Confronté bien avant sa nomination en février dernier à son poste actuel –puisqu’il était directeur général de l’enseignement supérieur-, à l’épineux dossier de l’enseignement supérieur privé, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a opté, dans son dialogue avec les professionnels de ce secteur, pour une démarche faite à la fois de fermeté sur le fond et de souplesse dans la mise en œuvre. Avec de premiers résultats qui ne sont pas négligeables.
Lorsque le gouvernement dont il fait partie a pris les commandes du pays en février 2015, la crise avec les opérateurs de l’enseignement supérieur privé bâtait déjà son plein. Sept mois après, elle n’est pas encore résolue, mais les tensions sont apaisées et on entrevoit les prémices d’une solution. C’est du moins ce qui transparaît des propos tenus par Chiheb Bouden, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lors de la conférence de presse du 10 septembre 2015. Et cette conclusion est confortée par plusieurs avancées enregistrées dans ce dossier fort controversé.
D’abord, le si longtemps controversé cahier des charges organisant le secteur de l’enseignement supérieur privé est prêt et sera bientôt examiné en conseil des ministres, affirme M. Bouden. Et, fait important, souligne le ministre, ce cahier des charges a été élaboré par une commission mixte composée de représentants des départements concernés au sein du ministère et des professionnels du secteur, comme ces derniers l’ont demandé.
Réunification des voies d’accès à la formation d’ingénieur
Ensuite, les deux parties sont tombées d’accord pour réunifier les voies d’accès à la formation d’ingénieur. Désormais, les bacheliers désireux de suivre ce cursus dans le privé devront passer par la même porte d’entrée que ceux du public, en l’occurrence le concours national.
Cette mesure devrait permettre d’éviter de nouvelles manifestations des étudiants des écoles des instituts préparatoires et des écoles d’ingénieurs qui sont descendus dans la rue en début d’année pour protester contre la reconnaissance de l’équivalence des diplômes délivrés par les écoles privées d’ingénieurs, et exiger la révision du cahier des charges portant organisation de l’enseignement supérieur privé, notamment pour unifier les voies d’accès aux écoles d’ingénieurs.
En outre, sur les 255 demandes de nouvelles licences, 133 ont été acceptées, dont les deux tiers au profit du secteur public et le tiers restant pour le privé.
De même, un nouveau round de réévaluation-validation d’un certain nombre de licences –qui a lieu tous les quatre ans- a été mené qui s’est traduit par l’acceptation de 302 des 382 dossiers présentés, dont 76% pour le public et 24% pour le privé.
Mise en place de contrats-programmes…
Enfin, last but not least, le ministère et la Chambre syndicale de l’enseignement supérieur privé ont convenu de la mise en œuvre d’une politique de contrats-programmes. Toutes les institutions de l’enseignement supérieur privé ont en effet été appelées à en proposer un pour les trois prochaines années. Ces contrats formalisent les engagements de ces opérateurs privés à «améliorer le taux d’encadrement pédagogique, renforcer les équipements, maîtriser l’organisation des stages et prendre soins des espaces» des universités privées.
Et pour aider écoles et universités privées à bien maîtriser ce processus, le ministère de l’Enseignement supérieur privé et de la Recherche scientifique prévoit d’organiser au début de l’année universitaire 2015-2016 un atelier pour élaborer un modèle de contrat-programme.
«Nous avons opté pour cette démarche sur trois ans afin de ne pas bousculer les universités privées en exigeant d’elles de tout faire et tout de suite pour combler les lacunes constatées», explique M. Bouden (lire l’interview de Mohamed Damak sur ce point).