Hier matin comme tous les jours de la semaine, je pris ma petite voiture, mes enfants et me dirigeai à l’école pour les déposer avant de continuer vers mon bureau comme d’habitude. Hélas le spectacle qui me croisa était d’une horreur qu’on imagina qu’un énorme carambolage s’était produit comme seuls peuvent les faire les producteurs hollywoodiens dans leurs péplums!
Il y avait des voitures partout et dans tous les sens et des gens qui hurlaient devant des pompistes qui les regardaient d’un air désabusé et qui n’avaient que des cuves vides à leur proposer! Il semblerait que le dimanche au soir une grève ait été décidée par les transporteurs laissant les pompistes sur leur faim!
Mon gosse, effaré, ne comprenait rien et commençait à pleurer de peur d’arriver en retard à l’école laquelle, la semaine dernière, lui est restée fermée durant deux jours par la volonté d’autres syndicalistes!
Alors de quel côté allons-nous regarder? Du côté du gourou qui menace d’utiliser les minarets comme lance-missiles si on touche à ses imams, du côté des syndicalistes qui ferment des écoles le jour de leur ouverture, des stations-services qui n’ont plus d’essence la veille d’un grand déplacement occasionné par l’AID, où les familles se retrouvent, et encore heureux qu’aujourd’hui il paraît que les trains nous ont rendu un service en suspendant leur grève?
Derrière tout cela je me dis qui veut rendre notre chère et historique centrale syndicale -notre Union Générale de Tous les Tunisiens- impopulaire? Encore heureux que les extrémistes considèrent que le syndicalisme comme haram! Car cette fois il faudra leur rendre justice et ne pas les accuser à tort: ils n’y sont pour rien dans cette pagaie…
Alors que notre petit bout de pays traverse des crises et résiste grâce à une société civile compacte, les attaques n’ont pas fini de chercher à la démolir comme le ressac d’une vague qui s’attaque à la colline qui borde la mer pour provoquer un glissement de terrain.
Et si les terroristes sont des individus qui mènent des actions ponctuelles qui peuvent coûter cher –2 millions de nuitées l’attaque de SOUSSE–, ce nouveau type d’attaque que je n’hésiterai pas à appeler “terrorisme syndical“ coûte encore plus cher car il touche tous les secteurs de l’économie: je pense qu’il y a des gens qui ont déjà calculé que les dégâts de la journée d’hier ont coûté nettement plus cher que les 6% demandés…
Le constat est on ne peut plus clair: ces grèves à répétition ne touchent que la fameuse couche moyenne du pays qui est en train de disparaître car c’est très simple: les enfants des familles aisées vont dans des écoles privées dans l’une des voitures que leurs parents possèdent et qui ne connaissent pas la pénurie d’essence!
Messieurs les syndicalistes, vous avez atteint vos objectifs pour vous rendre impopulaires! Bravo et si vous voulez, je peux vous aider à mettre au point votre planning des grèves pour bloquer encore plus un pays qui est déjà presque arrêté!