À CHAUD
François Hollande estime que le pays doit accueillir davantage de demandeurs d’asile, mais demande aussi une plus stricte distinction avec les migrants économiques aux frontières de l’Union européenne.
Une crise «grave» et «dramatique», mais qui peut être «maîtrisée». François Hollande a annoncé ce lundi, lors de sa conférence de presse semestrielle, que la France accueillerait au cours des deux prochaines années 24 000 réfugiés arrivés en Italie, en Grèce ou en Hongrie. Le président de la République répond ainsi favorablement à la proposition de la Commission européenne d’un mécanisme «permanent» et «obligatoire» de répartition des demandeurs d’asile, qui, chaque jour, traversent la Méditerranée vers l’Europe.
«C’est le devoir de la France, où le droit d’asile fait partie intégrante de son âme, de sa chair», une France «marquée par des générations d’exilés ou de réfugiés qui sont venus au cours des décennies passées faire France avec nous», a précisé François Hollande.
Alors que 350 000 migrants, parmi lesquels une majorité de réfugiés potentiels, ont déjà traversé la Méditerranée en 2015, Bruxelles espère mettre en œuvre au plus vite une forme de solidarité européenne. Actuellement, les pays de première ligne (Italie, Grèce, Hongrie), ainsi que l’Allemagne, accueillent la plus grande partie de ces hommes et femmes fuyant Syrie, Irak ou Afghanistan. Rien que ce week-end, 20 000 personnes ont été accueillies en Allemagne.
Distinguer pour maîtriser
La France, de son côté, est loin d’être débordée. Elle se prépare à recevoir cette année quelque 60 000 demandes d’asile, un niveau stable par rapport à 2014. C’est pour cette raison que François Hollande a également annoncé avoir proposé à Angela Merkel de recevoir «un millier» de personnes arrivées outre-Rhin ces derniers jours. Un effort qui s’ajoute donc au chiffre de 24 000.
Sera-t-il suffisant ? Pas sûr : le projet de la Commission européenne concerne 120 000 réfugiés potentiels, en deux ans. Assez loin des 417 000 demandes d’asile déposées dans les 28 pays membres de l’Union européenne au cours du premier semestre 2015. En fait, François Hollande continue à effectuer une très nette distinction entre les migrants «relevant du droit d’asile» et ceux ayant «d’autres objectifs», c’est-à-dire qui fuient la misère et non la guerre. «On peut les comprendre mais on ne peut pas les recevoir», a tranché François Hollande.
«Centres d’enregistrement»
Les prochaines négociations entre partenaires européens devraient donc se focaliser sur la nécessité de créer des «centres d’enregistrement» aux frontières de l’Union. Ces «hotspots» seront chargés d’effectuer le «tri» entre les migrants que l’Europe accepte de recevoir, et ceux qui devront être «raccompagnés». «C’est parce que nous aurons cette capacité à faire la distinction que nous pourrons maîtriser [les flux]», d’après Hollande. Faute de parvenir à mettre en place ce «mécanisme d’ensemble», le système «explosera», a prévenu le président de la République, pointant le risque de disparition des frontières de Schengen.
La France souhaite compléter ce dispositif en mettant en place des «centres d’accueil des réfugiés» dans les «pays d’origine ou de transit», que ce soit autour de la Syrie ou en Afrique. «Si nous n’agissons pas pour qu’il y ait des centres […] qui puissent retenir, accueillir ces populations au plus près de leur pays d’origine, alors nous serons face non plus à une crise de déplacés mais à une crise humanitaire gigantesque, qui ne sera plus sur des milliers mais sur des centaines de milliers» de personnes, a affirmé François Hollande. Le président de la République compte appeler à une «conférence internationale pour les réfugiés» afin d’aborder ce dossier.
AFP