Un père de famille se donnant des gifles parce que son fils a été renvoyé d’une firme pharmaceutique à cause de la lenteur? Indifférence? “Je-m-en foutisme“? Indiscipline? Inhumanité de la Commission d’équivalence des diplômes sise au ministère de l’Enseignement supérieur? Un autre, contestant le retard de la Commission dans l’accord de l’équivalence au baccalauréat français, est accusé, à tort, par la directrice Narjess Baffoun de l’avoir agressé.
Parce que, selon elle, il n’a pas le droit de protester avec véhémence contre son laisser-aller et celui de son équipe alors que l’enjeu est plus important qu’un pneu crevé! Eh oui, il s’agit d’un père dont le fils, qui a réussi brillamment son diplôme à l’Ecole préparatoire de Tunis et a postulé pour intégrer l’école de pilotage, qui a paniqué parce que les délais limites pour l’acceptation du dossier par la Commission de l’école en question ont été atteints.
Madame Baffoun, elle, dont le pneu de la voiture a crevé, ne s’est pas souciée de l’angoisse du monsieur, ce qui l’a dérangé est qu’on l’ait bousculé pour rejoindre son bureau au plus tôt et assumer ses responsabilités!
Rappelons que la requête pour la demande de l’équivalence a été déposée à la fin du mois d’août sans aucune réaction de l’honorable administration à ce jour. Que ce jeune homme perde une année de sa vie n’émeut en aucune manière la bonne dame, elle est maîtresse à bord et va jusqu’à se plaindre et justifier ses défaillances et même ses retards!
Une administration qui fonctionne, dites-vous! Elle l’était, et encore! Au temps de la «dictature», elle était plus ou moins disciplinée et opérationnelle. Aujourd’hui, c’est une administration qui déraille et qui impose sa loi aux hauts commis de l’Etat et aux ministres impuissants devant le «dégage» et l’influence des syndicats qui les empêchent même d’exercer leurs prérogatives aussi bien pour ce qui est des nominations, des promotions ou des sanctions! Un concierge, un vaguemestre ou un ouvrier qui viennent tout juste d’intégrer l’Administration peuvent attaquer leurs supérieurs et même les admonester en leur disant qu’ils n’ont pas d’ordre à recevoir de leurs parts. Pourquoi pas, ils ont la protection des syndicats. C’est arrivé et cela arrive tous les jours dans notre administration. Et c’est peut-être la peur, la lâcheté ou les personnes qui «ne remplissent pas leurs chaises» qui donnent le mauvais exemple et les encouragent dans ces pratiques méprisables et indignes d’un pays comme la Tunisie.
Les jeunes tunisiens traités comme des numéros !
Madame Baffoun et peut-être les autres membres de la Commission d’homologation des diplômes traitent les dossiers des jeunes comme des numéros, aucun sens de la responsabilité, aucun souci de satisfaire aux exigences du service public pour lequel les contribuables payent des taxes. Tout au contraire, elle et d’autres sont rétribués par des augmentations salariales grâce à notre cher Etat: l’UGTT!
Que de jeunes désenchantés, que d’ambitions déçues, que de parents désespérés à cause de cette Commission qui se réunit une fois par mois en présence d’un représentant du ministère de l’Education nationale. Si l’un de ses membres est absent, la réunion est reportée pour le mois d’après. Les jeunes détenteurs de baccalauréats généralement homologables peuvent fracasser leurs crânes sur tous les murs du monde, l’honorable administration publique n’en a cure. Au ministère de l’Enseignement supérieur, les fonctionnaires traitent les contribuables comme des moins que rien. D’ailleurs qui peut prétendre être quelqu’un après le 14 Janvier hormis les véritables moins que rien qui sévissent dans toutes les administrations et établissements publics et les organisations nationales y faisant la loi?
Lorsque les milliers de dossiers déposés à la direction de l’homologation sont traités dans le mépris total de l’intérêt des jeunes, nous pouvons comprendre la démoralisation de ces derniers et le travail de sape qu’ils subissent. Leur prédisposition à devenir des terroristes ou des débauchés ne doit pas nous surprendre. Grâce à madame la directrice qui n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, nos jeunes ne croient plus en rien!
Il faut d’ailleurs se rendre à la direction de l’équivalence et voir les longues files d’attente de parents, d’étudiants, lesquels se retrouvent dans la posture des mendiants. Mendiants d’un droit acquis. Que l’on approuve ou désapprouve le principe de l’équivalence d’un diplôme, le plus important est de donner des réponses et rapidement parce que les enjeux sont importants et non de laisser les concernés mariner dédaignés par une administration déficiente et récalcitrante.
Dans une administration respectable dans un pays respectable qui estime ses concitoyens, la commission d’homologation des diplômes se réunirait une fois par semaine s’il le fallait pour ne pas être une entrave aux projets de jeunes qui viennent tout juste de s’ouvrir à la vie. Dans un pays respectable, on imposerait un deadline aux responsables administratifs pour qu’ils signifient leur refus ou leur approbation de la demande d’équivalence. Dans un Etat «fort», les ministres imposent la loi par la loi et ne se font pas imposer la loi par leurs commis ou leurs syndicats.
Jusqu’à quand allons-nous subir la terreur du «dégage»? Jusqu’à quand nos ministres subiront la frayeur des émeutes fomentées par des activistes ignares au sein même de leurs départements et incapables de prendre les décisions qui servent l’intérêt national dans le respect de la loi?
Nous pensions les temps des hésitations révolus grâce aux élections et la gestion du pouvoir par un gouvernement permanent et légitime. Nous nous trouvons aujourd’hui devant la dictature des lobbys des partis, celle des syndicats et celle de l’Administration.
On en arrive à regretter une seule dictature!