Afrique : Akinwumi Adesina, le nouveau de la BAD, a pris ses fonctions

Par : Tallel

De gauche à droit, Donald Kaberuka (le président de la BAD sortant), Alassane Ouattara (président de la Côte d’Ivoire) et Akinwumi Adesina (nouveau président de la BAD)

«Nous devons éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie – la Banque lancera un nouveau Pacte de l’énergie pour l’Afrique »

Mardi 1er septembre, l’ancien ministre nigérian de l’Agriculture, Akinwumi Adesina, a officiellement pris ses fonctions, devenant ainsi le 8e président élu du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD).

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Au cours de la cérémonie d’investiture tenue à Abidjan, M. Adesina a prêté serment devant Alexander Chikwanda, ministre zambien des Finances et président du Conseil des gouverneurs de la BAD.

«Je, Akinwumi Ayodeji Adesina, président de la Banque africaine de développement, déclare solennellement et prends l’engagement […] de me conformer aux dispositions de la Banque, et de m’acquitter de mes obligations avec loyauté, discrétion et conscience. Que Dieu me vienne en aide», a-t-il juré, sous les applaudissements d’une assistance nombreuse.

M. Adesina a déclaré que la Banque a pu atteindre son niveau actuel grâce aux efforts de nombreux hommes et femmes de valeur, dont les membres du Conseil des gouverneurs et du Conseil d’administration et les anciens présidents de la Banque, et grâce au dévouement de son personnel durant les 50 dernières années.

«Les générations futures porteront sur vos accomplissements un regard empreint de respect et d’admiration. Nous avons le devoir d’honorer votre travail acharné en ajoutant notre pierre aux solides fondements que vous avez édifiés».

Une nouvelle vague de croissance et de développement pour tous

Sous sa présidence, a-t-il déclaré, la Banque élargira les perspectives et libérera les potentialités des pays, des femmes, des jeunes, du secteur privé –ainsi que du continent dans son ensemble–, en vue d’initier une nouvelle vague de croissance et de développement dont tous profiteront. La croissance doit être partagée, a-t-il souligné. «La lueur qui brille dans les yeux de quelques privilégiés est assombrie par le sentiment d’exclusion de la majorité. Des centaines de millions de personnes sont laissées pour compte […]. L’Afrique ne peut plus se contenter de simplement gérer la pauvreté. Pour notre avenir et celui de nos enfants, nous devons l’éradiquer».

Et de poursuivre : «Nous devons intégrer l’Afrique, grandir ensemble, nous développer ensemble. Notre destin commun nous impose de briser les barrières qui nous séparent. Nous scellerons des partenariats plus étroits avec le secteur privé, la société civile, les établissements universitaires et les institutions multilatérales et bilatérales de développement. Nous poursuivrons les priorités de l’Afrique, telles que les ont envisagés les pères fondateurs de la Banque. Nous serons une voix forte pour notre continent, en le positionnant de manière avantageuse et en lui apportant notre soutien dans l’environnement mondial».

«Nous devons éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, car celle-ci est le moteur de l’économie», a déclaré le nouveau président de la Banque, en donnant l’assurance que celle-ci lancerait un nouveau Pacte de l’énergie pour l’Afrique. «Le continent africain jouit d’un potentiel illimité en ressources solaires, éoliennes, hydroélectriques et géothermiques. Nous devons libérer le potentiel des énergies en l’Afrique – à la fois traditionnelles et renouvelables».

Développer davantage le secteur privé…

Il a également fait état de la nécessité de développer le secteur privé pour assurer l’industrialisation du continent, créer des emplois pour les jeunes, autonomiser les populations rurales et les femmes, et extraire des millions de personnes de la pauvreté.

