La Tunisie a besoin de financements de l’ordre de 20 milliards de dollars pour respecter ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, par l’abaissement de l’intensité carbone de 41% à l’horizon 2030, a fait savoir le directeur de l’Agence nationale de protection de l’environnement (ANPE), Salah Hsini.
En marge du forum sur “l’environnement et les changements climatiques, les alternatives nationales”, organisé à Hammamet vendredi 6 novembre, il a indiqué que la Tunisie n’est pas prête pour lutter contre les changements climatiques et oeuvre à mobiliser les ressources financières nécessaires pour pouvoir honorer ses engagements nationaux, devant être exposés lors de la COP 21, conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.
Les intervenants à cette manifestation, organisée par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), s’accordent sur l’importante dégradation de la situation environnementale en Tunisie, à la suite d’atteintes qui ont touché tous les milieux naturels, en raison d'”une régression de la prise de conscience environnementale chez le citoyen, les entreprises publiques et les opérateurs économiques”.
Ils ont souligné la nécessité de lancer un nouveau modèle de développement qui consacre le droit à l’environnement et à la croissance ainsi que de mettre en place rapidement le cadre juridique et institutionnel nécessaire.
Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Kacem Afayaa, a affirmé que la Note d’orientation sur le Plan de développement 2016-2020 ne mentionne pas les aspects environnementaux, soulignant la responsabilité des composantes de la société civile dans la défense du droit à un environnement sain et un développement durable par la promotion d’une économie solidaire et d’une économie verte.
De son côté, le membre du FTDES, Abdeljelil Bédoui, souligne la nécessité de mettre en place un cadre juridique qui consacre l’ensemble des droits inscrits dans la constitution tunisienne dont le droit à l’environnement et au développement. Il a affirmé que la société civile pousse vers un nouveau modèle de développement qui concilie les acquis constitutionnels et les choix économiques et sociaux.
Ce forum va permettre, a-t-il ajouté, d’élaborer une stratégie alternative pour faire face aux défis environnementaux en Tunisie, en perspective de la tenue de la COP 21, conférence qui cible la conclusion d’un accord mondial pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, pour que l’augmentation des températures ne dépasse pas les 2 degrés au cours des prochains cent ans.
Le président de la section du FTDES à Monastir, Mounir Hassine, estime que la société civile propose de véritables alternatives, vu l’échec des autorités publiques à solutionner les dossiers environnementaux dont notamment le traitement des déchets solides.
Il a évoqué à ce propos le projet Kahena qui vise la résolution du problème de la pollution dans le Golfe de Monastir, à travers la séparation des eaux industrielles, des eaux usées. Il s’agit de la réutilisation des eaux industrielles dans l’activité industrielle et des eaux usées dans la culture des arbres et la production du bois.
Il a mis l’accent sur la possibilité de valorisation des déchets des phosphates dans le bassin minier de Gafsa, dans la production du ciment et leur utilisation dans le réaménagement des barrages, afin de préserver les eaux de ruissellement.
Il a aussi proposé la possibilité de l’utilisation des eaux ménagères usées dans le nettoyage des phosphates, au lieu de l’utilisation de l’eau potable et celle destinée à l’irrigation.