Outre le programme de départs volontaires à la retraite et la clarification de la situation des ex-filiales réintégrées au sein de la société-mère après le 14 janvier 2011, Mme le PDG de Tunisair veut également faire avancer le chantier de la restructuration de la compagnie et lui choisir l’alliance dont elle ferait partie pour se booster sur le plan commercial.
Après avoir paré au plus pressé –en obtenant le feu vert de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour l’octroi de la garantie de l’Etat nécessaire au financement par des bailleurs de fonds internationaux de l’achat de nouveaux Airbus et en essayant de remettre en marche Tunisie Catering, le prestataire en matière catering à l’arrêt depuis mars dernier-, Sarra Rejeb, président-directeur général de Tunisair, n’a pas eu le temps de pousser un ouf de soulagement, si petit soit-il, car il lui a fallu tout de suite s’attaquer au… plus compliqué.
En poste depuis bientôt six mois –elle a été nommée le 3 avril 2015-, des problèmes, plus compliqués, les uns que les autres et des chats à fouetter, Mme Rejeb en a à la pelle, ainsi que l’intéressée l’a récemment expliqué aux membres de la Commission des finances de l’ARP, à l’occasion de l’examen de la demande de la garantie de l’Etat.
Le premier d’entre ces casse-têtes a trait à la clarification d’une situation pas des plus claires du transporteur aérien national sur le plan de l’organisation. Manque de clarté qui concerne au moins deux points : le programme de départs volontaires à la retraite et la situation des ex-filiales de Tunisair réintégrées au sein de la société-mère après que l’Etat, actionnaire majoritaire, a accepté après le 14 janvier 2011 et sous la pression de l’UGTT, de mettre un terme à la politique de filialisation.
Plus compliqué également est le dossier de la restructuration de Tunisair et que le nouveau PDG voudrait faire avancer plus rapidement. Pour ce faire, Mme Rejeb voudrait le plus rapidement doter la société qu’elle dirige d’un «vrai» organigramme, c’est-à-dire approuvé par décret et non comme celui en vigueur simplement validé par le conseil d’administration.
Ensuite, parce Tunisair souffre d’une grande lenteur en matière de prise de décision «à cause des procédures» et parce que «le statut d’entreprise publique ne lui permet pas d’être réactive», son PDG a demandé que la société «puisse avoir un système de gouvernance particulier».
Non moins compliquée et au moins tout aussi nécessaire est la remise à plat de la politique commerciale de la compagnie. Et dont les deux principaux axes sont la consolidation du positionnement sur les marchés traditionnels et l’orientation vers l’Afrique.
En dépit d’une «forte demande, notamment de la part d’hommes d’affaires et de médecins», Mme Rejeb n’est pas prête à mettre le cap sur l’Afrique sans un filet de protection. «On doit garantir un minimum de rentabilité et pour cela il faudrait un accord sur un taux de remplissage qui prévoit une compensation si on ne l’atteint pas».
Pour ce qui des destinations plus lointaines, comme le Canada, Tunisair sera prête à relever le défi dès la fin 2016, et ce grâce à l’acquisition d’un deuxième Airbus A330.
Mais Sarra Rejeb affirme absolument que, commercialement, «nous ne pouvons plus continuer seuls» et que Tunisair est convaincue de ce fait de la nécessité de faire partie d’une des alliances internationales qui se disputent aujourd’hui les parts de marché du transport aérien. Et même si elle admet que «nous n’avons pas encore choisi» de quelle alliance Tunisair voudrait faire partie, Mme le PDG sait certainement pertinemment qu’il lui faudra plutôt que tard trancher cette question.