Plusieurs députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont été unanimes à souligner que le projet de loi de finances 2016 ne s’accorde pas au nouveau vécu de la Tunisie qui fait face au problème du terrorisme. L’attentat terroriste, survenu mardi 24 novembre et qui a visé un bus de la sécurité présidentielle, a été au centre des interventions des députés qui ont appelé le gouvernement à mettre en place une stratégie globale de lutte contre ce phénomène.
Abdelaziz Kotti (Nidaa Tounes) a évoqué la révision du projet de budget de l’Etat 2016, appelant au doublement des salaires des forces porteuses d’armes et à leur garantir une couverture sociale.
Ridah Mouakar (Afek Tounes) a appelé à remplacer, au cours de quelques mois, tous les billets de banque en circulation afin d’intégrer l’argent qui circule hors des circuits légaux dans le système bancaire.
Pour le député Salem Labyath (mouvement Echaab), le budget 2016 n’est pas un budget de guerre et ne prévoit pas la création de centres de recherche sur le terrorisme. Il a, dans le même cadre, rappelé que la Tunisie occupe désormais les premières places en matière de blanchiment d’argent et de trafic de stupéfiants.
Faycal Tebbini (Voix de l’agriculteur) a, pour sa part, appelé le gouvernement à utiliser “l’argent des caisses noires” «pour soutenir les forces porteuses d’armes».
Le député Moez Belhaj Rhouma (Ennahdha) s’est interrogé sur l’approche adoptée par le ministère des Finances lors de l’élaboration du budget de l’Etat 2016 qui n’a pas pris en compte les recommandations élaborées aux niveau local et régional. Il a évoqué les disparités entre les régions côtières et intérieures, soulignant l’absence totale de discrimination positive en faveur des régions défavorisées.
Jilani Hammami (Front populaire) estime que la prévision de croissance économique (2,5%) au cours de l’exercice 2016 reste «irréaliste» et ne prend pas en considération la situation régionale et les problèmes du climat d’affaires en Tunisie. Le gouvernement, précise-t-il, fera face, en 2016, à des conflits sociaux causés par la hausse du chômage (700.000 chômeurs) outre les défis liés à l’amélioration de la situation sécuritaire.
Le député Lotfi Ali (parti Al Moubadara) considère que les défis auxquels le gouvernement est confronté sont les phénomènes de la contrebande et de l’évasion fiscale, soulignant que le projet de la loi des finances au titre de l’exercice 2016 ne comporte pas de mesures propres aux régions intérieures.
La députée Rim Thairi (Courant Al Mahaba) souligne que le projet du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2016 n’incite pas à la création d’emplois, rappelant la proposition de son parti d’octroyer une prime pour la recherche d’emploi.
La députée Hayet El Omri (Ennahdha) relève que le projet demeure en deçà des défis car il se limite à des mesures de lutte contre la contrebande et consacre une politique d’incitation à la consommation sans prendre en compte la production.
Mahmoud Kahri (Union patriotique libre) indique que le projet du budget de l’Etat ne comporte pas des mesures relatives au dossier de l’emploi et ne favorise pas le principe de la discrimination positive dans les régions stipulé dans la Constitution.
Habib Khedher (Ennahdha) souligne que le comportement de quelques ministres ne favorise pas la réussite de l’effort de développement et de l’investissement du fait que certains d’entre eux ne respectent pas l’ARP.
Pour sa part, Adnene Hajji, fait remarquer que quelques ministres du gouvernement de Habib Essid sont incapables de résoudre les problèmes dans les régions, considérant que les mesures prises en matière de lutte contre le terrorisme sont en deçà de l’escompté et le projet de la loi des finances de 2016 a été élaboré au détriment des régions intérieures.