Alors que la précédente enquête de la CTFCI (Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie) donnait à penser que, malgré le manque de visibilité et la persistance du risque sécuritaire dans le pays, il existait une propension à engager de nouveaux investissements, le baromètre de la conjoncture économique pour le premier semestre 2015 indique que plus de la moitié des entreprises s’attendent au contraire à une baisse de leurs investissements. Comme s’il n’y avait pas eu des élections –législatives et présidentielle- supposées avoir fait entrer le pays dans une phase de plus grande stabilité.
Neuf mois après l’avènement du gouvernement issu d’élections libres et transparentes –législatives et présidentielle, organisées en novembre et décembre 2014-, la Tunisie était supposée être entrée dans une phase de plus grande stabilité politique et commencer à en percevoir les dividendes sur le plan économique. Eh bien c’est l’inverse qui est en train de se produire.
L’arrivée aux commandes du pays du gouvernement dirigé par Habib Essid ne s’étant pas encore traduite par la stabilité tant appelée de leurs vœux par les Tunisiens, la Tunisie le paie cash sur le plan économique. C’est du moins ce qui ressort du baromètre de la conjoncture économique pour le premier semestre 2015 réalisé par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI), dont les résultats ont été publié lundi 19 octobre.
En effet, selon cette enquête menée auprès de 72 entreprises membres de la CTFCI, «la relance espérée et recherchée de l’investissement n’est pas pour demain» puisque plus de la moitié des entreprises sondées, soit 52,7%, s’attendent à une baisse de leurs investissements et seulement 19,4% considèrent qu’il existe des opportunités pour faire de nouveaux investissements.
La situation ne devrait pas changer en 2016. L’enquête a fait ressortir «le même sentiment d’incertitude et d’attentisme» chez les opérateurs sondés qui sont presque divisés en trois tiers: qui s’attendent respectivement à un repli de leurs investissements (36,1%), à une augmentation (36,1%) et à une interruption (27,8%). Des rapports «très rapprochés» qui, selon le rapport, traduisent «la persistance du flou et une confiance non encore rétablie».
Pourtant, la précédente enquête, publiée en décembre 2014, c’est-à-dire à deux mois du départ du gouvernement Jomaa, laissait espérer une reprise des investissements.
Le baromètre 2014 indiquait en effet alors que «malgré le doute, le manque de visibilité et la persistance du risque sécuritaire, il existe chez les entreprises sondées une propension à engager de nouveaux investissements que ce soit en 2014 ou 2015».
Concrètement, 41% des entreprises sondées ont annoncé de nouveaux investissements en 2014 et 60% envisageaient d’investir plus en 2015. Et même la proportion d’entreprises n’ayant pas l’intention d’investir en 2014 (39%) devrait tomber à 23% en 2015.
Finalement, les entreprises membres de la CTFCI sont tombées, durant le premier semestre 2015, dans l’état d’esprit qui était le leur avant l’avènement du gouvernement Jomaa: pessimisme et prudence.
En février 2014, la majorité des entreprises trouvait les perspectives économiques pour l’année 2014 floues, voire incertaines; si 44% d’entre elles comptaient investir, une proportion égale comptait s’abstenir de le faire et 12% étaient indécises. Une situation que le gouvernement se doit d’analyser pour en tirer les leçons.