«Les trois banques publiques (STB, BNA et BH) resteraient étatiques et leur gouvernance serait privée», c’est le scénario qui semble avoir été retenu au terme des missions d’audit lancées en 2013, révèle Tunisie Valeurs, dans une note publiée dans sa revue d’octobre 2015.
“A l’heure actuelle, la privatisation d’une ou des trois banques n’est donc plus à l’ordre du jour, mais des opérations de cession de participations minoritaires à des partenaires privés ne sont pas à exclure”, a précisé l’intermédiaire en Bourse.
“Une enveloppe de 1,3 milliard de dinars sera nécessaire pour la recapitalisation de ces banques. La STB bénéficiera, à elle seule, d’un budget de 757 MDT, afin de renforcer ses fonds propres, surtout qu’elle compte des créances classées s’élevant à 2,4 milliards de dinars, ce qui représente 30% des engagements de la banque et plus du tiers des créances classées du secteur. Il s’agit d’un montant colossal qui sera pour l’essentiel financé par l’Etat”.
Concernant la BH, elle a entamé, en juillet 2015, la 2ème étape de son processus de restructuration et a réalisé une opération d’augmentation de capital clôturée le 11 septembre 2015, sur un montant de 110 MDT, et ce après l’émission d’un emprunt obligataire subordonné de 90 MDT, clôturé avec succès, au mois de mai de cette année, rappelle Tunisie Valeurs.
Vers une cession des participations non stratégiques de la BNA
S’agissant de la BNA, Tunisie Valeurs estime qu’«à la différence des deux autres banques publiques, le renforcement des fonds propres de cette banque pourrait passer par la cession de ses participations non stratégiques», surtout qu’elle «détient un portefeuille de participations important comprenant des titres cotés tels que ceux de la SFBT, la SIMPAR ou encore Air Liquide qui recèlent des plus-values latentes intéressantes».
La BNA, qui détient 14% du capital de la SFBT, a cédé 3,08% de ses parts dans cette société pour dégager une plus-value de 85,131 millions de dinars et dispose encore d’une plus-value potentielle de 254 MDT, rappelle-t-on.
La réforme des banques publiques est très attendue…
Tunisie Valeurs souligne qu’un business-model sera mis en place afin de permettre à ces trois institutions bancaires publiques, qui s’accaparent 38% des actifs bancaires en Tunisie, «d’améliorer leur compétitivité, de renforcer leur notoriété et de faciliter l’accès à de futurs partenaires stratégiques ou techniques privés». Et de rappeler que «la concrétisation de la réforme de fond des trois banques publiques, initiée il y a deux ans, est aujourd’hui fortement attendue par les investisseurs».
Globalement, le secteur bancaire est la première force du marché, avec une capitalisation boursière de 8 milliards de dinars. Il représente 41% de la capitalisation totale. «Son état de santé reste un baromètre essentiel de l’investissement en Bourse, surtout que des prémices d’une reprise semblent se dessiner».
Une progression de près de 15%…
S’agissant des banques cotées, dont le nombre s’élève à 11 sur un total de 29 établissements bancaires, l’intermédiaire en Bourse fait savoir qu’elles ont enregistré, durant le premier semestre 2015, une performance de +14,6%.
Le secteur a enregistré, à fin juin 2015, une légère baisse de 0,1% des dépôts à 45,44 milliards de dinars. Parallèlement, les tensions sur la liquidité semblent réapparaître, avec un accroissement des interventions de la BCT sur le marché monétaire avec une injection moyenne quotidienne de 5,54 milliards de dinars, contre 3,32 milliards de dinars à fin 2014.
16,6% de part de marché pour la BIAT
La BIAT maintient sa position de leader en termes de dépôts, avec une part de marché de 16,6% et un total de dépôts de 7,64 milliards de dinars, suivie de la BNA (5,85milliards de dinars) et la STB (5,42 milliards de dinars).
En ce qui concerne les encours de crédits, ils ont enregistré une hausse de 2,5% à 46,65 milliards de dinars, «une croissance molle qui témoigne d’un climat d’investissement encore fragile».
Au niveau des crédits, c’est la BNA qui confirme sa position de leader, avec une part de marché de 15,5% (7,20milliards de dinars), suivie d’Amen Bank (6,10 milliards de dinars) et la BIAT (environ 6 milliards de dinars).
S’agissant du PNB, il a connu, durant les six premiers mois de l’année en cours, «une progression solide de 8,3% à 1,37 milliards de dinars”.
Le secteur bancaire tunisien se différencie par son “atomicité”, entre banques publiques, privées, universelles, spécialisées d’investissements. Une meilleure concentration du marché bancaire serait aujourd’hui bien plus souhaitable pour la stabilité du système financier, recommande Tunisie Valeurs.