Au cours des 8 premiers mois de l’année 2015, 153 requêtes ont été soumises à la Commission de contrôle de licenciements don 21 ont été rejetées et 132 retenues. Conséquence: 3.000 parmi les employés ont écopé du chômage technique et de la réduction des heures de travail et 11.200 ont été tout…bêtement licenciés.
C’est triste de voir autant de nos compatriotes aller renforcer les camps des chômeurs structurels. Mais il en est ainsi lorsque l’on ne sait pas gérer les crises, négocier sans évoquer les rapports de force et ne pas menacer de la superpuissance de la centrale syndicale. Il est vrai que sans travailleurs, il n’y a pas d’entreprises, mais il est d’autant plus vrai que sans entrepreneurs et sans créateurs de richesses, il n’y a pas non plus de postes d’emplois. Ce qui revient à dire que les deux centrales patronale et ouvrière sont condamnées à s’entendre sur un programme de sauvetage économique.
Ezzedine Saïdane en a parlé sur Cap Fm, qui ne brime pas les travailleurs en les privant d’augmentations salariales mais aussi qui préserve leur gagne-pain. Car dans le cas de l’espèce, il s’agit de la survie même du tissu économique national qu’il nous revient à tous de protéger et non d’un bras de fer où les egos et les intérêts personnels menacent les équilibres économiques du pays.
Que restera-t-il à la Tunisie après l’infiltration de son administration et la désintégration de son tissu privé? «La somalisation» comme l’a prédit, à juste titre, un Cheikh, une figure puissante de la politique tunisienne et aujourd’hui assez présente dans la sphère économique.
Les opérateurs fuient…
Pire, dans l’incapacité d’assurer la survie de leurs entreprises, 62 opérateurs privés ont fermé leurs portes de manière brutale sans préavis et sans crier gare. Les travailleurs se sont présentés un beau jour devant leurs entreprises et ont trouvé les portes closes. Résultat : 2.500 autres chômeurs qui meublent les rues.
Aujourd’hui le mal des licenciements ne touche pas que les PME/PMI mais également de grandes entreprises autrefois florissantes et qui emploient plus de 400 personnes.
Les secteurs les plus touchés sont ceux du textile, des cuirs et chaussures qui souffrent également du commerce parallèle et des composants électromécaniques.
On n’arrête pas de le dire, redire et répéter à longueur des journés: à force de trop tirer sur la corde dans un contexte économique crucial pour notre pays, elle finit par se rompre. C’est ce qui se passe depuis des années, quand l’euphorie du 14 janvier disparue, on a tout de suite commencé à faire l’inventaire des dégâts sur notre économie et à découvrir dans certaines entreprises des dépassements et des mauvaises conditions de travail. Il y en avait beaucoup d’autres qui respectaient les droits des travailleurs et s’acquittaient de leurs impôts.
Le phénomène de protestations et de revendications sociales, parfois sauvages, a atteint des degrés inacceptables avec en tête de liste dans le gouvernorat de Sfax (22%) et celui de Ben Arous. C’est là où les revendications ont été soumises à des surenchères et un bras de fer presque continuel entre syndicats des travailleurs et patronat.
Revendications destructrices…
Encouragées par certains individus qui ne peuvent faire honneur aux grands Mohamed Ali El Hammi, Farhat Hached et Habib Achour et qui se situent plus dans une logique de rapports de force que dans celle des négociations pacifiques, les syndicats de base sont entrés dans une logique revendicatrice destructrice pour leur gagne-pain.
On oublie souvent sciemment qu’il est capital de protéger les travailleurs de tous les abus, mais que c’est également important de préserver la machine de production.
Heureusement qu’aussi bien à l’UTICA qu’à l’UGTT, les intéressés se trouvent en très petit nombre, car il y a les autres, les véritables syndicalistes engagés dotés d’un QI qui leur permet d’agir en personnes civilisées, soucieuses de l’intérêt du pays et non en bandits de grands chemins brandissant des menaces à tout bout de champ.