Assiste-t-on à une nouvelle vague d’investissements américains en Tunisie, après celle des années 80-90? Ce semble être le cas puisqu’on a enregistré au cours des douze derniers mois l’arrivée d’au moins trois enseignes américaines. Les plus récentes à avoir planté leurs drapeaux en Tunisie sont Dover Corporation et Lockheed Martin. Spécialiste des équipements et composants pour divers secteurs, dont l’énergie, les fluides, la réfrigération, etc., le premier a créé en Tunisie sa première implantation dans le monde arabe et en Afrique ((Dover International Ventures Tunisia sarl).
Leader mondial de l’industrie de la défense et de la sécurité, le second a ouvert une succursale à Tunis. Il compte, également, investir dans les projets publics et privés, ainsi que ceux à réaliser dans le cadre du partenariat public-privé (PPP) et les 22 projets présentés lors de la conférence internationale ‘‘Investir en Tunisie: Start up démocratie’’, tenue le 8 septembre 2014 à Tunis.
Cette nouvelle vague d’investissements US a débuté il y a une année avec l’annonce en septembre 2014 par le fonds d’investissements américain (Co-Development & Investment Consortium (CDIC) qu’il comptait investir 200 millions de dollars en Tunisie, notamment dans les secteurs des TIC, des énergies renouvelables et de l’agroalimentaire.
Ces investissements n’ont pas vu le jour par génération spontanée. Ils sont le fruit de grands efforts déployés par la Tunisie et, surtout, par les Etats-Unis, après le 14 janvier 2011, afin d’aider au développement du courant des échanges entre les deux pays, afin de donner un coup de fouet à une économique tunisienne anémique.
Du côté tunisien, le premier effort visant à convaincre les Etats-Unis de soutenir notre pays fortement, notamment sur le plan économique, est une initiative de la Tunisian American Chamber of Commerce (TACC), alors encore présidée par son fondateur Me Moncef Barouni qui, un mois à peine après la chute du régime Ben Ali, a dépêché au pays de l’Oncle Sam une mission composée d’hommes d’affaires et de représentants de la société civile qui avaient rencontré en particulier des représentants de l’administration Obama, de la communauté d’affaires et des membres du Congrès.
Preuve de leur engagement, le premier geste des Etats-Unis allant dans ce sens un mois à peine après la mission de la TACC. Il prit également la forme d’une mission, mais commerciale, menée par Suresh Kumar, directeur général du commerce extérieur et sous-secrétaire du Département américain du Commerce, dont font partie les représentants de dix entreprises américaines des secteurs des énergies renouvelables, des technologies de l’information, de la sécurité et du private equity.
Six mois plus tard, en septembre 2011, les relations tuniso-américaines prennent un virage spectaculaire, avec la signature par la secrétaire d’Etat, Hillary Rodham Clinton, et le ministre des Affaires étrangères tunisien, Mohamed Mouldi Kefi, d’un accord de Partenariat politique et économique, par lequel les deux parties vont coordonner leurs actions sur des questions d’intérêt commun, notamment politique (démocratie, gouvernance et soutien à la société civile, défense et sécurité, coopération académique et culturelle, et coopération économique et sociale).
La traduction de cet accord dans la pratique ne tardera pas à venir puisque le 15 novembre 2011, soit quelques semaines après les élections du 23 octobre 2011, un Tunisia Partnerships Forum (TPF) est organisé à Washington, dans les murs du Département d’Etat américain. Du jamais vu dans les annales de ce ministère qui n’a jamais organisé ou accueilli un événement faisant la promotion d’un pays comme destination pour les investissements américains.
Ce forum fera un focus sur quatre secteurs définis comme prioritaires par le gouvernement et le secteur privé tunisien: tourisme, franchise, technologies de l’information et de la communication et énergies renouvelables.
L’effort en vue de développer les échanges commerciaux et économiques entre la Tunisie et les Etats-Unis engagé en 2011 s’est poursuivi sous le gouvernement Jomaa et depuis l’avènement de l’actuelle équipe dirigée par Habib Essid. Et ses fruits commencent à se faire sentir. La preuve en est que c’est lors de la Conférence internationale ‘‘Investir en Tunisie: Start up démocratie’’, organisé le 8 septembre 2014 à Tunis, que le fonds d’investissement Co-development investment consortium, qui a y participé, a eu l’idée d’en concrétiser le slogan.