« Comme vous le savez, je viens de Tunisie, pays qui a initié en 2010 ce que l’on a convenu d’appeler « le printemps arabe ». Cinq ans après, force est de constater malheureusement que les états arabes sont angoissés par la montée du radicalisme qui sévit sur la région et menace la sécurité et la paix dans le monde », c’est ainsi que Ouided Bouchammaoui a attaqué son intervention mardi 17 novembre au siège des Nations Unies à New York lors du débat « La sécurité, le développement et les causes profondes des conflits ».
La présidente de l’UTICA a appelé la communauté internationale à faire plus pour aider la Tunisie à sortir aussi bien de l’ornière terroriste que de la crise économique : « Si l’on veut établir la démocratie, il convient de développer des programmes substantiels pour soutenir les pays concernés et les accompagner durant tout le processus d’instauration de l’Etat de droit, le développement et le renforcement des institutions et la conscientisation des peuples pour qu’ils agissent en citoyens responsables. Car il faut au préalable ancrer un tant soit peu, la culture de la démocratie et la de la citoyenneté ; il faut un processus pour établir un nouveau Contrat Social, par le biais duquel le jeu démocratique et la citoyenneté permettraient d’éviter les dérives… » a affirmé la présidente de l’UTICA.
Mme Bouchammaoui a rappelé aux membres du Conseil de Sécurité le marasme socioéconomique que traverse depuis cinq ans la Tunisie, certes à cause de la limite du modèle de Développement adopté par le pays au cours de la dernière décennie mais aussi à cause de : « l’effondrement de toute forme d’organisation étatique chez notre voisin libyen qui fait peser sur la Tunisie un risque de déstabilisation de plus en plus élevé ». Effondrement dont les conséquences affirme-t-elle ne seraient pas limitées à la seule petite Tunisie. Immédiatement, l’Europe et le monde entier s’en trouveraient affectés.
Les attentats perpétrés tout récemment au cœur de la ville des Lumière en sont d’ailleurs la parfaite illustration même si la présidente de l’UTICA a eu l’élégance de ne pas les citer. Elle a toutefois insisté sur le fait que le terrorisme, les guerres, les trafics intra-étatiques et transfrontaliers de toutes sortes, les migrations de masse rendent la sécurité mondiale indivisible. Ce qui devrait engager tout le monde dans la mise en place « des stratégies de sécurité renforcées nécessaires pour mettre en œuvre des actions rapides et efficaces et apporter des solutions communes aux menaces qui mettent en péril la vie, la paix et le développement ». La présidente de l’UTICA a rappelé l’exception tunisienne, un pays qui, « bien que touché par les mêmes maux qui affectent les pays voisins, est considérée comme une exception, et ce du fait que nous avons su à temps éviter les conflits par le biais du dialogue et le compromis ».
C’est de la marginalisation et de l’humiliation que vient l’extrémisme
La marginalisation des peuples de notre région des décennies durant, et le sentiment d’humiliation qu’ils éprouvent du fait de l’inconsistance des politiques notamment à l’égard de la cause palestinienne ont produit chez notre jeunesse un sentiment de méfiance vis-à-vis de l’Occident. De ce fait, une frange de la société boude les valeurs universelles et tente d’engager nos pays dans des controverses identitaires entraînant des effets pervers générant l’extrémisme et le terrorisme. L’apparition du terrorisme et la montée de l’insécurité en Tunisie ne trouvent pas leurs causes dans des considérations strictement tuniso-tunisiennes. Elles sont, entre autres, le résultat d’une gestion désastreuse du conflit libyen.
Ouided Bouchammaoui a appelé le « Monde libre » à accompagner la Tunisie dans sa transition difficile : « Il est de l’intérêt de l’ensemble du monde libre partageant les valeurs universelles, l’attachement à la démocratie et le respect des droits humains de voir l’expérience tunisienne réussir…La Tunisie est un petit pays. Ses problèmes sont à sa dimension. Il suffit que le monde le veuille pour qu’ensemble, nous arrivions à sauver ce dernier espoir du printemps arabe. Seuls, nous risquons de ne pas y arriver. Nos moyens sont limités. Nous avons fait le choix de partager les valeurs de la liberté, de la dignité, de l’ouverture et de la citoyenneté globale et nous n’y renoncerons pas ».
Le discours d’Ouided Bouchammaoui au siège des Nations Unies à New York a été plus axé sur les aspects sécuritaires et politiques qu’économiques mais quoi de plus normal lorsque nous savons que la stabilité économique d’un pays y est intimement lié ?
La responsabilité de la présidente de l’UTICA en devient d’ailleurs plus importante à l’échelle de la toute petite Tunisie, car c’est en œuvrant à instaurer la paix sociale dans son propre pays, en communiquant plus sur l’importance d’une stabilité sociale pour sauver l’économie, en œuvrant à mettre de l’ordre dans sa propre institution qu’elle pourrait gagner plus en crédibilité et efficience et être plus percutante dans son lobbying à l’international. Le positionnement international des personnalités politiques et économiques ne vaut que par leurs capacités à être influents, agissants et déterminants à l’échelle nationale. Nous ne cesserons jamais de le répéter !
Ouided Bouchammaoui a adopté le langage de la vérité devant les grands de ce monde, espérons qu’ils l’écouteront bien que la réaction du Secrétaire général des Nations Unies, pèche par trop de mollesse.
Rappelant les attentats sanglants à Paris et à Beyrouth, M. Ban a noté « que les conflits actuels et l’extrémisme violent prennent souvent leur source dans « l’exclusion, l’inégalité, la mauvaise gestion des ressources naturelles, la corruption, l’oppression, la mauvaise gouvernance, ainsi que la frustration et l’aliénation qui accompagnent l’absence d’emplois et de perspectives ».
Le Secrétaire général a reconnu que la réponse de l’ONU n’est pas encore adaptée à ces réalités et que son action n’intègre pas encore de manière satisfaisante les trois piliers essentiels que sont la paix, le développement et les droits de l’homme
C’est peut-être utopique mais monsieur le Secrétaire général de l’ONU devrait peut-être oser désigner par leurs noms, les destructeurs du monde qui veulent sauver leurs industries de l’armement et s’assurer des réussites économiques aux dépends des pays faibles et défavorisés. Réflexion déplacée! N’est-il pas en réalité le Secrétaire général des grands de ce monde et non de tous les pays du monde ?
Quant à nous, pauvres gens, soyons sûrs que notre salut ne pourrait venir que de nous-mêmes à condition qu’il y ait un leadership respectable et responsable. Et comme il n’existe pas, il doit être caché quelque part et il va falloir le trouver ou l’inventer !