L’assistance dans la conception et la mise en œuvre d’une partie des réformes économiques dont le pays a grandement besoin, c’est l’un des deux axes de l’intervention de l’agence américaine en Tunisie.
Vingt ans presque jour pour jour après avoir quitté la Tunisie en 1994, au bout d’une présence de trente-sept ans, l’United States Agency for International Developement (USAID), y a effectué son retour après le 14 janvier 2011.
Les Etats-Unis ont pris la décision de déployer de nouveau l’activité de leur agence dans notre pays parce qu’à l’instar d’autres pays partenaires, occidentaux en particulier, ils s’inquiètent -bien que confiants pour ce qui est du déroulement de la transition politique- des conséquences des problèmes économiques et sociaux auxquels il est confronté. «Les attentes sont élevées et si elles ne sont pas satisfaites il y aura des problèmes», tranche Kay Freeman, chef du bureau de l’USAID à Tunis jusqu’en septembre 2015.
Le retour de l’USAID en Tunisie s’est effectué en deux temps. Juste après la chute du régime Ben Ali, l’agence américaine a repris son assistance à la Tunisie. Puis elle a décidé d’y ouvrir de nouveau un bureau, opérationnel depuis novembre 2014.
Pendant les trente-sept années de sa première vie en Tunisie, l’USAID a financé, entre 1957 et 1994, 230 projets pour un total de 1,5 milliard de dollars.
D’abord axée essentiellement sur l’élévation du niveau de vie des Tunisiens (agriculture, planning familial, logement, développement des ressources hydrauliques), l’action de l’USAID a par la suite tendu à aider le pays à … s’aider lui-même (développement des ressources humaines, privatisation, etc.).
Aujourd’hui, l’agence américaine va plus loin dans cette logique, en concentrant son intervention sur deux axes: l’accompagnement dans la conception et la mise en œuvre d’une partie des réformes économiques dont le pays a grandement besoin, d’un côté, et la création d’emplois à travers le développement de l’entrepreneuriat, de l’autre.
Sur le premier plan, l’USAID s’est impliquée dans un projet visant à «renforcer la capacité du gouvernement tunisien à mettre en œuvre une réforme transparente de la fiscalité et de la douane, en vue de promouvoir l’emploi, l’investissement et la croissance». Ce projet a trois composantes: réforme de la politique fiscale, de l’administration des taxes et de l’administration douanière.
Le plan de modernisation de la douane tunisienne –«la plus grande réalisation», estime Kay Freeman- annoncé à la mi-septembre par le ministre des Finances, Slim Chaker, est le fruit des efforts de l’USAID travaillant conjointement avec d’autres bailleurs de fonds étrangers à l’instar de l’UE et la Banque mondiale.
Après le lancement de ce chantier, l’USAID et ces mêmes donateurs multilatéraux vont aider la Tunisie, selon la même source, à travailler sur la gestion des ports en vue de l’améliorer.
Pour ce qui est des réformes, l’agence américaine est impliquée dans un chantier encore plus important. Il s’agit rien de moins que d’une sorte d’audit de la situation du pays. Lors de la visite du président Caïd Essebsi, «les Tunisiens ont demandé à pouvoir disposer d’un outil leur permettant d’analyser la situation de leur pays», pour «déterminer les problèmes les plus critiques» et «où trouver les ressources nécessaires» pour y faire face.
Pour répondre à cette demande et à la question «comment faire de la Tunisie une société plus inclusive», l’USAID a engagé une analyse de tous les secteurs. Ses conclusions seront dévoilées en mars 2016.
A terme, ce bras du département d’Etat à l’étranger pourrait également s’engager dans le financement d’actions et de programmes portés par la société civile. Preuve de cet intérêt pour ce nouvel acteur émergent en Tunisie, la réunion avec des représentants d’associations organisée fin septembre par l’USAID pour leur expliquer les modes et les axes de son intervention en Tunisie.
Une étude concernant une éventuelle implication de l’agence américaine dans le monde associatif a même été réalisée. Mais faute de moyens dédiés dans son budget, l’USAID s’abstiendra d’aller sur le terrain. Pour l’instant du moins.