assurer la stabilité macroéconomique et parvenir à une croissance plus vigoureuse et plus solidaire».
Le FMI estime que «ces dernières années, l’économie tunisienne a fait preuve de résilience malgré une conjoncture économique internationale difficile, les retombées des conflits régionaux, une accentuation de l’insécurité et un niveau élevé de tensions sociales. Cependant, après avoir atteint 2,4% en 2014, l’élan de croissance a faibli. Elle devrait chuter à 1% en 2015, en raison des répercussions des attentats tragiques du Bardo et de Sousse ainsi que la persistance des tensions sociales -dont témoignent les arrêts de travail et les grèves- qui ont fortement entamé les bienfaits engendrés par le regain de confiance associé à la fin de la transition politique, la baisse des cours mondiaux du pétrole et la reprise économique dans la zone euro».
Poursuite des déséquilibres extérieurs…
Le FMI prévoit en outre la poursuite des déséquilibres extérieurs, «avec une légère amélioration du déficit extérieur courant, qui s’établirait à 8,5% du PIB en 2015, tandis que les réserves de change se sont maintenues au niveau approprié de quatre mois d’importations, niveau nécessaire pour renforcer les coussins extérieurs et réduire les facteurs de vulnérabilité».
Pour le FMI, les tensions inflationnistes devraient continuer d’être maîtrisées, grâce en partie à la baisse des prix énergétiques et alimentaires, et à une politique monétaire prudente. Concernant les résultats obtenus dans le cadre du programme soutenu par le FMI, ces derniers ont été satisfaisants, selon l’institution financière, rappelant que tous les critères de réalisation quantitatifs fixés pour fin mars 2015 ont été respectés à l’exception du plancher indicatif des dépenses sociales.
Les réformes structurelles progressent très lentement, mais le rythme s’est récemment accéléré dans le secteur bancaire.
La mission du FMI, a, par ailleurs, salué le léger desserrement de la politique budgétaire opéré en 2015 pour contrer les retombées économiques à court terme du ralentissement récent de l’activité, notamment par une augmentation des dépenses de sécurité et des transferts aux PME.
L’augmentation de la masse salariale ne faiblit pas..
Sur un autre plan, elle a noté la masse salariale croissante du secteur public et a recommandé sa maîtrise afin de dégager les ressources nécessaires pour réaliser les dépenses en capital prioritaires et productives, qui sont au niveau le plus bas jamais enregistré. «La réduction récente des subventions énergétiques, qui fait suite à la chute des cours mondiaux du pétrole, est une évolution dont il convient de se féliciter», estime encore la mission du FMI, et qu’«une formule de fixation automatique des prix des carburants devrait être élaborée d’urgence pour permettre une diminution cruciale des prix à la pompe des carburants, qui sont actuellement supérieurs aux niveaux internationaux pour certains produits».
Urgence de hâter la réforme fiscale…
«Il importera aussi que les autorités adoptent rapidement la réforme fiscale, fruit d’un long processus ayant abouti à la formation d’un consensus pendant les assises fiscales nationales, qui vise à améliorer la transparence, l’efficience et l’équité», indique le FMI. Car, «une politique monétaire prudente permettrait de continuer à contenir les tensions inflationnistes et une plus grande flexibilité du taux de change -y compris en continuant à limiter les interventions sur le marché des changes au lissage de fluctuations excessives- contribuera à réduire les déséquilibres extérieurs et à renforcer les réserves».
Pour la mission du FMI, «la mise en oeuvre du vaste programme de réformes des autorités progresse, cependant, compte tenu du taux de chômage, actuellement de 15,2%, il est urgent de faire avancer les réformes structurelles pour stimuler la création d’emplois et répondre aux attentes de la population tunisienne, qui aspire à vivre dans une société plus inclusive».
Nécessité d’édifier un secteur bancaire moderne…
S’agissant du secteur bancaire, le FMI préconise l’adoption d’une nouvelle législation bancaire et un renforcement plus poussé des structures de supervision et de la réglementation qui “seront nécessaires pour édifier un secteur bancaire moderne et faciliter l’intermédiation du secteur financier”. Et que «la création de conditions équitables pour les investisseurs nécessitera l’adoption et la mise en oeuvre d’une législation essentielle à cet égard, telles que les lois sur les faillites et la concurrence».
Le FMI se félicite aussi des progrès qui ont été accomplis en matière de renforcement du dispositif de protection sociale grâce à une meilleure identification des populations vulnérables et un meilleur ciblage des aides.
La mission du FMI a séjourné à Tunis en juin et juillet 2015 et s’est entretenue avec les autorités tunisiennes dans le cadre des consultations au titre de l’article IV et de la sixième revue de leur programme économique et financier soutenu par un accord de confirmation.