Quinze (15) associations tunisiennes se sont constituées en coalition pour être associées aux prochaines négociations entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) sur l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), prévu en octobre prochain.
La coalition, composée essentiellement de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), mais également de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), demande officiellement au gouvernement tunisien l’ouverture d’un débat national sur l’ALECA.
Elle a présenté une demande d’audition auprès de la Commission européenne (CE) et du Parlement européen où elle bénéficie du soutien du groupe parlementaire des sociaux démocrates, selon Lobna Jeribi, ancienne députée à l’ANC (Ettakatol) et responsable à l’association Solidaire Tunisie sociale, initiatrice de cette coalition.
Pour Mme Jeribi, il s’agit d’adopter une approche participative dans ces négociations. Les associations tunisiennes dont le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), le Conseil de l’ordre des ingénieurs (COI) et l’Institut arabe des droits de l’Homme (IADH), revendiquent également une évaluation objective de l’accord d’association signé entre la Tunisie et l’UE en 1995.
L’économiste Sami Aouadi explique que le nouvel accord porte sur des choix futurs qui façonneront les politiques économiques et sociales du pays. Il concernera de nouveaux secteurs, notamment les services y compris de santé et l’agriculture, outre les marchés publics, a-t-il dit.
Pour cet expert, auteur de plusieurs études sur l’impact économique du premier accord d’association Tunisie/UE, ledit accord n’a pas apporté à la Tunisie et à son économie les améliorations promises lors de sa signature, s’agissant notamment de la recherche scientifique et de l’augmentation des exportations tunisiennes et de l’investissement direct européen destiné à remplacer les pertes tunisiennes en matière de ressources douanières.
Ainsi, la part de la Tunisie et de l’ensemble des pays maghrébins du commerce extérieur européen a régressé, passant de 4,7% en 1980 à 2,1% en 2011.
L’économiste s’est également référé à un rapport officiel du gouvernement tunisien paru en 2008, critiquant la faiblesse de l’engagement européen et du bilan de la coopération entre les deux parties. «La coopération n’a pas atteint les objectifs tracés dans le cadre de l’accord», a-t-il cité.
Pour Sadok Belhaj Houcine de l’UGTT, les rapports d’évaluation réalisés sur cette question pour le compte de l’UE ou la Banque mondiale, par certains bureaux d’études sont totalement acquis aux commanditaires de ces études et manquent d’objectivité.
De son côté, Rafik Halwani, responsable du Réseau Morakiboun; a affirmé que l’initiative de la coalition doit avoir pour objectif ultime l’amélioration de la position de la Tunisie dans ces négociations, notant que le pays possède des marges de négociation qu’elle doit exploiter.
Une commission chargée de rédiger un texte servant de plateforme à cette action à été créée dans le cadre de cette réunion.