SOS BIAA, ONG active dans le domaine de l’environnement, a appelé, mardi 6 octobre, le gouvernement à réagir et à donner des éclairages sur le projet d’aménagement d’une station d’épuration dans la localité d’El Attar à Sidi Hassine (ouest de Tunis), projet classé par la Banque mondiale “à haut risque social et environnemental”, dans son rapport publié en juillet 2015.
Le projet est aussi évoqué, depuis 2013, dans les rapports des commissaires aux comptes tunisiens, pour “des défaillances techniques et financières” et aussi pour le retard affiché dans sa mise en service, qui était prévue le 30 juin 2015.
Lors d’une conférence, le président de l’association, Morched Garbouj, a également appelé la Commission parlementaire de l’industrie, de l’énergie, des ressources naturelles, de l’infrastructure et de l’environnement à auditionner les responsables des structures chargées de ce projet, dont le financement, accordé à la Tunisie sous forme de crédits, s’élève à 70 millions de dollars (environ 143 millions de dinars).
“Nous voulons aussi qu’ils réagissent et qu’ils nous disent pourquoi la Banque mondiale parle d’un projet à haut risque et aussi quand le projet prendra réellement fin”, a encore déclaré Garbouj, à l’agence TAP.
Il a fait état, sur un autre plan, d’incohérences dans les objectifs prononcés par le gouvernement, soit l’allègement de la pression sur la station d’épuration de Radès Méliane et la réduction de la pollution causée par les eaux usées dans le Grand Tunis et ceux déclarés par la BM qui cofinance le projet. L’institution mondiale parle, au fait, de l’objectif d’aider le pays à trouver des solutions aux problèmes des eaux usées traitées pour les réutiliser dans l’irrigation.
Le responsable de SOS BIAA est aussi sceptique quant à la crédibilité de cette objectif de réutiliser les eaux traitées dans l’irrigation des cultures, car “le traitement de ces eaux n’est pas conforme aux normes tunisiennes et internationales”, d’après des analyses qu’il dit avoir pris connaissance.
Selon ses dires, les responsables de l’ONAS indiquent que le projet sera opérationnel en 2016, ce qui est difficile à croire, surtout que, d’après lui, “des poursuites judiciaires ont été contre les sociétés chargées de l’exécution de différentes composantes du projet. L’affaire est déjà devant les tribunaux et la Cour d’arbitrage de Paris”.
Il a relevé que la BM, bailleur de fonds pour la réalisation de cette station, a déjà déboursé 66,8 millions de dollars (133,6 MDT) sur un montant global de 70 millions de dollars, soit 89% du montant.
“C’est dire aussi qu’il y a une incohérence entre l’avancement des travaux, probablement bloqués, et le décaissement des fonds”, a laissé entendre le responsable de l’association.
L’association environnementale a critiqué aussi le choix du site de la station distant de seulement 400 et 500 mètres de la plus grande décharge de Tunis et aussi tout prêt d’une localité habitée par des milliers de familles.
Les représentants de l’ONG ont indiqué avoir été “étonnés”, d’apprendre qu’un montant colossal de 1,9 million de dollars, soit presque 3,8 milliards de dinars, consacré à la formation et au renforcement des capacités des ressources humaines.