Lors de la table ronde organisée par l’agence TAP sur “la loi de finances 2016”, samedi 24 octobre, les experts présents ont souligné que cette loi comporte des mesures “audacieuses et réformistes”, mais “insuffisantes” pour relever les défis de l’économie tunisienne.
Moez Joudi estime que le taux de la pression fiscale en Tunisie, évalué à environ 21%, est considéré parmi les plus élevés au monde, ce qui réduit la consommation et bloque l’investissement.
“L’Etat se trouve contraint, ainsi, d’augmenter les dépenses”, a-t-il dit, relevant que la masse salariale accapare environ 13 milliards du budget de l’Etat (29 milliard de dinars) et représente 13,6% du PIB.
Il a évoqué, en ce qui concerne les dépenses de l’Etat, l’accroissement des recrutements dans la fonction publique. Les employés du secteur public a atteint en Tunisie 750.000 personnes (pour une population d’environ 11 millions d’habitants) contre 800.000 en Allemagne, un pays qui compte une population de 90 millions habitants.
Joudi recommande donc la rationalisation des dépenses publiques à travers l’élaboration d’un programme spécifique, appelant le gouvernement à ouvrir un dialogue national avec ses partenaires sociaux (UGTT, UTICA, la société civile et les experts) pour revoir le dossier de la fonction publique qui doit trouver l’équilibre entre les dépenses et la productivité.
Au sujet des sociétés publiques en faillite, il a proposé la privatisation partielle ou totale de ces institutions à l’instar de “Tunisie Télécom” et la société “Magasin Général”.
Concernant la réduction de 20 et 50 millimes du prix des hydrocarbures, Joudi estime que “ça va bénéficier, de façon directe ou indirecte, aux consommateurs”.
L’expert s’est montré, par ailleurs, inquiet de l’augmentation du déficit budgétaire à des niveaux records, entre 7 et 8%, alors que la norme internationale ne dépasse pas les 3%.
L’expert en risques financiers, Mourad Hattab, a, de son côté, fait valoir que les hypothèses sur lesquelles repose le projet du budget de l’Etat pour l’exercice 2016 sont “réalistes et réalisables”.
Pour lui, l’objectif d’atteindre un taux de croissance de 2,5% pourrait être réalisé à travers les différentes réformes engagées à tous les niveaux; rappelant que le budget de l’Etat a été élaboré sur la base d’estimations “justes” et “raisonnables”, du prix du baril (55 dollars) et du taux de change (1,970 dinar).
Il a toutefois fait observer que les réserves nationales en devises risquent de se réduire et d’influencer les prix de change qui seront volatiles, ce qui pourrait mener à une hausse des prix des matières premières.
En ce qui a trait aux services de la dette (aux alentours de 8 milliards de dinars en 2017, contre 5,13 milliards de dinars en 2016), l’expert a qualifié cette hypothèse d'”exagérée”, surtout que le taux global de l’endettement est estimé actuellement à 54,8% du PIB.
Il a appelé à la nécessité d’adopter de nouveau le concept du “budget citoyen” pour simplifier l’information en faveur du citoyen et consacrer la transparence, rappelant que ce concept n’a été appliqué qu’une seule année.