Le développement des marchés de capitaux dans la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (région SEMED), a fait l’objet d’un nouveau rapport de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et du Fonds monétaire arabe (FMA).
Ce document, rédigé dans le cadre du Partenariat de Deauville, a été lancé par la communauté internationale en réponse aux événements du Printemps arabe de 2011. Il couvre les marchés de l’Egypte, de la Jordanie, du Maroc et de la Tunisie, où la BERD investit depuis 2012.
Défis communs…
Evaluant l’état actuel des marchés de la région, le rapport note qu’en dépit de différences nationales, les quatre pays examinés se trouvent confrontés à des défis communs.
Pour la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, “des problèmes structurels entravent la capacité des marchés à stimuler l’esprit d’entreprise et la création d’emplois, question clé dans des économies où le chômage des jeunes constitue, en particulier, un problème social majeur”.
Que recommande la BERD pour la Tunisie?
Pour le cas de la Tunisie, le rapport recommande de prendre des mesures pour améliorer la situation du secteur financier, encourager la participation des investisseurs étrangers, en améliorant la transparence et l’infrastructure du marché de la dette publique ainsi que l’utilisation de produits d’assurance, notamment l’assurance-vie, pour développer la demande pour les titres à plus longue échéance.
Il préconise aussi de restructurer les régimes de retraite actuels et développer des systèmes de pension privés et de simplifier le processus de préparation de l’émission des obligations de sociétés outre la normalisation de la fiscalité afin qu’elle ne favorise pas les titres en actions.
La BERD conseille aux 4 pays objet du rapport…
Pour l’ensemble de la région, les recommandations à court terme mettent tout particulièrement l’accent sur les mesures qui devraient être prises par les autorités au plus haut niveau politique, y compris la création d’un comité national des marchés de capitaux, présidé par les Premiers ministres de l’Egypte, de la Jordanie, du Maroc et de la Tunisie.
D’après la BERD, la création de groupes d’étude au niveau approprié garantirait le soutien politique et la coordination nécessaires afin de parvenir à un développement satisfaisant des marchés de capitaux.
Une stratégie de gestion de la dette publique
Les autres mesures à court terme incluent le développement d’une stratégie de gestion de la dette publique afin de soutenir la création d’une courbe des taux de rendement bien définie et réellement représentative, servant de référence pour l’évaluation d’autres actifs financiers.
Il est également important, selon le rapport, de se concentrer sur des questions comme la formation des émetteurs et des investisseurs et d’accroître les pouvoirs d’exécution et de sanction conférés aux autorités de supervision et de régulation.
Une feuille de route pour développer les marchés de capitaux
Le rapport, qui est également le fruit de la coopération avec d’autres institutions financières internationales, définit une feuille de route afin de progresser dans le développement des marchés de capitaux, considérés comme un élément clé sous- tendant la transformation économique globale.
Toutefois, quelques progrès ont déjà été accomplis, y compris l’adoption de plans d’action pour le développement des marchés de capitaux en Jordanie et en Tunisie, des améliorations de l’infrastructure de compensation et de règlement-livraison sont en cours en Egypte, et des mesures sont prises, plus particulièrement au Maroc et en Egypte, afin d’améliorer l’accès au financement des petites et moyennes entreprises.
Encourager la gestion des investissements des compagnies d’assurances
Les propositions à moyen terme du rapport incluent des mesures d’incitation, afin de développer l’industrie privée, de renforcer les régimes de retraite existants et d’encourager la gestion professionnelle des investissements des compagnies d’assurances.
Les recommandations à plus long terme sont toutes tournées vers l’extérieur, et proposent des actions visant à attirer les investisseurs internationaux vers les marchés locaux, à travailler avec les fournisseurs d’indices de manière à rehausser le statut des marchés concernés, pour les faire passer de marchés frontières à marchés émergents, et à s’efforcer d’obtenir des notations de crédit internationales qui stimulent l’appétit des investisseurs internationaux.
«L’établissement de marchés de capitaux locaux qui fonctionnent bien est une partie intégrante du processus de redynamisation économique. Ce rapport vise à faire avancer le développement des marchés de capitaux et à soutenir la croissance économique et la prospérité futures», a déclaré André Küüsvek, directeur “Monnaie locale et développement des marchés de capitaux” à la BERD.
Depuis septembre 2012, la BERD a investi près de 2,3 milliards d’euros dans plus de 70 projets répartis entre les quatre pays, auxquels s’ajoutent 82 millions d’euros au titre de l’assistance technique.