A Sousse, au mois de juillet, Daech a cassé l’économie. A l’avenue Mohamed V, en s’infiltrant dans le saint des saints, à savoir le corps de la sécurité présidentielle, Daech a brisé l’autorité de l’Etat. Le sixième Califat est-il en marche?
Le terrorisme frappe l’Etat à la tête. On a atteint le saint des saints, la garde présidentielle. Selon la version la plus répandue, un kamikaze, se faisant passer pour un co-équipier, a cherché à intégrer une équipe de la garde présidentielle. Les agents l’auraient démasqué. Au lieu de le neutraliser, ces agents instruits du réflexe de “tirer en premier, et dialoguer après“, auraient d’abord voulu l’interroger. Et, boum!
L’Etat est-il à ce point impuissant? Dans la soirée, devant nos écrans télé, le ticket Essebsi-Essid avait plus besoin de notre réconfort que l’inverse. A présent que nous savons qu’eux-mêmes sont tenus en joue, que peut valoir leur promesse d’un lendemain Secure? La peur va changer de camp, nous dit-on. L’Etat étant mis en échec, depuis l’attentat du mardi 24 novembre, l’opinion est bien curieuse de savoir comment va s’opérer le switch de la peur.
Le retour du tigre !
C’est une plaisanterie avec laquelle BCE aimait à narguer Ennahdha. C’était intervenu après que le gouvernement Laarayedh a eu, finalement, accepté de classer Ansar Chariaa en tant qu’organisation terroriste (Lire: Tunisie: Ali Laarayedh classe Ansar Al-Charia comme “organisation terroriste”). L’opinion publique y avait vu un simulacre car cette décision tombait après qu’on a laissé suffisamment de temps au groupe de prendre le large. Mais pas BCE. Par angélisme, il devait penser qu’Ansar Chariaa s’est retourné contre son bienfaiteur. Alors il racontait l’histoire de ce quidam qui s’est entiché d’un tigre et le dorlotait affectueusement dans sa maison jusqu’au jour où le félin a, naturellement, fini par le dévorer. Mais Ansar Charia n’a pas dévoré son maître. L’organisation terroriste a assassiné Chokri Belaid, Mohamed Brahmi, le tourisme tunisien, le moral des troupes et, mardi après-midi, l’autorité de l’Etat. Le tigre est de retour! Et cette fois il fait échec à la tête de l’Etat lequel, vengeur, promet d’appliquer la loi antiterroriste.
Ansar Charia, passé sous l’aile de Daech, doit avoir la peur au ventre, à l’heure qu’il est! Damned! La sagesse veut que l’on tourne sa langue 7 fois dans sa bouche avant de s’exprimer, c’est plus prudent, ça évite de tomber dans le ridicule.
Lire: Tunisie – Terrorisme : A quand la mobilisation générale?
Le groupe de lutte anti Daech est avare en renseignement, on dirait!
De retour d’Amérique, le chef du gouvernement annonçait triomphalement que la Tunisie a fini par se joindre à la coalition anti-Daech. Il précisait toutefois que notre participation excluait la partie action, c’est-à-dire opérations au sol et qu’elle se limite au renseignement. Soit. A ce qu’on sache, le groupe n’a pas fourni de renseignements du tout. Au moins en 2013, la CIA avait prévenu le gouvernement Laareyadh à temps de l’imminence de l’assassinat de Mohamed Brahmi. Mais la coalition récente n’aurait rien vu, rien entendu et rien su des préparatifs de l’attentat contre la garde présidentielle. BIZARRE!
Lire: Terrorisme: Que mijotait le trio Ennahdha-Ansar Chariaâ–Abdelhakim Belhaj?!
Des cellules dormantes, dites-vous, elles sont pourtant aux aguets
Un symposium sur le terrorisme! Oh, la trouvaille. On va entendre des gens gloser sur les racines du mal et les thérapies à apporter à ce “phénomène devenu international“. Et puis on va entendre des esprits illuminés s’évertuer à trouver une STRATEGIE pour débusque les cellules dormantes.
Cependant, nous devons savoir que les maudites cellules ne se laissent pas abandonner au sommeil car elles sont aux aguets. Bonnes âmes, les terroristes ne sont pas des gens égarés, ils ont un Etat, un calife, une feuille de route. Et, une cinquième colonne qui leur sert de paravent dans le pays qu’on ne veut pas débusquer au point qu’on en paie le prix le plus élevé. Ne croyez pas qu’ils ne sont qu’une poignée de jeunes loups solitaires. Ils sont 100.000 kamikazes, affirme-t-on. Dont acte.