Le scénario est désormais classique: à chaque crise, tout le monde se met à parler de la nécessaire réforme du secteur touristique, puis, une fois les difficultés conjoncturelles surmontées, le soufflet retombe. Et le tourisme reprend son petit bonhomme de chemin, sans que la moindre solution soit apportée à ses problèmes structurels qui sont la véritable cause de l’érosion de ses performances.
Aujourd’hui, le secteur touristique est de nouveau en crise. Une crise qu’on impute aux attentats de Sousse et du Bardo. Dans lesquels Khaled Fourati, 1er vice-président du Groupement professionnel du tourisme relevant de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), ne voit qu’un «multiplicateur de la crise et non sa cause». Car la crise est structurelle». Une crise qui ne date pas d’aujourd’hui, qui a été analysée sous toutes les coutures dans le cadre d’études stratégiques qui ont également décrit le remède.
Toutefois, toutes les recommandations faites par les diverses études (JICA, Banque mondiale, Cabinet Roland Berger) «n’ont pas été appliquées», regrette Houssem Ben Azzouz, président du GPT. Et cela tient selon lui au fait que la Tunisie est confrontée dans ce domaine à «un problème de gouvernance». Cette situation prouve également, d’après le président du Groupement professionnel du tourisme de la CONECT, que «les autorités du secteur n’ont pas les moyens ou la volonté d’appliquer les recommandations».
Gouvernance, d’abord. Rappelant que «l’activité touristique étant essentiellement privée, M. Ben Azzouz trouve qu’il est anormal «que la gouvernance soit exclusivement du ressort du public». Et propose «d’aller vers la mise sur pied d’un GIE (Groupement d’Intérêt Economique», une sorte de partenariat public-privé en matière de gouvernance du secteur touristique.
Et la voie paraît d’autant mieux indiquée, voire incontournable, à M. Ben Azzouz que, fait-il remarquer, «avec l’instauration de la décentralisation dans le pays, les régions vont avoir leur mot à dire».
La question de l’absence de volonté ou de manque de moyens, ensuite. Ce problème, le président du Groupement professionnel de la CONECT l’illustre en mettant en exergue une évidente contradiction ou un décalage entre discours et actes en ce qui concerne la diversification de l’activité touristique en Tunisie. «Les produits permettant cette diversification existent mais ils ne sont pas développés», constate le M. Ben Azzouz. Et s’ils ne le sont pas c’est, observe-t-il, parce que les autorités ne semblent pas le vouloir. «On avait une direction des nouveaux produits (au ministère du Tourisme et de l’Artisanat, ndlr) qui a été fermée», révèle le voyagiste. Ce qui, selon ce voyagiste, «veut dire que les autorités ne prennent pas au sérieux la diversification».
Khaled Fourati impute quant à lui l’absence de réformes du secteur touristique à des «intérêts personnels» qu’on voulait sauvegarder et à un certain «conservatisme».
Mais le président et le vice-président du GPT considèrent que «c’est aujourd’hui le moment ou jamais» pour ouvrir le chantier de la réforme du secteur touristique. «La crise va durer 3 ou quatre ans. C’est l’occasion de revoir la situation, l’organisation du secteur, de mettre en œuvre les réformes structurelles. Et de ne pas se contenter de régler les problèmes au jour le jour».