L’Assemblée des représentants du peuple (ARP), réunie en plénière, samedi 5 décembre, a adopté à la majorité de 109 députés contre 20 abstentions et une seule objection, le budget du ministère de l’Education pour l’année 2016.
Le budget, tel qu’adopté par les élus du peuple, s’élève à 4,52 milliards de dinars contre 3,99 milliards de dinars en 2015, soit une hausse de 13,2%.
Les interventions des députés ont porté sur nombre de questions, dont la corruption dans le secteur de l’éducation, la réforme éducative, le phénomène du décrochage scolaire, la lutte contre le terrorisme et la suppression du régime d’enseignement par groupes.
Prenant la parole, le député Karim Hellali s’est interrogé sur l’opportunité de la décision de supprimer le régime d’enseignement par groupes ainsi que sur la disposition du ministère, au double plan matériel et humain, à concrétiser une telle mesure.
Le même député s’est interrogé également sur les modalités de mise en oeuvre de l’initiative du ministère de l’Education baptisée “L’Ecole renoue avec ses enfants”, appelant à accorder la priorité au recrutement aux prochains concours du ministère à 900 enseignants suppléants ayant obtenu la moyenne au concours de recrutement des enseignants de l’année 2015.
Evoquant le climat de “tension” entre le ministère et les syndicats de base de l’enseignement, le député Adnène Hajji a affirmé que ce n’est pas «la voie idoine» pour régler les conflits en suspens, soulignant la nécessité de prendre en considération les droits des enseignants.
De son côté, la députée Souad Cheffi a dressé un tableau sombre de l’éducation en Tunisie. Pour elle, le secteur de l’éducation est en “crise” due essentiellement au “désengagement progressif” à l’égard de l’enseignement public, plaidant en faveur d’une réforme du système éducatif. «Nul besoin de recourir à des mesures palliatives arbitraires et intempestives», s’est-elle écriée, citant à ce propos la décision de supprimer la semaine bloquée.
La députée a également fait allusion aux campagnes de diffamation orchestrées contre les enseignants lors de la dernière période. «De telles campagnes ne font qu’altérer l’image de l’enseignant et porteront un rude coup au secteur de l’éducation en Tunisie», a-t-elle regretté, soulignant que les appels à la majoration salariale au profit des enseignants ne sont pas “un voeu pieux” mais plutôt “une revendication légitime” s’inscrivant dans le droit-fil de la réforme du système éducatif et de la préservation de la dignité des enseignants.
Et la député de revenir sur la polémique suscitée par la question de l’absentéisme des enseignants. “Les informations relayées sur un taux élevé d’absentéisme chez les enseignants n’est qu’une contre-vérité et relève de la pure désinformation”, a-t-elle dénoncé.
Une position étayée par le député Ibrahim Saïd qui a appelé à “redorer le statut de l’éducateur”, fustigeant à ce propos les campagnes visant à porter atteinte à son image à travers les médias.
Le dossier de la corruption dans le secteur de l’éducation a également retenu l’attention des élus du peuple. C’est ainsi que nombre de députés ont dénoncé « un manque de transparence et une mauvaise gestion » en matière d’octroi des marchés publics, soulignant l’impératif d’ouvrir une enquête afin d’éclater la vérité, toute la vérité sur ce dossier.
Pour sa part, le député Imed Ouled Jibril s’est félicité de l’initiative du ministère visant à renommer douze écoles du nom des martyrs de la garde présidentielle tombés, vendredi 24 novembre 2015, lors d’un attentat terroriste à l’avenue Mohamed V. «Il s’agit d’une initiative louable qui ne manquera pas de développer le sens patriotique chez les nouvelles générations», a-t-il dit.