La baisse du taux d’intérêt directeur décidée par la Banque centrale de Tunisie à 4,25% -alors qu’il était de 4,75%- devrait permettre aux banques de continuer à se refinancer à moindre coût tout en rémunérant moins l’argent qu’elles placent, ce qui devrait les inciter à prêter davantage aux ménages et aux entreprises.
Dans la mesure où l’inflation a baissé, cette baisse pourrait être bénéfique à condition de contourner deux écueils. Le premier est lié au taux de rémunération de l’épargne au moment où les dépôts dans les banques sont en train de baisser considérablement, et la capacité de renforcer le volume du financement des projets créateurs de richesses.
Ce n’est pas aussi évident que cela, estime Ezzeddine Saïdane. «La baisse du taux d’intérêt impactera négativement l’épargne qui est déjà en difficulté. L’épargne nationale était de 22% en 2010, aujourd’hui elle est évaluée à moins de 12%. Le risque est que les épargnants deviennent plus réticents quant aux dépôts de leur argent dans les banques, ce qui ne permettra pas de financer les projets économiques. Au lieu d’encourager l’épargne nationale en élevant progressivement le taux d’intérêt, la BCT a fait le contraire».
En fait, explique M. Saïdane, si l’on prend en compte l’indicateur inflation dans le taux d’intérêt réel, il deviendra négatif, ce qui reviendrait à dire qu’alors que le capital est presque inexistant en Tunisie, nous continuons à le dévaluer, ce qui mène à l’augmentation des dépenses inutiles, à la baisse du dinar tunisien alors que le but prétendument recherché par la BCT est la relance de l’économie. «Ce n’est pas le taux d’intérêt qui stimule une reprise économique, c’est une vision claire de l’avenir, un climat d’affaires adéquat, une stabilité sociale et sécuritaire rassurante pour les opérateurs».
Pour d’autres experts aussi, ce n’est pas en baissant le taux d’intérêt que l’on pourrait sauver l’économie, c’est plutôt en s’engageant fermement dans une trêve sociale qui ne souffre aucune surenchère de n’importe qui et de n’importe quelle partie. C’est également par l’adoption le plus rapidement possible du code des Investissements et de la loi sur le partenariat Public/Privé ainsi que par l’entrée en vigueur de la loi sur la réconciliation nationale pour redonner au climat d’investissement sérénité et vigueur.
Rappelons qu’à ce jour, 400 opérateurs sont toujours sous la coupe d’une justice qui part dans tous les sens et en laquelle on a perdu confiance.