La contribution du secteur bancaire au financement de l’investissement agricole s’est dégradée au fil des ans, passant de 15%, dans les années 90, à seulement 7% en 2014, et ce en dépit du rôle économique majeur que joue l’agriculture en Tunisie.
C’est ce qui ressort des données présentées samedi 31 octobre lors d’un séminaire sur cette question, dans le cadre de la 12ème édition du Salon international de l’agriculture, du machinisme agricole et de la pêche (SIAMAP 2015).
Malgré la faiblesse de ces financements, les exportations du secteur ont atteint, durant les 9 premiers mois de cette année, plus de 3 milliards de dinars, ce qui a permis de réaliser un excédent de la balance alimentaire de 111%, a affirmé Mongi Saidani, responsable chargé des affaires économiques à l’UTAP.
Pour lui, la baisse des crédits traduit les difficultés que rencontre l’agriculture tunisienne en matière de financement avec des crédits bancaires assortis d’un taux d’intérêt élevé de plus de 9%.
D’autres difficultés structurelles fragilisent le secteur agricole dont la rareté des ressources naturelles notamment l’eau, l’érosion -qui menace 3 millions d’hectares de terres agricoles- et la hausse du taux de salinité du sol, sans oublier d’autres difficultés liées au vieillissement de la population des agriculteurs, au désintérêt des jeunes et de la faiblesse du taux d’encadrement, ainsi que des problématiques relatives à l’assurance agricole qui ne représente que 3,5% du chiffres d’affaires du secteur, du moment que 6% seulement des agriculteurs sont assurés, note M. Saidani.
“Quant aux subventions publiques accordées au secteur agricole, elles ne dépassent pas les 35 euros/hectare, soit environ 80 dinars par hectare en Tunisie, contre 549 euros soit environ 1200 dinars par hectare en Europe”, a t-il précisé.
Afin de dépasser cette situation, l’UTAP recommande l’accélération de la réforme du système de crédit agricole, l’adoption d’une solution efficace et radicale pour le problème de l’endettement des agriculteurs, et l’activation du rôle de la Banque nationale agricole dans le suivi des crédits accordés aux agriculteur. Elle appelle également à l’octroi d’avantages pour les activités économiques portant sur la mise en valeur des produits agricoles.
Par ailleurs, la contribution de la BNA au financement de l’agriculture, estimée à 1/3 du financement bancaire, a été fortement critiquée par les agriculteurs présents au séminaire. Ils ont pointé du doigt particulièrement la lenteur dans le traitement des dossiers par la banque, les formalités administratives et les conditions sévères de financement.
Répondant à une question relative au blocage des financements destinés à la pêche côtière, Neila Belarbi, directrice à la BNA, a affirmé qu’il s’agit d’un arrêt qui intervient en réponse à l’appauvrissement des zones de pêche côtières, ce qui ne permet pas aux marins pêcheurs d’honorer leurs engagements financiers.
Elle souligne qu’une telle décision vise à éviter des situations de blocage et de surendettement pour l’opérateur, précisant que l’institution continue le financement des opérateurs intègres.
Mme Belarbi rappelle que la BNA est une institution bancaire redevable aux autorités et à la Banque centrale et que le taux de recouvrement dans le secteur ne dépasse pas le 1%.