Une commission sectorielle chargée des formules de l’éventuelle introduction du secteur agricole dans l’ALECA (Accord de libre-échange complet et approfondi) que la Tunisie négocie actuellement avec l’Union européenne (UE) vient d’être créée. C’est ce qu’a annoncé le directeur des études au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche Boubaker Karray.
Intervenant en marge d’un colloque, organisé mercredi 11 novembre, par le Centre d’études et de recherches économiques et sociales (CERES) sur le thème “prospection et évaluation de l’ALECA”, Karray a expliqué que la libéralisation des produits agricoles sera étudiée d’une manière réfléchie en faisant participer toutes les parties intervenantes dans le secteur. L’objectif est de concorder les avis dans la détermination des points forts et faibles des différentes filières agricoles. Cette commission examinera chaque produit agricole et les perspectives de sa libéralisation.
Le ministre du Commerce, Ridha Lahouel, a précisé, lors du colloque, que le nouveau round des négociations débutera, à partir du 1er trimestre de 2016, soulignant que le dernier round qui a démarré le 13 octobre 2015 et s’est poursuivi pendant 5 jours a visé le rapprochement des points de vue et l’explication de certains concepts.
Lahouel souligne l’importance de ne pas signer à la hâte l’ALECA et de se référer à des études et analyses relatives à un secteur sensible, telle que l’agriculture. Selon lui, des études portant sur les secteurs des services et de l’agriculture seront élaborées, et ce en s’inspirant d’études existantes et en analysant les rounds organisés récemment en Tunisie.
Le ministre a mis l’accent sur la concordance des législations de la Tunisie et de l’Union Européenne (UE) mais avec de légères différences au niveau de certaines dispositions, citant le décret régissant les marchés publics.
Lahouel a fait remarquer que le secteur des services se distingue par des avantages comparatifs, s’agissant notamment des services des télécommunications, de la construction de logements et autres, ce qui a permis à la Tunisie de conquérir de nouveaux marchés, essentiellement en Afrique.
Les exportations du secteur des services ont atteint, en 2014, près de 43% du total des exportations tunisiennes, accaparant ainsi environ 51% du total des investissements pour 52% des postes d’emploi fournis.
La Tunisie exige, a-t-il dit, la réduction des délais d’octroi des visas aux Tunisiens et l’équivalence des certificats scientifiques entre les deux parties.
Pour sa part, Laura Baeza, l’ambassadrice de l’UE à Tunis, a souligné l’importance d’une communication exacte des contenus de l’ALECA, ajoutant que l’UE est compréhensive quant aux défis auxquels font face certains secteurs en Tunisie dont l’agriculture.
Au cours des prochaines négociations l’accent sera mis sur le diagnostic des points faibles des secteurs agricole et des services afin de les résoudre et leurs points forts en vue de leur renforcement a-t-elle ajouté.
Une étude élaborée par le CERES a révélé que les exportations du secteur des services n’ont représenté que 23% du total des exportations tunisiennes, en 2014. Le taux de la régression annuelle des exportations du secteur a atteint 3,8% (au cours de la période 2010/2014), tandis que les investissements étrangers du secteur sont de l’ordre de 26% du total des investissements étrangers en Tunisie.
Les sociétés étrangères opérant dans le secteur des services en Tunisie représentent 15% du total des entreprises actives dans ce secteur et disposent d’une capacité d’emploi de 7% par rapport au nombre total des postes d’emploi du secteur.