M. Adesina a rappelé avec force que «l’Afrique doit se nourrir par elle-même», estimant qu’il est inconcevable qu’un continent doté en abondance de terres arables, d’eau, d’une réelle diversité des ressources agro-écologiques et d’un climat favorable, soit importateur net de produits alimentaires. L’Afrique compte 65% des terres arables restantes de la planète, a-t-il expliqué, et celles-ci peuvent répondre aux besoins alimentaires de 9 milliards de personnes sur la planète d’ici à 2050. Il s’agit là d’un potentiel énorme inexploité, «mais les Africains ne peuvent pas se nourrir avec du potentiel».

M. Adesina a énuméré les cinq priorités qui guideront les travaux de la Banque dans l’exécution de sa Stratégie 2013-2022 en vigueur : «Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie. Nourrir l’Afrique. Intégrer l’Afrique. Industrialiser l’Afrique. Améliorer la qualité de vie des peuples d’Afrique».

La BAD doit être capable de répondre aux défis du continent

«Le personnel, les procédures et les systèmes de notre Banque deviendront capables de répondre à ces impératifs majeurs. Nous nous attacherons rigoureusement à mesurer les résultats de nos opérations de prêt sur la vie des peuples. Nous ne nous jugerons plus en nous basant simplement sur la taille de notre portefeuille de prêts. Nous y inclurons la solidité de la croissance et du développement de l’Afrique, ainsi que les améliorations apportées à la qualité de vie des peuples africains. Nous serons bien plus qu’une institution de crédit. Nous allons mettre en place une banque fortement compétitive, d’envergure internationale, axée sur le savoir, afin de fournir des services d’excellence en matière de politique et de conseil aux pays individuels et au secteur privé. Nous allons devenir une véritable institution de développement qui aura des effets quantifiables sur la vie des Africains».

M. Adesina a conclu son discours inaugural sur un appel à l’action: «Renouvelons notre engagement en faveur d’une Afrique plus grande. Une Afrique qui s’inscrit dans une croissance prospère, durable et inclusive – une Afrique pacifique, en sécurité et unie, intégrée sur le plan régional et compétitive sur le plan mondial. Un continent porté par l’espoir, des opportunités et des libertés, dont la prospérité profitera à tous. Une Afrique ouverte au monde, une Afrique dont les Africains seront fiers».

Intervenant à son tour, Yemi Osinbajo, vice-président du Nigeria, a évoqué la nécessité de tenir compte des autres spécificités du développement de l’Afrique, et de mettre l’accent sur la gouvernance, le changement climatique et l’autonomisation des femmes.

Alassane Ouattara, président de la République ivoirienne, a rappelé quant à lui que le continent africain fait face aujourd’hui à de multiples défis, dont ceux de la sécurité, de la volatilité des marchés et du chômage des jeunes. Il s’est déclaré convaincu que, fort de son expérience et de ses qualités éprouvées de leader, le président Adesina sera à même d’affronter ces défis.

Parmi les hautes personnalités présentes à la cérémonie, figuraient Pedro Pires, ex-président du Cabo Verde, Daniel Kablan Duncan, Premier ministre de Côte d’Ivoire, Ngozi Okonjo-Iweala, ancienne ministre nigériane des Finances, ainsi qu’une importante délégation de gouverneurs, de législateurs et d’hommes d’affaires venue du Nigeria.

Alexander Chikwanda, ministre zambien des Finances, a qualifié l’événement de «changement historique de la garde de la Banque africaine de développement, la fierté de l’Afrique».

Akinwumi Adesina a été élu 8e président de la BAD le 28 mai 2015. Sept autres personnalités s’étaient également portées candidates. Il a pour prédécesseurs : Donald Kaberuka (Rwanda), 2005-2015; Omar Kabbaj (Maroc), 1995-2005; Babacar N’diaye (Sénégal), 1985-1995; Willa Mung’Omba (Zambie), 1980-1985; Kwame Donkor Fordwor (Ghana), 1976-1980; Abdelwahab Labidi (Tunisie), 1970-1976 ; Mamoun Beheiry (Soudan), 1964-1970.

Source : BAD