La note d’orientation du Plan stratégique de développement 2016-2020 prévoit un taux de croissance ambitieux de 5%, durant les cinq prochaines années, contre 1,5% seulement réalisé entre 2011 et 2015.
Elaboré par le ministère du Développement et de la Coopération internationale, le schéma de croissance pour 2016-2020, rendu public mercredi, a été soumis principalement aux partis de la coalition gouvernementale (Nidaa Tounes, Ennahdha, Afek Tounes et l’Union Patriotique libre). Il présente un modèle de développement alternatif qui place la barre très haut, ciblant plus “d’efficacité économique basée sur l’innovation et le partenariat, d’inclusion sociale et un développement pérenne”.
Une croissance conditionnée par le décollage des investissements
La réalisation de ce taux de croissance ambitieux reste tributaire d’une série d’hypothèses, dont notamment la récupération graduelle de l’activité économique durant les 2 premières années de la période du prochain plan quinquennal, pour concrétiser le décollage économique à partir de 2018.
D’après cette note d’orientation, les conditions sine qua non au rétablissement de l’économie nationale sont le “développement important de l’effort d’investissement, portant le taux d’investissement de 18,5% du PIB en 2015, à 25% à horizon 2020. Le volume total des investissements atteindra alors 125 milliards de dinars pour toute la période”.
C’est ainsi que les investissements publics, y compris ceux mobilisés par les entreprises et les établissements publics sont appelés à évoluer de 50% par rapport à 2015, pour atteindre 45 milliards de dinars.
En ce qui concerne, les investissements privés locaux, ils devraient augmenter de 65%, à 62 milliards de dinars. Quant aux IDE, la croissance escomptée est très optimiste de l’ordre 80%, pour atteindre 18 milliards de dinars.
La réalisation d’un fort taux de croissance dépendra, également, selon le ministère du Développement, de l’amélioration effective de l’environnement des affaires, ainsi que de l’avancement dans l’exécution des grandes réformes, surtout celles relatives à la modernisation de l’administration, la révision du système des marchés publics, la promulgation du nouveau code d’investissement, la poursuite de la réforme fiscale et celle du secteur financier, ainsi que de l’adoption d’une politique volontaire pour impulser le partenariat public-privé.
Il serait indispensable, aussi, d’après la note d’orientation, de parvenir à la maîtrise des équilibres financiers. Il s’agit de réduire le déficit courant, à 6,8% du PIB en 2020, contre 8,5% en 2015. Bien que ce niveau soit relativement élevé, il suppose un effort exceptionnel pour soutenir l’exportation mais aussi, une augmentation considérable des importations pour accompagner l’effort d’investissement. L’objectif escompté est également, d’abaisser l’inflation à 3,6% à la fin du prochain quinquennat, contre 5,4% à fin 2015.
Le schéma de croissance 2016-2020 prévoit, encore, la régression du taux de chômage à 11% (contre 15,2% durant la période 2011-2015), l’amélioration du revenu individuel pour atteindre 12 400 dinars (contre 8 283 dinars), et l’accroissement du taux d’épargne à 17,7% (contre 10,5%).
En ce qui concerne les échanges commerciaux, une évolution positive est attendue, aussi bien en termes d’exportations (+ 6%) que d’importations (+5,2%), contre une baisse respective de 0,7% et 0,1%, au cours de la période 2011-2015.
Réussir le passage d’une économie à faible coût à un hub économique
D’après la note d’orientation, la Tunisie est appelée à relever un certain nombre de défis, pour réussir le challenge d’une croissance de 5%.
Le premier défi concerne “le passage d’une économie à faible coût à un hub économique, et ce, en veillant à mettre en place un tissu économique plus diversifié et à contenu élevé en emplois”. Pour ce faire, la part des secteurs à contenu technologique élevé devrait passer de 20% du PIB en 2015, à 30% en 2020, outre le développement de l’infrastructure et la logistique, la promotion de l’innovation, l’accroissement de la valeur ajoutée pour les secteurs exportateurs de 15% actuellement à 20% en 2020 et l’amélioration du rythme d’évolution de la productivité de 2%, dans les 5 prochaines années”.
Le deuxième défi consiste à assurer le développement humain et l’inclusion sociale, en améliorant la qualité du système éducatif, à dessein d’impulser l’employabilité. Il est question, aussi, de protéger les droits acquis de la femme, d’améliorer le système de santé et les conditions de vie, de développer les relations professionnelles dans l’entreprise et de mener à bien la réforme du système de protection sociale.
Ainsi, le plan prévoit la réduction du taux de la pauvreté absolue de 4,6%, à 2,5% en 2020, l’amélioration de l’indice de développement humain (IDH) de 0,721 en 2013, à 0,786 en 2020 et la mobilisation de 20% du PIB pour les dépenses et les transferts sociaux.
Réduction des disparités entre les régions
Le troisième défi a trait à “la concrétisation des ambitions des régions”. Il se base sur la réduction des disparités entre les régions intérieures les moins développées et les régions côtières, en réduisant les écarts d’une moyenne de 30% sur l’échelle de l’Indice de Développement Régional.
Pour ce faire, l’effort sera orienté vers “l’amélioration de l’infrastructure, la promotion du développement des régions et l’augmentation de leur attractivité, le développement d’un système de financement régional, l’amélioration des conditions de vie des habitants et le développement de la décentralisation, en jetant les bases de la gouvernance locale”.
Le quatrième défi est relatif à la mise en place des piliers d’un développement durable, lequel prévoit un aménagement équilibré du territoire, permettant d’intégrer toutes les régions, tout en respectant l’environnement. Sa concrétisation est tributaire d’une utilisation rationnelle des ressources naturelles, une meilleure protection de l’environnement et une maîtrise renforcée de la consommation de l’énergie.
Les grandes lignes d’une relance de l’économie tunisienne sont désormais tracées, reste pour le gouvernement à se doter des mécanismes idoines, à même de concrétiser le nouveau plan stratégique de développement 2016-2020, surtout dans un climat politique délétère.