Au Golfe de Tunis (Radès, Ezzahra et Hammam Lif), à Sidi Hassine Essijoumi, à Mdhilla dans la région de Gafsa, dans la Sebkhat Halg El Mengel à Sidi Bouali à Sousse, à Kalaa Sghira où encore aux environs de Oued El Hatab à Kasserine, les catastrophes environnementales, les rejets de déchets et de polluants, le déversement des eaux usées et tout ce qu’ils présentent comme danger sur la santé humaine, se multiplient sans que les pollueurs et les transgresseurs des lois, désormais reconnus, soient sanctionnés.
L’environnement se dégrade encore et encore en Tunisie dans ce contexte d’impunité totale et d’inertie de la part des structures de contrôle, ont constaté les intervenants, présents vendredi, à la conférence organisée par SOS BIAA sur le thème “les enjeux environnementaux en Tunisie : Déchets, eaux usées et rejets atmosphériques”, en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert Stiftung et l’UE.
Les activistes de l’environnement et les associations de la société civile n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme quant aux dangers sur la santé humaine et sur l’environnement des pollutions causées par les eaux usées, le rejet des déchets ou les rejets atmosphériques (cas de la briqueterie Tekaya à Kalaa Sghira), mais “rien n’a été concrètement fait pour dissuader les pollueurs et faire respecter les lois environnementales”, a déclaré à l’agence TAP, Sameh Ben Aziza, membre de l’association “SOS BIAA”.
Les atteintes à l’environnement se poursuivent
“En dépit du nombre important des structures chargées de l’environnement, du nombre des projets en cours de réalisation ou prévus et des financements alloués par les bailleurs de fonds partenaires de la Tunisie, les atteintes à l’environnement se poursuivent”, a-t-elle accusé.
Elle a cité en exemple les risques sur l’environnement et la santé de la population causés par la décharge de Borj Chakir, ajoutant qu’après extension de cette décharge pourtant arrivée à saturation, les nouveaux bassins des lixiviats se trouvent, désormais, à moins de 100 mètres du quartier riverain d’El Attar.
Presque la situation est pareille à la décharge d’Ennkhila à Nabeul. Ben Aziza a déclaré qu’aucune solution n’a été identifiée pour traiter les milliers de mètres cubes de lixiviats qui menacent la vie des citoyens, la nappe phréatique et les terres agricoles.
A Mdhilla au gouvernorat de Gafsa, une vidéo émouvante de 12 minutes de l’Association de sensibilisation, de développement et de l’Environnement à Mdhilla, montre que cette localité est en train d’agoniser, les oliviers asséchés, les habitants atteints de maladies pulmonaires et de cancers à cause du phosphore sorti des cheminées de l’usine de Mdhilla, située entre les montagnes de Shib et le Sahara.
La pollution par les eaux usées a fait des ravages dans la Banlieue Sud de Tunis.
Des solutions dérisoires pour de sérieux problèmes
Un exposé de la Coalition des associations pour la protection du littoral de la Banlieue sud de Tunis a montré qu’au lieu de revenir sur les disfonctionnements et identifier des solutions pour sauver les plages de cette Banlieue, où la baignade est interdite à cause de la pollution, les structures chargées de l’environnement et du contrôle continuent de gaspiller de l’argent pour des actions de nettoyage éphémères.
Ridha Achour, membre de cette coalition des associations de la Banlieue sud a présenté plusieurs rapports qui temoignent de la non conformité aux normes internationales et même tunisiennes des eaux traitées des stations de l’ONAS.
“Les analyses du ministère de la Santé Publique ont montré l’existence de bactéries dans les plages d’Ezzahra et ailleurs”, a-t-il dit, soulignant également l’existence de métaux lourds à cause des rejets des eaux usées industrielles.
Ces problèmes, a-t-il ajouté, devront s’aggraver avec la réalisation des nouveaux projets dont la création d’une nouvelle centrale électrique, l’extension du port de Rades et le projet du Lac sud de Tunis, appelant à la restructuration des départements chargés de l’environnement pour séparer les tâches de contrôle et de gestion et faire participer la société civile à la décision.
Il faut que les lois et les droits des citoyens à un environnement sain, désormais garantis par la nouvelle Constitution soient respectés, ont préconisé, à l’unanimité les intervenants à cette conférence.
Des intervenants ont aussi évoqué la nécessité d’assurer la bonne gouvernance et la transparence de la gestion des fonds alloués par les bailleurs de fonds internationaux, recommandant un meilleur suivi de la réalisation des projets environnementaux.
Les Tunisiens ont aussi besoin, aujourd’hui, d’être informés et d’un diagnostic “réel et sincère” sur l’état de l’environnement, ont laissé entendre des experts et des représentants de la société civile.