On se sent plus heureux et moins seul lorsque l’on se coupe de Facebook

facebook-influence-etude-afp.jpgUne étude danoise sur le bonheur conclut que les réseaux sociaux influent de manière négative sur le moral de leurs utilisateurs.

Serait-on plus heureux sans Facebook? La question est presque aussi ancienne que le réseau social. Les chercheurs du Happiness Research Institute, un organisme danois spécialisé dans la mesure du bonheur, ont tenté d’évaluer les effets négatifs que le réseau social peut avoir sur notre vie. Leur étude porte sur 1095 personnes habitant au Danemark. La moitié d’entre elles n’ont pas eu le droit de se connecter à Facebook pendant une semaine, tandis que l’autre moitié devait continuer à aller sur les réseaux sociaux comme à leur habitude. Au début et à la fin de l’expérience, tous ont dû noter leur satisfaction générale entre 1 et 10. Les personnes continuant à aller sur Facebook ont vu leur mesure de bonheur stagner (de 7,67 à 7,75 en 7 jours). Celles absentes du réseau social ont déclaré une progression de 16% de leur satisfaction générale.

L’étude du Happiness Research Institute va plus loin. Les participants ont décrit leur humeur le dernier jour de l’expérience. Là encore, les chercheurs ont constaté de nombreuses disparités. Plus de 88% des personnes n’ayant pas utilisé Facebook se sont déclarées heureuses, contre 81% pour les autres. La différence est encore plus importante pour les émotions négatives: 33% des personnes ayant utilisé Facebook se sont déclarées déprimées, contre 22% des participants sans réseau social pendant une semaine. Même fossé pour la colère (20% des personnes ayant utilisé Facebook, contre 12% des autres) ou le sentiment de solitude (25% contre 16%). Les candidats privés de réseaux sociaux se sont également déclarés plus satisfaits de leur vie sociale que les autres, ou ont estimé qu’ils pouvaient plus facilement se concentrer.

Des effets sur le long terme?

«Nous ne pensions pas enregistrer des effets aussi nets en une semaine», explique Meik Wiking, PDG du Happiness Research Institute, interrogé par le Figaro. Selon lui, le but de cette étude n’est pas d’accuser Facebook de nous rendre malheureux, mais de voir comment nous utilisons les réseaux sociaux pour mesurer la qualité de notre vie par rapport à celle des autres. «Il existe un vrai phénomène de comparaison sociale exacerbé par Facebook.» «Les réseaux sociaux sont une pièce du puzzle géant qui compose notre bonheur. D’autres facteurs sont par exemple le salaire, la situation familiale, la santé… Si l’un de ces éléments ne va pas, Facebook peut devenir source d’angoisse.»

Ainsi, une personne avec un salaire bas pourrait mal vivre l’étalage de photos de vacances à Bora-Bora de l’un de ses amis Facebook. Des exemples concrets viennent étayer cette théorie. Le plus récent est celui d’Essena O’Neil, une adolescente américaine star sur Instagram (l’application photo de Facebook), qui a quitté avec fracas le réseau social, car elle était devenue accro aux «likes» sur ses photos, compensation d’une mauvaise estime de soi. «Je ne vivais pas dans le monde réel, je vivais à travers les écrans», a-t-elle expliqué pour justifier son geste.

L’étude du Happiness Research Institute doit néanmoins être prise avec précaution, du fait de son échantillon restreint et du court laps de temps sur laquelle elle s’est déroulée. Par ailleurs, les discours anti-Facebook sont fréquents et ont pu influencer les personnes ayant participé à cette expérience. «Il est possible qu’il y ait eu une sorte d’effet placebo, avec des candidats persuadés d’être plus heureux sans forcément l’être», analyse Meik Wiking. «On pourrait mener des études sur le long terme pour mieux analyser les effets d’Internet sur notre moral. Encore faudrait-il qu’on trouve des candidats prêts à se passer de Facebook pendant un an!»

AFP