Le rapport annuel du Forum de Davos 2015-2016, paru aujourd’hui, a classé la Tunisie à la 92ème place, soit un recul de 5 places par rapport à 2014-2015, et ce, sur un total de 140 pays listés, avec un indice de compétitivité de 3,93/10, contre 4,7% en 2011. Ces résultats, présentés, lors d’une conférence de presse à l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace), confirment le net repli de la compétitivité macroéconomique du pays qui ne cesse de se dégrader pour passer de la 32ème place lors du rapport 2011-2012 à la 87ème en 2014-2015 et à la 92ème cette année, soit un recul de 60 places, en cinq ans.
L’indice global sur la compétitivité macro-économique est calculé à partir de 12 piliers comprenant 114 critères. Ces piliers sont répartis en trois catégories : Exigences de base (institutions, infrastructure, stabilité macroéconomique, santé et enseignement primaire), moteurs de développement (enseignement supérieur et formation, efficience du marché des biens et du travail, sophistication du marché financier, aptitude technologique, taille du marché) et innovation et sophistication (sophistication des affaires, innovation).
Le classement moyen dans tous les secteurs est de 100 sur 140
Selon Fayçel Derbel, expert et membre du bureau exécutif de l’IACE, les composantes des piliers qui ont reculé de manière significative dans leur classement sont le marché du travail(133ème), la qualité des relations sociales (125ème), la flexiibilité dans la détermination des salires (121ème) les saliares et la productivité (119ème).
Viennent ensuite l’impact du terrorisme en termes de coût sur les affaires (128ème), de coût des crimes et violence sur les affaires (101ème), de coût du crime organisé (97ème).
Le système bancaire suit le m^me trend baissier. En matière d’épargne nationale, la Tunisie, est classée 120ème, de solidité bancaire (133ème), de disponibilité des services financiers (121ème) et de garanties bancaires (106ème).
Dans le domaine de transparence et de bonne gouvernance, la Tunisie est classée 104ème pour l’efficacité des organismes de gestion, 92ème pour la corruption (payements illégaux et pots de vins), 96ème pour l’audit et 126ème pour le poids des procédures douanières.
Concernant l’innovation et l’avancée technologique, est classée 109ème pour la capacité technologique des institutions, 111ème pour la qualité des institutions de recherche et 116ème pour le partenariat entre universités et entreprises et 112ème pour la connexion des écoles à l’internet.
Moralité : le rapport est négatif pour la Tunisie. La compétitivité du pays a reculé dans tous les secteurs stratégiques. En témoigne son classement moyen au delà de la 100ème place sur un total de 140.
La seule avancée par rapport à la précédente édition a été enregistrée au niveau de la catégorie des exigences de base, avec un gain de 7 places. Les deux piliers qui ont progressé, en l’espace d’une année sont les Institutions (+é places)) et la stabilité macroéconomique (+ 14 places).
Au rayon des piliers qui ont le plus reculé, le rapport cite l’Innovation et la sophistication qui ont perdu respectivement 16 et 11 places. Les piliers d’infrastructures et santé et enseignement de base ont enregistré également des reculs respectifs de 1et 5.
Ce rapport est accablant certes mais il est aussi anachronique
En dépit de son aspect accablant, il faut dire que ce rapport pèche par son anachronisme. Concocté au mois de mars 2015, c’est-à-dire à une période qui a connu l’attentat du musée du Bardo et l’arrêt de production, pendant au moins trois mois, dans les secteurs stratégiques (industries extractives, industries chimiques…), le rapport ne prend pas en considération les progrès accomplis par l’actuel gouvernement depuis 7 mois.
Est- il- besoin de rappeler la relance de grands travaux (autoroutes, infrastructure ferroviaire (RFR), mégaprojets, amélioration des fondamentaux (réduction de l’inflation et des déficits budgétaire et commercial), adoption de lois stratégiques (recapitalisation des banques publiques, lois sur la concurrence, sur le terrorisme et le blanchiment d’argent ;
Et pour ne rien oublier, d’importantes réformes sont en cours de finalisation. Il s’agit particulièrement du code d’investissement et de la réforme fiscale dont une bonne partie sera incluse dans la loi de finances 2016.
Cela pour dire finalement que ce rapport ne peut être en aucune manière être une référence crédible. IL survient à un moment où la Tunisie a réalisé des avancées significatives et commence à se porter mieux au regard des perspectives qu’offrent les réformes engagées à court et moyen termes.